AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Fernand Hazan [corriger]

Filiale d`Hachette, la maison d`éditions Hazan spécialisée dans le livre d`art, a été fondée en 1946 par Fernand Hazan. Fernand Hazan est libraire au Caire, il émigre à Paris en 1927 et fonde les Éditions de Cluny en 1930 en 1946 il crée Fernand Hazan éditeur. En 1992, son fils Éric Hazan cédera les éditions Hazan à Hachette.

Livres populaires voir plus


Dernières parutions


Collections de Fernand Hazan



Dernières critiques
Les Impressionnistes en privé. Cent chefs-d'o..

Hazan avec le musée Marmottan Monet ont publié en 2014 ce beau livre d'art contenant 100 oeuvres de collections particulières. On y trouve des merveilles telles que : Un bar aux folies bergères de Manet; la petite danseuse de 14 ans de Degas; Bord des falaises à Pourville de Monet et autres oeuvres de Caillebotte, Jongkind, etc. Sisley et Berthe Morisot étant mes préférés.
Commenter  J’apprécie          10
Kandinsky

Voilà une lecture qui a été longue, accompagnée de plusieurs détours !

J'aime les premières abstractions de Kandinsky. Elles débordent d'émotions et font l'objet de plusieurs puzzles dont mes armoires sont pleines.

J'aime particulièrement les oeuvres plus ou moins figuratives de Kandinsky. Je les ai découvertes grâce à cet album, qui part de la jeunesse du peintre jusqu'à ses dernières créations.

Malheureusement, je n'ai vu que très peu de tableaux de Kandinsky pour de vrai, dans les musées, et c'étaient uniquement ses abstractions tardives, dans la pénombre et derrière un verre de protection qui réduit l'effet de l'oeuvre. Il a donc évolué vers un style de plus en plus froid, désincarné, peut-être angélique, mais trop hermétique pour moi.

Cependant ma perception me semblait ratée : je ne suis pas parvenue à m'envoler, comme je pouvais l'espérer, face à ses toiles, alors que son art, délicat, raffiné et pointu, est universellement reconnu… Je rencontrais dans ses tableaux la réserve absolue, le contraire de l'exubérance. Aussi, c'est la raison pour laquelle je lis ce livre, recueilli dans la rue : j'espère m'ouvrir les yeux au Beau intérieur de Kandinsky.



Ramon Tio Bellido réussit sa tâche de suivre à la trace l'évolution du style de Kandinsky : comment ses formes du réel progressivement deviennent d'abord plus évasives puis géométriques. J'ai relevé et posté beaucoup de longues citations avec les descriptions d'ouvres, dont celle-ci, très parlante et précise sur la gradation entre les trois « modes » de Kandinsky :

« Les « impressions » sont encore à rattacher à un choc émotionnel ressenti face au spectacle de la nature, les « improvisations » sont l'expression de la nature intime, inconsciente ; les « compositions » sont des essais de synthèse totalement délivrés de toute contingence extérieure, où la peinture relève de l'ascèse, l'artiste ne percevant plus que cette « nécessité intérieure » qu'il ne parvient cependant à traduire qu'au terme d'une longue élaboration, faite de « claire conscience d'intentionnel, d'adaptation à la réalité », pour en arriver à un résultat plastique qu'il compare à une « polyphonie ». »

Donc, comme la poésie, la peinture au XX siècle tend, plus que jamais, à devenir Musique chez les abstraits. Voilà le cheminement du figuratif à l'abstrait, des objets et des sujets à leur idée géométrique. Chacun de vous jugera pour soi-même : est-ce une réduction, un appauvrissement, ou une libération inouïe ? Pour moi, si l'émotion passe, si la flamme, la joie persistent malgré la nouvelle technique, c'est que c'est gagné. Si, à l'opposé, il faut une solide couche de réflexion pour comprendre et apprécier l'oeuvre, alors la démarche de l'artiste me semble douteuse.

En même temps, plus l'oeuvre est immatérielle et abstraite, plus on a envie de s'accrocher à la texture pour l'interpréter, comme un aveugle recourt au toucher.

Cependant, l'inconvénient des reproductions dans les albums, c'est qu'on ne peut pas apprécier la texture, sans mentionner le fait que les couleurs y sont mortes. Les images sont en deux dimensions, ce qui n'est pas le cas d'un vrai tableau. La peinture sur la toile, en saillie, comme un jardin vertical, lui confère un relief qui joue un rôle dans la perception. Pour Kandinsky, la texture doit être une dimension aussi cruciale que l'organisation du tableau lui-même. La manière de poser la peinture, en couches, fait naître aussi bien une sculpture qu'une toile (si on parle d'une plastique où l'on opère par rajouts de matériau, et non celle où l'on en retranche, à partir d'un bloc de roche ou de bois…). Cette idée de pétrir, de la terre glaise, de l'argile, de la peinture à l'huile, l'idée de malaxer, de modeler, il y a quelque chose de sensuel et de gourmand là-dedans, donc quelque chose de concret et pas totalement abstrait ! Bonne ou mauvaise, c'est ma piste.



Un après-midi, une de mes élèves de piano, d'une dizaine d'années, ne voulait pas jouer, mais elle s'est intéressée à cet album de Kandinsky qui m'attendait sur un siège. Elle ne connaissait pas Kandinsky. Nous avons feuilleté ensemble les reproductions. Je n'ai pas manqué de m'exclamer : « Ça, ça me plaît et ça, pas du tout !

— Au contraire, c'est très beau ! », répond-elle.

Ce qui me plaisait, c'était Improvisation XIV - "En ramant", 1912, et ce qui ne me plaisait pas, c'était Entassement réglé, 1938.

