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EAN : 9782919066704
232 pages
Editions du Caïman (11/10/2018)
4.85/5   13 notes
Résumé :
Dans ce roman choral, Valérie Allam nous conte l'histoire de quatre femmes. Rien ne devait les faire se rencontrer, et pourtant... Les mauvais tours que sait jouer la vie pour les unes, le déterminisme social, pour les autres vont les conduire à fréquenter les mêmes lieux. Dès lors, leurs destins seront scellés. Entraide et trahisons pour sauver ce qui peut encore l'être deviendra leur quotidien. Le combat de ces femmes est un conte moderne et noir, un constat de ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Loubna, Magali, Johanna, Chloé ...
Des rencontres improbables, le hasard, le destin, rien ne laissait penser que ces quatre femmes croiseraient, un jour, leur route.
Cette route de la vie, encombrée, vicieuse, pleine de surprises, comme les bons et les mauvais jours, il est des moments où certaines portes auraient dû rester fermées, à double tour ...

Voilà un roman qui excelle dans l'art de l'alternance des voix, autant rester concentré pour suivre le parcours d'âmes en perdition, les contes ne sont pas réservés uniquement aux enfants, les adultes cherchent aussi à rêver, à espérer des lendemains meilleurs, un monde merveilleux et plein d'ondes positives, inutile de tourner autour du pot, c'est un roman très dur, souvent irrespirable pour trouver un second souffle, rien n'est épargné au lecteur, la violence sonne comme le glas d'une issue des plus incertaines, dans les coups physiques autant que les désordres psychologiques, le quotidien réserve leur lot de labeur pour survivre, pour donner un sens à sa vie, tant qu'il y a de la vie, tous les espoirs sont permis, roman polyphonique pour une symphonie funeste digne d'un wertern urbain et de toutes les nuances du noir.

Dès les premières lignes, dans la peau des personnages, des héroïnes aux antipodes l'une l'autre, ressentir le poids de la souffrance, d'un passé qui revient toujours au galop, des thématiques pertinentes et percutantes et apportent ce regain constant à la lecture, les blessures béantes sont à vif, la résilience à l'oeuvre pour comprendre et éprouver une empathie croissante, la volonté d'accorder tous les liens dans un combat inégal, dans cette zone urbaine d'un quartier de Paris, comme l'anfractuosité d'un rocher, rien n'est jamais gagné d'avance pour anticiper les sillons des larmes qui peuvent se creuser, inéxorablement, des souvenirs pernicieux aux fractures profondes qui déboussolent, déchirent l'âme, il n'existe pas de mode d'emploi pour tenter de se faire une place dans cette société impitoyable, j'ai pris le temps d'absorber chaque page comme autant d'uppercut, puiser dans ses dernières réserves pour affronter la perfidie et le chaos du destin, quand on croit être arrivé, c'est le début des ennuis ...

La construction originale du roman, reprendre à la volée les derniers mots du paragraphe précédent pour enchaîner avec un autre personnage, le rythme est sous tension permanente, difficile de marquer une pause, histoire de souligner que c'est une lecture qui vous agrippe, en situation de danger et de survie incessante, le temps est l'un des facteurs X pour en appréhender tous les enjeux, l'auteure maîtrise l'art du suspense, presque comme dans un huis-clos, des portes et des fenêtres qui peuvent être perçues comme des métaphores, résister à la tempête du dehors et des menaces invisibles comme visibles, l'ouverture vers d'autres opportunités à saisir ou à éviter, l'importance des choix et leur déterminisme, questionnements sociétaux, un fil suspendu pour relier les points cardinaux, l'histoire est dans la fluidité du mouvement, suivant les points de vue de chaque protagoniste, rupture des vaisseaux de conscience, éphémères absences pour appuyer l'impertinence et le déséquilibre des forces, l'émotion finit par l'emporter , dans le coeur et dans les tripes, à l'image du titre éponyme dont le lecteur cherchera à donner un sens, un cheminement imprévisible pour un roman qui convergera vers des rebondissements fulgurants.

