Editions iXe [corriger]

Evoquant à travers les quarante dernières années de l'histoire iranienne les éternelles oppositions entre groupes sociaux de sexe, les femmes priées de ne pas déranger les "révolutions" des hommes avec leurs questions de femmes, d'égalité, leurs revendications toujours subsidiaires aux intérêts des hommes, leurs "révolutions" à eux devant par miracle résoudre toutes les questions sociales, Chahla Chafiq rappelle à travers la pensée de Simone de Beauvoir qui infuse en Iran, que le système patriarcal est universel, et que donc les revendications des femmes à l'égalité et à l'autonomie le sont aussi. Cet ouvrage rafraichissant sur les traces très actuelles de Simone de Beauvoir dans la perception des iranien-nes est un plaidoyer pour l'universalisme dans une époque relativiste culturelle ou l'intersectionnalité est érigée en outil politique (alors qu'elle n'a de valeur que sociologique), tentée par l'obscurantisme. Simone de Beauvoir, femme sujet par excellence, revendique pour les femmes la transcendance, le statut de sujet agissant sur le monde, sorti de l'immanence où tentent de l'enfermer les religions obscurantistes et leur étouffant système patriarcal. La revendication à la liberté et l'autonomie n'est ni occidentale ni orientale, elle est universelle.

Mon essai historique du mois est tout petit (10x13 cm exactement) mais non moins costaud. Eliane Viennot y revient sur les origines de l’imposture qui consiste à prétendre que le mot « homme » (avec ou sans majuscule) engloberait aussi les femmes.

Ainsi quand on parle de l’homme préhistorique, des droits de l’Homme ou encore des sciences de l’homme, il faudrait entendre « de l’homme et de la femme ».

Sauf que, sauf que… cet usage soi-disant neutre n’est attesté nulle part avant la fin du XXe siècle. L’attachement à la liberté et à l’égalité qu’il incarnerait depuis la Révolution Française masque le fait que la période en question a très clairement mis les femmes sur la touche. Et tandis que la plupart des pays de langue romane ont adopté l’expression « droits humains », depuis les années 1950 la France stagne, voire rétropédale.



Un ouvrage percutant et informé, qui vous mettra en rogne (et il y a de quoi). Vous ne prononcerez plus jamais le mot « homme » à la légère.

J'étais très heureuse de recevoir ce nouvel écrit de Majé, au titre aussi désarçonnant que prometteur ! Mais j'avais aussi un petit peur de me lancer dans sa lecture, peur d'être bousculée dans mes certitudes ou de voir ma conception du sujet frontalement remise en question.



Et pas du tout !



J'ai beaucoup aimé la démarche, partant de l'expérience et l'observation personnelles de Majé, décortiquées minutieusement et étayées par des informations factuelles voire scientifiques. C'est précieux !

Oui, le propos est politique, et on s'en sent proche ou moins, mais la réflexion menée autour de l'amour en tant que relation est passionnante (on ne parle pas ici du sentiment, qui peut d'ailleurs prendre plusieurs formes), et on apprend beaucoup.

Cette relation amoureuse est observée à la loupe et les multiples composantes de son mécanisme sont disséquées pour choisir de n'en conserver qu'une partie, joyeuse, désintéressée, où l'on ne (se) fait pas mal.



Moi qui ai toujours été une grande amoureuse, une amoureuse de l'amour, de ce qu'il transcende chez moi et de la façon dont j'en suis toujours grandie, je ne suis pas sortie complètement changée de cette lecture. Probablement parce que j'ai eu beaucoup de chance dans mon vécu, ce qui ne m'a pas empêché de saisir et de partager les constats avancés et les conclusions qui en découlent.



Mais. Je crois qu'il est indispensable de questionner. Tout. Tout le temps. Et lorsque ce sont des personnes sincères, fiables, sérieuses et engagées qui mènent ces réflexions avec et pour nous, cela a encore plus de valeur ❤



Un merci immense aux @editions_ixe pour la parution d'un tel texte et à l'irremplaçable Françoise de @carouzel_rp pour son envoi.



   《La phrase à retenir》

"Nos émotions nous apprennent des choses sur nous-mêmes, ce ne sont pas elles qui doivent être "mises au travail" et renommées sous des étiquettes qui les nient, mais les situations qui les suscitent et qui, justement, peuvent être tirées au clair grâce à elles."