Aujourd’hui je vais évoquer 4% en théorie de Mathias Chaillot, journaliste indépendant. Le titre fait référence à la statistiques relative au taux d’hommes homosexuels dans la population. Ce chiffre est bien entendu sujet à caution mais sert de base à cette enquête sur les traces des raisons de l’homosexualité masculine.
Mathias Chaillot a trente-sept ans, il est gay et s’interroge avec cet essai sur les origines de son homosexualité et plus largement sur l’origine des choix sexuels. Certes il est concerné mais il ouvre son propos et enquête en multipliant les références bibliographiques à l’appui des thèses scientifiques présentées. Dans l’introduction il précise : « vous allez découvrir dans ce livre qu’il existe une sorte de grande quête des origines de « l’orientation sexuelle » des hommes qui aiment les hommes. » Dans ce court texte l’auteur synthétise et présente une multitude de théories (plus ou moins convaincantes, parfois carrément farfelues) énoncées depuis le dix-neuvième siècle. Il est question de psychanalyse, de comportementalisme, de génétique, de généalogie (la théorie du frère) : les différentes facettes de la science sont convoquées autour de cette question qui semble préoccuper les homosexuels et la société qui cherche à les faire changer ou selon les époques à les guérir. Mathias Chaillot écrit : « s’interroger sur l’origine de l’homosexualité a-t-il un sens » puis il indique que ce questionnement est commun et nécessaire pour faire face au regard d’autrui et aux difficultés d’acceptation. Il raconte son coming out familial (qu’il subit alors qu’il avait l’intention de le réaliser) et témoigne d’une agression homophobe dont il réchappe. Il affirme que : « l’homosexualité n’est pas que mon orientation sexuelle, c’est ma façon de voir et de vivre le monde. Et il faut être perçu comme un homo pour ressentir ce que ça fait, d’être homo. » Ce panorama historique permet de retracer les principales étapes et de témoigner de phénomènes de mode avec les théories qui selon les périodes sont dominantes ou négligées. Le journaliste a enquêté et infiltré des groupes de thérapies de conversion en Pologne, il précise : « la sortie progressive de l’homosexualité du champ des maladies mentales à partir des années 1970 mettra progressivement à mal ce genre de thérapies, mais elles continuent d’essaimer, notamment aux Etats-Unis. » En guise de conclusion sans véritable réponse il affirme qu’ : « au fil de l’histoire, tous les travaux ont convergé vers une même idée : l’homosexualité n’est ni une maladie ni une perversion. Les homos n’ont pas eu de parents différents des hétéros (sorry Freud). Ils le deviennent peut-être en partie via certains gènes, en partie via leur premier bain hormonal ou par une réaction immunitaire maternelle, en partie par des expériences personnelles, en partie par choix ou selon les aléas de la vie. »
4% en théorie est un essai intéressant qui met en perspective les théories relatives à l’orientation sexuelle et qui est moins combattif que Pédés récemment paru.
Voilà, je vous ai donc parlé de 4% en théorie de Mathias Chaillot paru aux éditions La Goutte d’Or.
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