C'est au coeur des paroles d'« Exister » d'
Alain Chamfort qu'
Olivier Adam a trouvé le titre de ce roman : « Exister quel sport de rue / Sûr c'est pas du badminton / Exister si j'avais su / Aurais-je décliné la donne ». Et pour ça, il avait déjà gagné mon coeur, ce livre, car pour l'auteur, c'était fait depuis longtemps.
Comme le présente le résumé en 4ème de couverture, le personnage principal, Paul Lerner, écrivain hypersensible et passablement misanthrope, ressemble assez à
Olivier Adam :
"Après une parenthèse parisienne qui n'a pas tenu ses promesses, Paul Lerner, dont les derniers livres se sont peu vendus, revient piteusement en Bretagne où il accepte un poste de journaliste pour l'hebdomadaire local. Mais les ennuis ne tardent pas à le rattraper. Tandis que ce littoral qu'il croyait bien connaître se révèle moins paisible qu'il n'en a l'air, Paul voit sa vie conjugale et familiale brutalement mise à l'épreuve. Il était pourtant prévenu: un jour ou l'autre on doit négocier avec la loi de l'emmerdement maximum. Reste à disputer la partie le plus élégamment possible."
J'ai aimé ce Paul Lerner, cabossé, avec ses interrogations sur la vie, sur son rôle de père et celui d'époux, mais aussi avec ses ambiguïtés.
Lors d'une interview à laquelle j'ai assisté au théâtre de Namur,
Laurent Gaudé a dit que, selon lui, on aime un écrivain car il nous ressemble, sur certains points en tout cas. Et c'est tout à fait ce que j'ai ressenti en lisant certains passages de ce roman d'
Olivier Adam.
J'ai adoré la tendresse, le mordant, la tristesse, l'humour, la lucidité et l'auto-dérision qui transpirent de chacune de ces pages.
J'ai aimé deviner Olivier derrière Paul, j'ai aimé ce portrait d'un homme désabusé.
J'ai aimé lire cette chronique à la fois sociale et familiale, aux réflexions joliment menées - sur des sujets tels que le déclin de l'édition, la question de la violence conjugale, ou des migrants - plus qu'une intrigue à proprement parler ; même si le récit s'emballe à un moment donné et prend des allures de thriller.
J'ai surtout aimé la plume d'
Olivier Adam, comme toujours, ses phrases renversantes, distillées avec justesse et réalisme.
Bref, même s'il comporte quelques longueurs et répétitions, j'ai vraiment apprécié ce roman.