Tous les repères sont désordonnés, la quête d'un bonheur impossible, dans la noirceur des sentiments, dans les affres de la vie abandonnée et des trahisons qui se mettent en travers, la solidarité féminine est une des réflexions majeures de cette histoire contemporaine, des étincelles peuvent donner un semblant d'illusion, comment discerner le vrai du faux, les mensonges et les non-dits, déceler des signes ou des pistes acceptables, trouver sa place est loin d'être une simple sinécure, dans la difficulté et les obstacles qui jalonnent toutes les vicissitudes de la nature humaine, Quatre morts et un papillon se lit comme un conte moderne, à caresser les abîmes des crevasses pour en extirper l'essence de nos âmes les plus bienveillantes, la route est longue avant de décrocher le jackpot, chaque personne est remarquablement abordée, des pans de leur vie d'avant sont distillés, page après page, comme un puzzle, au lecteur de réunir toutes les pièces, de participer en quelque sorte à l'éclosion et à donner au roman cette force émotionnelle qui peut surgir à tout instant, briller comme au firmanent, prendre la tangente avec des risques inhérents à toutes les décisions cruciales.

Rarement, j'ai été aussi ébloui par le jeu réaliste des protagonistes qui évoluent dans une sphère fragilisée, dans les cauchemars ou dans les désirs de tourner le dos au passé avec tous ses relents de décomposition avancée, le portrait saisissant de femmes d'aujourd'hui en lutte contre les autres mais aussi envers elles-mêmes, les fêlures sont particulièrement bien ressenties, l'horreur et la déchéance pour alterner avec des instants fugaces de joie et d'instants salutaires, comme une réverbération d'un rayon de soleil transitoire, des jours et des vies, la plume est d'une acuité palpable, lumineuse, les personnages secondaires ne sont pas en reste pour apporter toutes les implications et pondérations indispensables, une véritable tragédie humaine et dans l'air du temps, la mort danse avec les vivants, la rédemption est-elle possible quand on a touché le fond, quel est le prix de la paix de l'âme meurtrie par la vie ?

Et il faut désormais ajouter Valérie Allam avec Quatre morts et un papillon, une première oeuvre réussie, magistrale en ce sens qu'elle a su m'envoûter par cette plume puissante pour dresser une composition émouvante et saisissante de quatre femmes blessées par la vie, apprendre à se libérer des chaînes du passé pour tracer un autre futur, dans le présent les luttes inégales ne sont pas toujours l'apanage des plus forts, la condition féminine, la survivance, la quête du bonheur et de la liberté, la renaissance métaphorique dans cette volonté commune de balayer les couches sinistres du passé, autant de combats qui ne font que commencer ...

Quatre morts et un papillon de Valérie Allam est un ballet moderne et noir, une très belle découverte !
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Quatre femmes. Loubna, droguée, prostituée dans un bar miteux, trainant sa misère pour un fix, accepte de servir de mule pour un caïd de la région parisienne. Magali, violée et enceinte, décide de garder l'enfant illégitime contre l'avis de tous, surtout de son mari, parce que ça fait des mois qu'elle essaie de mener une grossesse sans y parvenir. Johanna, sauvagement agressée et tailladée, quasiment laissée pour morte dans les souterrains de l'aéroport, le visage balafré à jamais d'une immense plaie qui lui ouvre les deux joues, vire lentement dans la psychose. Et Chloé, épouse délaissée d'un mari alcoolique, mère de deux enfants en bas âge, qui noie son mal-être dans la bouffe . Ces quatre femmes ne se connaissent pas, n'ont a priori aucune raison de se connaître. Sauf que… le destin malin, et tout le talent de l'auteure, va les mettre en relation par des chemins détournés. Toutes ont au moins un point commun: elle cherche le bonheur, ou plutôt un semblant de bonheur, à des degrés divers et selon une définition qui leur est propre: si Loubna voudrait s'en sortir et quitter le monde de la drogue, Magali n'aspire que être une bonne mère pour son enfant, Johanna voudrait pouvoir dormir et Chloé reprendre sa vie en mains pour le bien de ses petits. Avec talent, Valérie Allam leur laisse entrevoir chaque fois un bref aperçu du bout du tunnel, mais ce n'est qu'une illusion. Ces quatre femmes sont des Sisyphe des temps modernes, condamnées à faire rouler la pierre de leur désespoir sur la pente de leur destin.
Difficile de croire, en lisant la page 4 de couverture, qu'il s'agit d'un premier roman, tant le livre de Valérie Allam est puissant de noirceur et de maîtrise. N'y cherchez pas d'enquête policière, ce n'est pas le but. Quatre morts et un papillon n'est qu'un instantané d'une société qui part à la dérive, loin du clinquant et de la beauté. le papillon, vous comprendrez de quoi il s'agit en ouvrant les pages de ce livre. Quant aux quatre morts… S'il y a effectivement des morts violentes, il faut voir au delà, les quatre morts étant aussi celles, figurées ou non, des quatre héroïnes malgré elles de l'histoire déroulée sous nos yeux. Avec, en guise de conclusion, une fin douce-amère, implacable. Moralisateur, culpabilisant ? en aucun cas. On ne peut sans doute pas sauver tout le monde…
Un nouvelle réussite parue aux Editions du Caïman, dont je suis toujours autant accro aux couvertures me rappelant la défunte collection Carré Noir.
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Mon résumé

