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Mémoires du Comte de Comminge

On peut trouver les prémices du roman gothique dans la première moitié du dix-huitième siècle, plus précisément à Paris chez Mme de Tencin (1682-1749) dans le court roman que voici.



Mère de Jean d'Alembert et célèbre salonnière comme Claire de Duras après elle, elle n'avait pas vraiment une vocation d'auteur. Après vingt-deux ans passés au couvent contre son gré, elle s'était installée à Paris depuis 1711 où elle ouvrait un salon tout d'abord consacré à la politique et aux finances, et plus tard à la littérature, fréquenté par Marivaux, l'abbé Prévost, Montesquieu, etc.



Dans 'Les mémoires du comte de Comminge', nouvelle écrite dans la belle langue pure et soutenue du dix-huitième siècle, nous trouvons déjà toute cette exaltation de l'époque romantique d'un amour obsessionnel que deux amants se vouent et qui traversent la terre aride semée de toutes sortes d'obstacles sans que leur passion ne s'éteigne. Éloignements, humiliations, enfermement dans une tour, ensevelissement chez les Trappistes, rien n'y fait, Adélaïde et le comte de Comminge n'arrêteront jamais de s'aimer. Adélaïde ira même jusqu'à se déguiser en homme afin de rejoindre le comte de Comminge qui, la croyant morte, s'était réfugié au Monastère de la Trappe.



Le succès de cette nouvelle était tel que Baculard d'Arnaud (1718-1805) en avait fait un drame qui avait connu également un grand succès, ensuite les peintres romantiques se sont accaparés du thème.



Précurseur des romantiques et le goût pour le noir et le lugubre, Baculard d'Arnaud avait déjà écrit dans sa préface au drame du Comte de Comminge combien le pathétique et le suspense ont un pouvoir indéniable sur les hommes.
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Cleveland

L’abbé Prévost (dit d’Exiles) est actuellement pour ainsi dire exclusivement connu en tant qu’auteur de L’histoire de chevalier des Grieux et de Manon Lescaut. Il a pourtant écrit énormément, en particulier un certain nombre de romans que l’on range dans la catégorie de romans mémoires, censés raconter à la première personne le vécu du personnage principal, apportant de cette manière une sensation de sincérité et véridicité au lecteur. Cleveland ou Le philosophe anglais appartient à cette catégorie. Un sous titre donne à Cleveland le titre de « fils naturel de Cromwell » ancrant le roman encore davantage dans l’histoire de son temps.



Le roman, très long (2400 pages environ dans l’édition original) a connu une longue gestation. Les sept premiers tomes paraissent en 1731 et 1732, puis Prévost est occupé par d’autres œuvres (dont Manon Lescaut) et laisse pendant plusieurs années Cleveland. Un éditeur désireux de tirer profit du succès du roman va même commanditer une suite à un autre écrivain. Mais Prévost se remet à son texte, et la fin de roman paraît en 1738. Le livre a eu un grand succès, et des lecteurs célèbres : Rousseau confesse d’avoir beaucoup pleuré à sa lecture. En effet, le roman joue énormément sur le registre du pathétique, très apprécié à l’époque de sa parution. L’auteur affiche clairement cette orientation, parle de « progrès sans fin de l’infortune ». C’est un roman d’une destinée malheureuse, qui cherche à émouvoir le lecteur.



