La sculpture hindoue est toujours d'inspiration religieuse. Toutes ses créations offrent quelque rapport avec les grandes épopées, Mahâbhârata et Râmâyana, Purânas épiques et Sûtras bouddhistes des diverses périodes, sans compter les livres sacrés. Souvent il s'agit de simples illustrations, parfois de sujets mythologiques qui, sans références dans la littérature, font partie du patrimoine populaire.
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On ne saurait donc parler de la plastique hindoue sans revenir constamment à l'ensemble architectural, après qu'on en aura détaché la sculpture pour l'étudier à part. Ce soin s'impose d'autant plus que l'architecture hindoue est en somme de la même espèce que la sculpture. La construction offre bien plus souvent l'aspect d'un monument que d'un espace couvert. Les idées de destination, d'utilité au sens européen, en sont absentes, ces rapports entre les organes qui portent et ceux qui reposent à peine visibles, quand ils ne font pas complètement défaut. L'architecte ne semble point partir de l'idée d'un espace intérieur bien déterminé. La masse extérieure décide seule, et cette masse est déterminée par la débordante richesse de la sculpture. Et quand la construction n'offre pas de saillies architecturales, on y chercherait vainement des surfaces tranquilles qui en fixeraient au moins les contours, tant éclate de partout la joie du sculpteur, le plaisir de rompre les surfaces à force de maillet, de ciseau, de lime et de râpe.
L'architecture et la sculpture ont réalisé en Inde une unité beaucoup plus intime qu'elles n'ont fait en occident, la sculpture ne se bornant pas à décorer seulement une masse construite, et l'architecture faisant beaucoup plus que d'élever des murs en vertu de nécessités locatives. Ces deux arts se complètent et s'exaltent mutuellement en une synthèse nouvelle qui tire sa beauté aussi bien des lois de la forme que de la symbolique religieuse.