Elles sont quatre, Magali, Chloé, Johanna et Loubna. Quatre femmes marquées par la vie, marquées par les hommes. Viol pour l'une, violences conjugales pour la seconde, agression pour la troisième et pour la dernière une dépendance à la drogue…
Mais elles sont aussi chacune à un moment décisif, à un tournant de leur vie. Ce moment où l'on touche le fond, et où il n'y a «plus qu'à » donner un coup de pied pour remonter à l'air libre…
Un moment crucial pour se rencontrer et pourquoi pas tenter de s'aider. Une rencontre pour le meilleur ou pour le pire il vous faudra lire pour le savoir…

Mon avis :
Un seul mot me vient en refermant ce livre : WAHOO !!
Et aussi des questions : Mais où, une femme a-t-elle trouvé toutes ces idées ? Comment un membre du sexe féminin, celui qui est réputé doux, maternel, peut-il infliger tout cela à des personnages ?
A chaque page ou presque je me suis dit « non elle ne peut pas faire ça ni ça, ce n'est pas possible ». Mais il suffisait que je tourne lesdites pages pour me rendre compte que « si c'était possible », qu'elle avait osé.
Et pourtant… pourtant on ne peut pas en vouloir à l'auteur. Elle n'est pas cruelle ou particulièrement perverse. Non, elle est juste réaliste. Elle sait ce qu'est la vraie vie. Elle est au plus près de cette réalité que je voudrais ne pas savoir exister.
Car la douceur, la résilience est-ce si courant que cela ? Et quand bien même ce serait courant comment être une femme douce ou résiliente, comment tendre l'autre joue quand on a subi ce qu'ont subi Chloé, Loubna, Magali, ou Johanna ? Comment ne pas perdre pied ? Que faire pour tenter coûte que coûte, avec les moyens de bord de continuer de vivre ? Comment essayer de poser à chaque instant un pied devant l'autre ou même un pied par terre ?
Ce livre interroge aussi : est-il possible de vivre encore (je ne parle même pas de refaire confiance à un autre humain) après avoir traversé de telles épreuves ? En quoi ou en qui croire s'il est possible de croire de nouveau ?

Ces quatre femmes, il m'a été impossible de ne pas m'y attacher. Oui je parle bien d'attachement et pas de pitié. Impossible de ressentir de la pitié pour elles. Elles forcent l'admiration. Les voies empruntées par chacune ne sont pas les plus évidentes, les plus simples. Elles font comme elles peuvent, inventent leurs propres chemins. Et, le lecteur, lui, ne peut qu'assister à cela, les « accompagner » dans leurs errances. Il ne peut qu'être bluffé par une fin … inattendue et imprévisible. Une fin qui ne pouvait pas être autre… même si elle vous prend aux tripes (dans le cas où vous ne l'auriez pas encore été !)
En regardant la couverture et en lisant le résumé je m'attendais à un policier un peu classique…
En le refermant je peux vous dire qu'il va me hanter longtemps, que ces quatre femmes ne vont pas s'effacer comme cela de ma mémoire de lectrice…
J'ai oublié de parler de l'écriture de l'auteur… bluffante elle aussi car elle a le don de dire l'évidence sans que celle -ci ne paraisse évidente. le don de mettre les mots sur les émotions, les faits …

