AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Polars_urbains


La guerre des Anges est un très grand roman, et peut-être aussi un polar, une fresque politique, sociale et humaine entre Rio de Janeiro et Luanda, Lisbonne et l'Europe centrale. Alors que les favelas de Rio et particulièrement le morro da barriga, s'embrasent et que les délaissés et les déclassés qui les peuplent ont pris les armes sous les ordres d'un trafiquant de drogue charismatique, des personnages aussi divers que hauts en couleur se croisent et se côtoient : des vétérans de la révolution angolaise, un journaliste de petite taille, une artiste de la bourgeoisie passée à la révolution, un rappeur rendu fou par la drogue... Au centre de ces destins, le colonel Francisco Palmares, passé de la guérilla au trafic d'armes, combattant de toutes les batailles, surtout de celles « qu'il vaut mieux perdre ».

Inspiré de la première grande révolte d'esclaves noirs dans la région du Nordeste à la fin du dix-septième siècle, dirigée par un lointain descendant du Roi du Congo, Zumbi (le titre original du roman, O Ano em que Zumbi Tomou o Rio, littéralement « L'année où Zumbi prit la ville de Rio » y fait référence), La guerre des anges est un récit baroque qui laisse libre place à l'exagération, à la surcharge émotionnelle, à la tension et à l'exubérance des sentiments ; un roman foisonnant à la structure rigoureuse dans lequel chaque chapitre est présenté à la manière de l'acte d'une pièce de théâtre. Au rythme des raps de Jacaré et des réparties d'Ernesto, le chauffeur de taxi, il évoque la révolte - Agualusa rapproche celle des morros de la lutte des communistes angolais contre le colonisateur portugais -, les relations sociales dans une ville à la population divisée où les favelas, rebaptisés communidades, commencent à deux pas des quartiers chics et les relations raciales : « Certains d'entre nous se sont découverts noirs parce que on ne les a pas laissés être brésiliens».

Balançant entre un pessimisme radical - « A chaque instant de l'histoire révolutionnaire, les peuples se trouvent bernés et les idéaux balayés ». - et un relatif optimisme - « Il n'y a pas de fins heureuses, mais il y a des fins qui annoncent des temps meilleurs. » conclut un des protagonistes -, La guerre des anges rend hommage aux luttes sociales et politiques, au Brésil comme en Angola, qui laissent entrevoir la possibilité de sociétés futures meilleures. Soit une « espérance désillusionnée » pour reprendre le titre de l'article d'Ann Begenat-Neuschaefer paru en 2017 dans Etudes littéraires africaines.

Lien : http://www.polars-africains...
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}