Il est très difficile de donner un résumé de ce texte, très long, qui renoue en quelque sorte avec la tradition du roman baroque, sans trame narrative claire, qui se perd dans des récits concernant des personnages secondaires, et qui ne recherche pas la vraisemblance. Le personnage principal est comme l’indique le sous-titre un fils naturel de Cromwell, dépeint comme une sorte de mal absolu. Et il persécute et cherche à se débarrasser de ce fils encombrant, dont l’existence, si elle était révélée risquerait de nuire à sa réputation et miner sa crédibilité. Cleveland va d’ailleurs dans ses pérégrinations rencontrer un autre fils naturel de son père, Bridge, qui aura eu la même expérience cruelle de leur père. Pour échapper à Cromwell, la mère de Cleveland se réfugie avec son fils dans une grotte, dans laquelle elle va l’éduquer en philosophe, lui enseignant des préceptes et maximes tirées de livres, dans une coupure radicale avec le monde et les hommes. Cleveland va rencontrer toutefois dans cette caverne une autre famille, celle de lord Axminster, lui aussi en butte aux persécutions de Cromwell. Cleveland va tomber amoureux de Fanny, sa fille, et tout ce petit monde (la mère de Cleveland est décédée) va quitter la caverne pour se mettre au service du roi Charles II en exil en France. Les choses paraissent s’arranger, lord Axminster est d’accord pour le mariage entre Cleveland et sa fille, le roi paraît le favoriser, mais le destin hostile prend le visage du grand-père maternel du jeune homme, qui voudrait lui faire épouser une autre femme, et fait croire à la famille Axminster que c’est le désir de Cleveland. Le lord et sa fille partent en Amérique, pour tenter d’apporter du soutien au roi. Cleveland va se lancer à leur poursuite, et après bien des vicissitudes les retrouver, et épouser Fanny. Toutefois, ils perdent la trace du lord Axminster, et Fanny est dévorée par la jalousie pour Madame Lallin, la femme que le grand-père de Cleveland voulait lui faire épouser. La fille première née du couple est prise et amenée par des Indiens, ses parents la croient morte, et les retrouvailles avec le lord se terminent par sa mort. Ce qui reste de l’expédition se retrouve à la Havane, mais Fanny de plus en plus certaine de la trahison de Cleveland, fuit, trompée et poussée par un certain Gelin, un ami du demi-frère de Cleveland, qui est amoureux d’elle. Cleveland rentre en France avec ses deux fils, il est dévoré par le chagrin et n’échappe que de peu à un suicide. Il retrouve goût à la vie grâce à l’amour d’une jeune fille, Cécile. Pour pouvoir l’épouser, il envisage de divorcer avec Fanny, réfugiée dans un couvent. Elle consent, mais des révélations inattendues vont se faire jour : Fanny a toujours été fidèle à Cleveland, et Cécile est leur fille, qu’ils croyaient morte. La famille va pouvoir se reconstituer, mais les jours heureux n’arrivent toujours pas. Malgré une aisance matérielle, Cleveland ne trouve pas le bonheur et se coupe de plus en plus de ses proches. Fanny se convertit au catholicisme, Cécile meurt de consomption. Cleveland balance lui-aussi à chercher la paix dans la religion.



Au-delà de cette trame très romanesque et pathétique, le roman traite de la question de la philosophie, comme le titre le suggère d’amblé. Cleveland est élevé par sa mère dans des principes philosophiques. Ces principes, plutôt qu’une doctrine, sont plutôt un art de vivre, un idéal de sagesse vécue. Mais cette philosophie montre ses limites : même si extérieurement Cleveland a des comportements dignes et respectables, intérieurement sa philosophie ne lui permet pas de surmonter les épreuves qu’il traverse. Une approche rationaliste de la maîtrise des passions ne lui permet pas de trouver le bonheur. Cleveland se montrer aveugle aux souffrances et sentiments des gens qui lui sont les plus proches, les rend malheureux, et ils s’éloignent de lui, bien qu’il ait l’impression d’adopter les attitudes et comportements les plus raisonnables.



De la même manière les tentatives utopiques expérimentées dans les territoires lointains tournent au désastre. La société bâtie par les protestants français en fuite tourne au cauchemar. L’idée d’une société fondée sur des principes justes et droits qui permettraient de vivre d’une manière meilleure sont un échec. Prétendre gouverner les être humains réels par des théories, des principes abstraits, ne fonctionne pas. Le fait d’ignorer les aspirations individuelles, par exemple le désir amoureux, abouti à la violence et fait voler en éclat la société prétendument idéale.



Dans les deux cas, le primat donné à la raison mène à l’échec : l’homme ne peut faire abstraction de ses sentiments et désirs, tout un pan irrationnel de son être ne peut être ignoré.



C’est une lecture au long cours, qui malgré des aspects datés reste assez prenante, Prévost maintient habillement le suspens, est un conteur d’une grande efficacité, au point de faire accepter des invraisemblances et quelques longueurs. A découvrir par les lecteurs intéressés par la littérature du XVIIIe siècle.

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Dialogues de M. le baron de Lahontan et d'u..

Comment ne pas être du côté d Adario lui qui n’a pas été réformé dans son entièreté par la société occidentale capitaliste… il est tellement basé malheureusement trois siècles plus tard nous sommes encore plus malheureux qu’au 18e siècle dans une société capitaliste gouvernée par l’argent… comment te récupérer Adario ,comment..
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