Bon je vous laisse maintenant foncer chez votre libraire pour l'acheter !! Un grand merci aux éditions du Caïman pour cette découverte !!!
Lien : https://lireetrelire.blogspo..
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Valérie Allam nous raconte le destin à la fois fragile et tragique de 4 femmes.
Loubna se prostitue et se drogue mais ça ne devient pas suffisant. Elle va devoir trafiquer pour se payer ses doses.
Chloé, 2 enfants, est marié à Fred. Ce dernier boit beaucoup depuis son licenciement et en devient violent envers Chloé. La violence de trop et elle le quitte avec leurs 2 enfants.
Magali est enceinte de son violeur. Elle l annonce à son compagnon et ce dernier lui ordonne d'avorter. Elle refuse et il la quitte.
Johanna, défigurée suite à une violente agression souffre du syndrome de stress post traumatique. Elle vit recluse chez elle, n'a plus de sommeil ni d'appétit. Elle met tout en place pour se protéger, des verrous à la porte blindée jusqu'à l'achat d'armes...

C'est un roman dont la tension est palpable dès le début et elle ne m'a pas quitté tout au long de ma lecture. J'en ai même ressenti les sensations physiques lors des 40 dernières pages. Ce qui est difficile avec ce genre de roman est de trouver des petites touches de lumière. L'autrice nous en distille de temps en temps mais la tension est telle que l'on se doute que ça ne durera pas.
Et pourtant malgré tout cette noirceur, ça fonctionne très bien. C'est un roman très noir, sombre et haletant que j'ai adoré de bout en bout.
Il y a aussi toute une symbolique autour du papillon qui est un fil conducteur de ce roman.
Il y est aussi beaucoup question de liberté. de libertés d'actes car ces femmes fortes et attachantes vont vouloir s'affranchir de situations qu'elles n'ont pas choisi. Mais également de libertés de choix car quelque soit les choix qu'elles feront et même si elles pensent qu'ils sont bons pour elles, ces choix auront des répercussions sur elles mais également sur leur entourage.

Bref, c'est un très bon roman noir !
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Ce roman est pour moi l'archétype du roman noir, sans enquête policière, avec des personnages victimes de situations dramatiques, en quête d'un avenir moins sombre ou essayant de revivre après un traumatisme.
En l'occurrence quatre femmes que rien ne relie au départ. Loubna, Magali, Johanna et Chloé.
Malmenées par la vie, leurs chemins se croisent chez le psy pour deux d'entre elles, chez l'assistante sociale pour les deux autres, le hasard faisant le reste.
De courts paragraphes dans chaque chapitre nous font passer de l'une à l'autre dans un tourbillon d'événements, auxquels, elles et leur entourage se trouvent confrontés, ne laissant que peu de répit au lecteur.
L'auteure alterne de façon diabolique les moments d'espoir et les moments tragiques, maintenant la tension à son plus haut niveau dans un récit impossible à lâcher.
La grande force de Valérie ALLAM c'est indéniablement son écriture. Elle compense la dureté des situations par d'émouvants passages oniriques, mariant la légèreté d'un vol de papillon à une poésie d'une grande tristesse mais d'une beauté à couper le souffle.
J'avoue mon immense admiration pour l'auteure et mon énorme coup de cœur pour ce véritable bijou, d'une implacable noirceur, illuminé par des mots d'une puissance émotionnelle d'une rare intensité.
Merci Valérie ALLAM.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ce monde est trop loin d'elle désormais. Et s'éloigne encore. Elle se rappelle l'aiguille qui s'enfonce dans le bleu de sa veine, mais le flash ne vient pas. Juste la douleur terrible et le sang partout. Tellement de sang. Omar s'est retourné, s'est jeté sur elle. Il crie à nouveau, mais c'est comme si aucun son ne sortait de sa bouche. C'est alors seulement que Loulou réalise qu'il y a eu un autre tir et un autre encore. Deux, trois, quatre déflagrations. Elle perd le compte
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C'était pourtant bien, ce moment-là, où chacun faisait semblant d'y croire. La détonation a tout gâché. Le bruit énorme d'un coup de feu qui a déchiré le coton dans les oreilles de Loubna et vibre, n'en finit plus de résonner. Omar a crié quelque chose qu'elle n'a pas compris.
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