Miran s'en va. Pour survivre, il fuit la guerre, la violence et la misère de son pays. A tout juste 15 ans, son père est mort, ses frères sont morts. Après lui avoir rasé le crâne et décrété que désormais il est un homme et qu'il doit oublier qui il est et tous les siens, sa mère le pousse vers un au-delà où peut-être une meilleure vie l'attend. Direction l'Europe, Paris. Mais pour arriver à sa destination, il doit entreprendre un très long voyage plein de dangers, où la mort rôde à chaque instant.
Roman sur l'exil, la solidarité, la guerre, le courage, la violence des hommes, les racines familiales…, «
A(ni)mal » nous plonge au coeur du périple que connaissent des milliers de réfugiés. Ceux qui fuient la guerre ou la misère de leur pays, ceux qui n'ont pas d'autre choix que de tout abandonner s'ils veulent vivre ou offrir une meilleure existence à leur famille. C'est à travers le personnage du jeune Miran que
Cécile Alix nous fait vivre cette aventure in/humaine. Savamment agencé en trois parties, nous suivons ce périple de tous les dangers où Miran va découvrir toute la sauvagerie et la bestialité qui résident en l'homme, ces instants où lui, Miran, soumis à la loi du plus fort, ne ressemble plus qu'à un
animal tenaillé par la terreur, la chaleur, le froid, la faim, la soif. Cette fuite terrible est une lutte de chaque instant où l'espoir et le désespoir se bousculent l'un l'autre.
Miran sera agressé, rejeté, humilié, frappé. Mais il sera aussi accueilli, secouru, sauvé. Ses chers morts l'accompagnent également, lui insufflant courage et amour dans les moments difficiles. Car ce récit, s'il se veut très réaliste sur les conditions des réfugiés qui fuient leur pays, apporte également une note d'espoir. Au gré de ses rencontres, Miran va faire l'expérience de ce que sont la solidarité et l'empathie. Les rencontres de Miran sont très belles et ce sont elles qui l'aident à avancer. Alors forcément, tous ces gens qui viennent en aide à Miran, cela paraît trop beau pour être vrai. Mais la littérature est également là pour nous faire rêver, alors tant pis, on veut y croire.
Dans ce roman coup de poing et bouleversant,
Cécile Alix nous propose une histoire très dure, ne cachant rien des horreurs subies par les migrants mais également pleine de poésie et de tendresse. Ses mots sont très beaux, délicats, profondément émouvants malgré la difficulté du sujet et le lecteur ne peut être que touché en plein coeur. Coup de coeur pour Miran, un personnage qui nous touche, nous inspire courage et respect, et nous ouvre les yeux sur une actualité brûlante.
«
A(ni)mal est de ces romans nécessaires qu'on garde longtemps en mémoire et dont le titre prend tout son sens à la toute dernière page. Pépite.