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Citations de Yasmina Reza (744)


Yasmina Reza
J’ai toujours su des choses qui n’étaient pas de mon âge, disons des choses que je ne pouvais pas avoir expérimentées dans mon âge. D’ailleurs, je ne crois pas à l’expérimentation en matière de savoir sur la vie. C’est le propre de beaucoup d’écrivains, comme Emily Brontë. Ils savent ce qu’ils n’ont pas vécu. Ils savent par prémonition, par intuition. Comme si nous avions déjà vécu nous-mêmes le parcours des âges. Avec une connaissance venue d’on ne sait où.

Mais j’ai tendance à croire que nos cellules ne sont pas nées d’hier. Qu’on transporte des mondes anciens qui nous éclairent et nous donnent une sorte de prescience. Je l’ai toujours senti de façon diffuse, sans pouvoir mettre les mots, jusqu’à ce que je tombe sur un texte de Marguerite Yourcenar disant à peu près ceci : « Tout a déjà été vécu et revécu des milliers de fois par les êtres que nous portons dans nos fibres… La seule question qui se pose est pourquoi, de ces innombrables particules flottant en chacun de nous, certaines remontent à la surface. » Elle évoque aussi « des personnages qu’[elle] inventai[t] ou qu’[elle] croyai[t] inventer ». Eh bien, c’est exactement ça. Je portais en moi, de façon quasi génétique, organique, un monde enfoui qui, parfois, remontait à la surface…

(Entretien dans "Le Monde", 01/03/2020)
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L'homme seul est un rêve. L'homme seul est une illusion. On les rêve dans une solitude emblématique mais les hommes font semblant d'être seuls. C'est un leurre. On les appelle des fauves, mais les fauves sont seuls. Sans doute sont-ils fauves dans leur arène, ailleurs ce sont des animaux domestiqués.
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ARIANE. Et voilà maman, toujours prête à m'accabler. Tu ne pourrais pas, maman, de temps en temps être injuste en ma faveur ?! Je suis ta fille, tâche de t'en souvenir.
SUZANNE. C'est vrai qu'il m'arrive d'en douter. Tu fais bien de me le rappeler.

Scène 8
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Les hommes sont tellement accrochés à leurs accessoires... Ça les diminue... Ça leur enlève toute autorité... Un homme doit être libre de ses mains... Je trouve. Même une mallette, ça me gêne. Un jour un homme m'a plu et puis je l'ai vu avec un sac rectangulaire en bandoulière, un sac en bandoulière d'homme, mais enfin c'était fini. Le sac en bandoulière c'est ce qu'il y a de pire. Mais le portable à portée de main est aussi ce qu'il y a de pire. Un homme doit donner l'impression d'être seul... Je trouve. Je veux dire de pouvoir être seul... Un homme qui ne donne pas l'impression d'être un solitaire n'a pas de consistance.
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Ce ne sont pas les grandes trahisons, mais la répétition des pertes infimes qui est la cause de la mélancolie.
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YVAN :..."Si je suis moi parce que je suis moi, et si tu es toi parce que tu es toi, je suis moi et tu es toi. Si, en revanche, je suis moi parce que tu es toi, et si tu es toi parce que je suis moi, alors je ne suis pas moi et tu n'es pas toi..."
Vous comprendrez que j'aie dû l'écrire.

