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Des Falaises [corriger]


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Jean-Francis Auburtin, mer et falaises

Je suis allé sur les traces de Monet et de Auburtin aux falaises de Pourville-sur -Mer, pas plus tard que le WE dernier.



La chance est que devant pareil décor naturel imprenable, cela demeure intemporel et qu'un siècle après, sa falaise en aval, je la vois aussi imposante, sereine et souveraine qu'elle l'a été pour nos champions de l'art moderne. le village n'a rien de significatif, ils ne l'ont pas peint non plus, je ne vois pas à mon tour pourquoi j'y trouverais quelque intérêt sinon pour y faire une halte gastronomique. Cela dit, cette vallée de la Presle qui prend fin à Pourville doit, j'imagine, révéler bien des secrets en amont.



J'ai le souvenir que j'étais allé en Bretagne sur les traces d'un des rares peintres impressionnistes américains que j'aime : une oeuvre particulièrement attachante me ravissait non achevée d'ailleurs, et dont je n'ai jamais retrouvé le point de vue du peintre pourtant flanqué d'une énorme roche à l'entrée du village. Quelqu'un a sans doute rêvé de cette masse granitique qui se mariait fort bien avec la tonalité des pierres des maisons. Avec les artistes, c'est toujours un peu comme ça, dans un état de semi-réalité donnée aux choses !..



Bien sûr Etretat a la préférence à l'applaudimètre parce que la nature a dessiné aiguille et arche et plusieurs fois dans des proportions qui dépassent la mesure et cèdent au gigantisme. Et puis c'est archi connu, des tonnes de photos contribuent à cet avantage. Mais Pourville m'apparaît plus réservée, à l'abri du bruit du monde ; ça me va mieux. Et Monet n'a-t-il pas réalisé là sa meilleure peinture, la plus moderne que j'ai vue de son catalogue raisonné. (Selon moi)



Ce vert transparent, légèrement délavé, un peu turquoise qui s'empare des premières vaguelettes qui fait place ensuite à un vert moins nuancé est paraît-il une curiosité rare de l'année, selon un estivant dieppois avec qui je discutais

Ce que j'ai repéré le matin, cette palette exceptionnelle, je ne l'ai pas retrouvée l'après-midi..



Auburtin a pu observer longuement ces chefs d'oeuvre de la nature avec plus d'amplitude puisqu'il avait une maison un peu plus bas en longeant la côte du pays De Caux vers Fécamp ; son frére architecte la lui avait fait construire. Il me semble même qu'il pêchait par là. Et ainsi le voit-on en peinture dans une embarcation.



Les deux peintres cités n'ont pas eu à se tirer la bourre comme Monet et Renoir au bord de la Marne, parce que de génération différente et de facture aux antipodes. J'ai déjà eu l'occasion de préciser ici que la gouache cernée à l'encre de Chine était une technique prisée de Auburtin, en ce sens qu'elle s'opposait aux huiles de Monet ..



On peut comprendre que ce site remarquable ait pu susciter sous l'occupation la volonté des alliés d'y accoster. La réalité est qu'à cet endroit, les allemands y avaient disposé une batterie de blockhaus sur les hauteurs, c'est plus loin à Dieppe que des canadiens en nombre ont débarqué, et que la plupart se sont fait tuer. Dans la mémoire des gens du pays, cela résonne avec autant d'acuité que la nature, ses falaises presque insolentes font naître. C'est comme si ces deux images venaient s'entrechoquer, la paix artistique s’inspirant de dame la nature et la guerre des hommes.



