Le vrai trésor c'est Bayonne
La lumière, ce soir, est comme un ciré jaune de marin luisant de paquets de mer. Les convois de nuages s’étirent et filent, poussés par le vent. Les branches des tamaris se giflent comme des gens en colère.
Je pensais à ma maman, on lui avait arraché son bébé. J’ai entendu bêler des brebis à qui on avait pris leur agneau, des vaches pleurer jour et nuit à la barrière où avait disparu leur petit veau.
La mémoire est un animal qui galope et ne s’arrête jamais. J’ai gardé ça, la mémoire, la vie ne me l’a pas rabotée.
Quand on a été sevré d’amour, on est tenté par tout ce qui passe, on devient vite boulimique et on attrape n’importe quoi.
La lisière de la forêt s'était mise à brûler aussi. Les grands chênes s'embrasaient et dressaient leurs flammes au ciel comme des candélabres d'or. Les habits-vestes bleus des paysans des Mauges se confondaient avec les uniformes républicains et les Vendéens se sont aperçus, trop tard, qu'ils avaient tué des frères.
La voiture cahote sur le chemin du marais pendant des kilomètres interminables. Les deux sœurs ne respirent plus. Marie serre sa poire de ventoline entre ses doigts. Enfin, la voie semble s'élargir. Les frênes, les saules , s'écartent. Les phares éclairent une vaste étendue d'herbe, une haie taillée avec soin. Elles roulent toujours aussi lentement. Et dans l'ouverture d'un passage, elles croient rêver en découvrant une tour carrée à échauguettes et à mâchicoulis, dressée seule au milieu de la prairie.
- Je la connais...murmure Aminthe.
Le nom lui revient en même temps que les phares éclairent le panneau :
- Moricq !
Maman, donnait, donnait, elle aurait donné sa chemise. Les romanichels le savaient. Ils venaient chercher du lait à la maison. Elle leur a donné le lapin qu'elle vidait et on s'est passé de viande pendant la semaine! Une autre fois, ils sont arrivés quand elle préparait des patates et des topinambours. Ils n'aimaient pas les topinambours. Elle a donné les patates. On a mangé les topinambours.
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J’ai retourné la vieille faux de papa. Elle nous serait utile cette nuit. Les Vendéens circulaient dans des chemins bien pires que ça, en hiver, il faisait froid, et les paysans leur tendaient des embuscades en campagne… Nous, on n’a rien à craindre, à part le vent, les gouttes, tu parles !… Nos arrière-arrière-grands-parents étaient obligés d’avoir du courage …
Les martinets ont poussé des cris stridents pendant toute la durée de la messe en faisant de grands huit entre l’église et les maisons de La Chênelière. Leurs ailes fendaient l’air tiède avec un bruit de soie déchirée, frôlant les croix des pignons de l’église et enveloppant dans leur ballet les arbres de la place et la ramure du gros tilleul de la fabrique.
Si votre vocation vous porte au mariage, prenez bien garde de ne pas porter vos visées sur des personnes qui n’aient pas la crainte de Dieu, car sans cela vous serez toujours malheureux, et ne manquez jamais de demander et de suivre les conseils de vos parents.