« Que restera-t-il de ces trois ans ? Que laissera ce tournant de l'histoire migratoire ? La gauche de gouvernement a-t-elle failli comme le dénonce la droite ? Y a-t-il eu au contraire la preuve d'un sens aigu de la realpolitik, une réponse relativement "digne" avec ses maux nécessaires ? Ou la gestion à reculons de la crise, l'indexation permanente de la réponse humanitaire sur la maîtrise des flux est-elle une déroute morale, un désaveu de ses "valeurs" originelles comme le pense la gauche de la gauche ? Ces questions sont existentielles. » (p. 237) [dans la conclusion intitulée : Bilan]
« Ainsi va naître progressivement cette ligne de crête caractéristique de la gauche au pouvoir : celle de jouer double, agir sans parler, assumer cette part d'humanisme sans contrarier l'obligation de pragmatisme.
L'exemple le plus emblématique de cette ligne acrobatique s'incarnera à travers deux importants projets de lois lancés à cette époque [mi-2013], parallèlement à une campagne minutieuse de déminage auprès de la presse et des milieux associatifs : une réforme de l'asile d'un côté, une évolution du système d'éloignement et droit au séjour de l'autre. […] savante synthèse […] "d'humanité et de fermeté", selon les éléments de langage. » (pp. 38-39)