Je reviendrai par là, même ces galets sur la plage qui font mal au derrière ne m'en dissuaderont pas !..
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Mourir sur Seine

Encore embarquée par un roman de Michel Bussi dont l’intrigue se déroule durant l’Armada de Rouen. Je découvre une région que je connais peu, un rassemblement dont j’avais entendu parler mais auquel je ne m’étais jamais réellement intéressée et cette enquête…. Tout commence par le meurtre d’un jeune marin, retrouvé sur les quais de Seine. Comme toujours l’intrigue est très bien écrite en tout cas, je me suis prise au jeu ou plutôt au jeu de pistes dans le cas présent ! Des références historiques, un conteur d’histoire de pirates, des énigmes et une enquête à résoudre ! Un bon moment de lecture encore une fois!
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Eugène Boudin, lumières de l'estuaire

En célébration du 200 e anniversaire de naissance d'Eugene Boudin, Anne-Marie Bergeret-Gourbin, conservateur en chef du patrimoine et commissaire d'expositions consacrées au peintre né à Honfleur, publie un magnifique album titré : « Eugène Boudin - Lumières de l'estuaire.



Anne-Marie a dirigé les musées de Honfleur de 1976 à 2016, c'est dire son implication considérable dans le rayonnement de l'artiste ainsi que d'autres comme Claude Monet et Johan-Barthold Jongkind.



J'ai cru au premier abord que cette publication était liée au 150 e anniversaire de l'avènement de l'impressionnisme auquel Boudin est concerné, mais quand j'ai vu la signature du conservateur bien connu dans la région, mon sang n'a pas fait deux tours que je ne me procure cet outil ardent complétant assurément la connaissance du grand peintre. de larges commentaires abondent dans ce beau livre en regard des oeuvres essentiellement liées à l'estuaire de la Seine. C'est dire aussi l'intérêt d'Anne-Marie Bergeret-Gourbin de ne pas trop se disperser sur l'écumage d'autres territoires que fit Boudin pour demeurer largement attaché à sa région normande. Comme la couverture de l'album, pastel presque vignette autour de « Bateau dans l'estuaire de la Seine », c'est de lettres de feu que la mémoire d'Eugéne Boudin s'inscrit dans cette région tant aimée. Peut-être que son point d'orgue fut d'avoir été le passeur de Claude Monet à la postérité, qui mérite en soi bien une distinction particulière, comme ces vieux profs qui dans une abnégation presque aveugle ont livre tous les secrets de leur savoir brillant à leurs élèves pour aller encore plus loin dans l'aventure et forger des ailes comme ici à celui qui a résolument ouvert la voie à l'art moderne, vitrine de l'art français sur le monde.



Eugène Boudin est resté pratiquement toujours le même, attaché comme une bernique sur le rocher de sa région qui était trop belle pour ne pas lui suffire. Je dis cela parce que jusqu'à la fin de sa vie, il reste fidèle à ses thèmes, l'ambiance empesée des ports et des paysages côtiers, peut-être déjà plus en mariniste, on sent qu'il a déjà largué les amarres par temps clément ou favorable pour scruter les ciels toujours chargés et le cul des grands voiliers dont on ne sait trop s'ils partent ou s'ils arrivent avec une impression de mouvement qui semble être l'obsession de l'artiste. Il veut voir tout cela d'un seul par générosité et vraisemblance. Il fait certainement partie de la lignée de ces purs marins comme Tabarly plus près de nous qui ne veulent voir un bateau représenté coupé en quatre : ceux-là n'ont à l'esprit que l'immensité de la mer et le port ne saurait réduire leur impression de force pour aller vaincre les éléments. Cette activité hors normes où l'on voit ces petites embarcations se rapprocher des gros voiliers pour en accentuer le gigantisme, et dans ces embarcations des ombres humaines qui s'agitent dans l'estuaire. Ces scènes lui appartiennent, il en témoigne, elles ont un sens ! C'est lui qui va tourner autour selon le gré de son vent à lui, un peu de Barbizon, un peu de Jongkind, un peu de Signac, c'est patent ! On peut voir même en 1860 son pastel vignette intitulé Sur la plage et là tenter avant l'heure ce qu'on peut qualifier de facture impressionniste. L'homme n'en fait pas un fromage, il sait qu'en inculquant ça a son émule, c'est sa fierté, comme il l'encouragera à peindre sur le motif. Clairement Monet n'est pas fait encore. On se prend à rêver de ces petits coups de pouce du destin qui font parfois la vocation de l'artiste et lui donnent avantage.
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