Court silence

MARC : Tu le paies combien ?
YVAN : Quatre cents francs la séance, deux fois par semaine.
MARC : Joli.
SERGE : Et en liquide. Car j'ai appris un truc, tu ne peux pas payer par chèque. Freud a dit, il faut que tu sentes les billets qui foutent le camp.
MARC : Tu as de la chance d'être coaché par ce type.
SERGE : Ah oui !...Et tu seras gentil de nous recopier cette formule.
MARC : Oui. Elle nous sera sûrement utile.
YVAN (repliant soigneusement le papier) : Vous avez tort. C'est très profond.
MARC : Si c'est grâce à lui que tu es revenu tendre ton autre joue, tu peux le remercier. Il a fait de toi une lope, mais tu es content, c'est l'essentiel.
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Parle-moi du voyage. Moi aussi je partais, souviens-toi, lorsque vous étiez enfants. Mon voyage annuel dans le "far east". Pendant des années, j'ai dit "far east" pour dire Corée. Ensuite, les affaires se sont étendues à tout le Sud-Est asiatique, quand je me suis mis à faire de la confection, j'allais à Hong Kong, Singapour, Macao bref... quelle différence ? Hôtels, usines, bureaux, déjeuners d'affaires, aéroports, hôtels, palmiers, voitures américaines, usines, avions, soirées offertes par les fournisseurs, tu danses en chaussettes avec des genres de geishas qui t'ont nourri avant comme un enfant avec des petits bâtons, pas des putes, mais pas des vierges non plus, tours des villes, monuments dont tu te fous, tu reviens la valise bourrée de conneries, babioles et compagnie, et quel monde as-tu vu, où es-tu allé, il y avait dans ce simple mot "far east" tellement plus de confins, plus de rêve, tellement plus de voyage !
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Qui vous apprend que le coeur s'allège devant la réalité ?
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Je suis une femme qui n’aime pas les photos (je n’en prends jamais), qui n’aime aucune image, gaie ou triste, susceptible de réveiller une émotion. Les émotions sont effrayantes. Je voudrais que la vie avance et que tout soit effacé au fur et à mesure.
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Être heureux, c’est une disposition. Tu ne peux pas être heureux en amour si tu n’as pas une disposition à être heureux.
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Quand on rencontre quelqu’un, on ne s’intéresse pas à son état civil. Ni à sa condition sentimentale. Les sentiments sont changeants et mortels. Comme toutes les choses sur terre. Les bêtes meurent. Les plantes. D’une année à l’autre, les cours d’eau ne sont pas les mêmes. Rien ne dure.
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Les poètes n’ont pas le sens du temps. Ces gens vous attirent dans des mélancolies inutiles.
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Tu as acheté cette merde deux cent mille francs ?
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C'est très important, a dit Serge, d'être confortable dans le magasin. Les types te disent, ça va s'assouplir, le cuir va se faire, non, non, non, le cuir ne se fait pas. Si tu es mal dans le magasin tu seras pire plus tard. C'est une loi.
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Je ne connais pas les langues, aucune langue, de mes pères, mères, ancêtres, je ne reconnais ni terre ni arbre, aucun sol ne fut le mien comme on dit je viens de là, il n'y a pas de sol où j'éprouverais la nostalgie brutale de l'enfance, pas de sol où écrire qui je suis, je ne sais pas de quelle sève je me suis nourrie, le mot natal n'existe pas, ni le mot exil, un mot pourtant que je crois connaître mais c'est faux, je ne connais pas de musique des commencements, de chansons, de berceuses, quand mes enfants étaient petits, je les berçais dans une langue inventée .
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p. 145 Ils font partie des couples qui finissent par s’ajuster dans la vieillesse. Après des années de chaos, ils finissent main dans la main (…). Un beau jour ils ont perçu le petit coucou de la mort et ils ont posé leurs armes. On accepté que la vie soir un truc de solitude tant qu’il y a de l’avenir.
J’en connais plein pour qui les intérêts communs ont balayé les espérances existentielles.
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Mais c'était notre famille, ils étaient morts parce que juifs, ils avaient connu le sort funeste d'un peuple dont nous portions l'héritage et dans un monde ivre du mot mémoire il paraissait deshonorable de s'en laver les mains.
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Il serait blanc, il ne me plairait pas.
Marc le voit blanc... C'est sa limite.
Marc le voit blanc parce qu'il s'est enferré dans l'idée qu'il était blanc.
Yvan, non. Yvan voit qu'il n'est pas blanc.
Marc peut penser ce qu'il veut, je l'emmerde.
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Mais le terrain que n'avait pas exploré Gilles Terneu, et que tous ont voulu me faire arpenter jusqu'à la nausée, a été celui de ma vie. Qu'est-ce qu'elle racontait cette Elisabeth Jauze, née Rainguez, à Puteaux ? Ça s'appelle la grande identité paraît-il dans le langage flic. Tout ce que vous avez soigneusement enterré il faut le ranimer. Tout ce que vous avez biffé, il faut le réécrire avec des caractères propres. Enfance, parents, jeunesse, études, bons et mauvais chemins. Ils se sont penchés sur ma vie avec un zèle ridicule. C'est l'impression que j'ai. Une application ridicule pour fabriquer une fausse matière. Un petit baluchon de sociologie qu'ils mettront dans le dossier et qui ne dira rien. La justice aura fait son travail. Moi ça m'a renvoyé des images. J'ignorais qu'elles étaient restées quelque part. Le café de Dieppe, la grosse machine endormie, décorée pour la fête, qu'on réveillait dans le brouillard, je ne savais pas que je les portais encore. On ne peut pas comprendre qui sont les gens hors du paysage. Le paysage est capital. La vraie filiation c'est le paysage.
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On était jeunes. On ne savait pas que c’était irréversible.
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