Comme la vérité sort de la bouche des enfants, j'ai dit :

« D'accord, c'est beau, mais pour une robe : j'aimerais avoir ces dessins sur une robe ! »

Nous avons fini par reprendre le piano, ayant découvert des affinités supplémentaires entre nous.

Pour moi, un vêtement, il suffit qu'il égaye, qu'il soit rigolo, qu'il intrigue, alors qu'une oeuvre de peinture doit aller plus loin, être transcendante… Puis, ce que j'ai exprimé spontanément m'a fait réaliser une petite recherche concernant l'influence de l'art abstrait sur les grands couturiers. J'ai pensé à Sonia Delaunay, à ses tissus et toute sa contribution au design et à la mode. J'ai appris que Sonia Rykiel s'est racontée aussi en dessins (son exposition à la galerie Catherine Houard). J'ai découvert une démarche commune, une interpénétration. C'était une exploration passionnante ! Ensuite, j'ai replongé dans l'album de Ramon Tio Bellido avec plus de fougue et je l'ai bien apprécié. Ce livre m'a rendu Kandinsky plus intime.

Alors que débute la période des vacances, j'aspire à un bain de jouvence dans les musées à la découverte d'un autre Kandinsky, par ses textures !

Commenter  J’apprécie          6911
Venise des peintres et des écrivains

❝Venise, voilà son secret, est un amplificateur. Si vous êtes heureux, vous le serez dix fois plus, malheureux, cent fois davantage. Tout dépend de votre disposition intérieure et de votre rapport à l'amour.❞

— Philippe Sollers, Dictionnaire amoureux de Venise



La couverture au cartonnage épais d’un rouge lumineux, ses lettres dorées et son médaillon central, est un écrin superbe et l’intérieur, avec ses lourdes pages de papier glacé, un voyage merveilleux vers la Sérénissime. Vous allez dire que l’idée de faire dialoguer textes et toiles n’est pas neuve. Certes. Mais rarement dans des livres aussi beaux et abordables (moins de 30 €) que ceux des éditions Hazan, auxquels il m’est difficile de résister.



Au hasard des pages, on rencontre des écrivains tombés sous le charme de la ville, et des peintres qui y ont vécu et dont les tableaux l’ont immortalisée et magnifiée. Lord Byron ; Goethe et son Voyage en Italie ; Marcel Proust et Albertine disparue ; William Shakespeare et son Marchand ; Philippe Sollers, sa Fête et son Dictionnaire amoureux ; Thomas Mann et la Mort ; Henry James et les Papiers d’Aspern ; George Sand et ses Lettres d’un voyageur ; Goldoni ; Taine ; Ruskin ; Larbaud, etc. en dialogue avec les tableaux des incontournables Turner et Canaletto, mais aussi Tiepolo ; Véronèse ; John Singer Sargent ; Bernardo Bellotto ; Luca Carlevarijs ; Monet ; Renoir ; Bolington, etc. Il est impossible et non souhaitable d’en donner ici la liste exhaustive — à la fin du livre, se trouvent la biographie ainsi que les cartels des oeuvres.



La sélection est toute subjective — la meilleure qui soit donc —, qui va du XVIe siècle à nos jours. Le choix des textes et des oeuvres est un bonheur pur pour évoquer la ville et son atmosphère. Les mariages ne sont pas faits de hasard, ils ont été pensés pour que le texte par surimpression enrichisse l’image, et inversement. Une promenade inspirée, renouvelée (oui, c’est encore possible) dans une ville-légende — appellation que je préfère à ville-musée — telle que promise par Adrien Goetz dans la préface.



Le livre est découpé en cinq parties —Venise sérénissime ; Splendeurs vénitiennes ; Venise romantique ; Venise nocturne ; Venise instantanée – introduites par un texte court, mais essentiel, d’Adrien Goetz, de l'Académie des beaux-arts, docteur en histoire de l'art et Maître de conférence à la Sorbonne, que beaucoup de lecteurs connaissent grâce à la série de ses Intrigues à publiée chez Grasset et au Livre de poche, où l’on prend plaisir à courir après Pénélope et Wandrille de Venise à Giverny, de Versailles à Brégançon, de Bayeux en Égypte.

Chacune des parties raconte une Venise. La focale s’agrandit quand, prises toutes les cinq, elles offrent une vue d’ensemble de la ville dans le temps et l’espace, entre terre et mer, de sa lagune et de ses îles, sans épuiser un sujet par définition inépuisable puisqu’il se nourrit sans cesse d’imaginaire.



Une manière originale et la plus belle des façons de (re)découvrir une ville dont le nom seul fait rêver.



Voici ce que Guy de Maupassant écrit à Venise, le 8 mai 1885 :



❝Venise ! Est-il ville qui ait été plus admirée, plus célébrée, plus chantée par les poètes, plus désirée par les amoureux, plus visitée et plus illustre ?

Venise ! Est-il un nom dans les langues humaines qui ait fait rêver plus que celui-là ?

Il est joli d’ailleurs, sonore et doux ;

il évoque d’un seul coup dans l’esprit un éclatant défilé de souvenirs magnifiques et tout un horizon de songes enchanteurs.

Venise ! Ce seul mot semble faire éclater dans l’âme une exaltation, il excite tout ce qu’il y a de poétique en nous, il provoque toutes nos facultés d’admiration Et quand nous arrivons dans cette ville singulière, nous la contemplons infailliblement avec les yeux prévenus et ravis, nous la regardons avec nos rêves.

Aucun coin de la terre n’a donné lieu, plus que Venise, à cette conspiration de l’enthousiasme.❞



Cette conspiration de l’enthousiasme…
Lien : https://www.calliope-petrich..
Commenter  J’apprécie          10

{* *}