Coca-Cola, le plus grand producteur au monde de boissons en bouteille plastique, estime en fabriquer plus de 120 milliards par an - alignées bout à bout, elles pourraient faire près de 700 fois la circonférence de la Terre.
[...] rien ne sert de nier les avantages du plastique. [...] Reconnaissons simplement que, comme le dernier verre avant de quitter une fête, c'était une bonne idée sur le moment mais elle a eu des conséquences désastreuses.
[Avec une telle consommation de plastique ] nous condamnons les générations futures à vivre dans un monde où le volume de plastique dans la mer pourrait excéder celui des poissons dès 2050.
On accuse bien souvent les pays d'Asie du Sud-est d'être disproportionnément responsables de la crise de la pollution plastique, car c'est de là qu'il envahit le plus l'océan. Mais on parle bien trop rarement de la culpabilité des entreprises qui fabriquent ces funestes emballages.
[...] En ne prenant pas leurs responsabilités sur la fin de vie de leurs produits (ce à quoi d'autres secteurs comme l'industrie automobile ou électronique sont obligés), elles se rendent coupables.
En décembre 2013, est paru un article scientifique révélant l'étendue de la pollution plastique dans les Grands Lacs d'Amérique du Nord. Les auteurs estimaient que le plus petit d'entre eux, le lac Ontario, contenait pas moins de 1,1 million de microbilles par kilomètre carré.
Quand je vois des images qui montrent les conséquences de la pollution plastique sur les animaux marins, comme récemment celle d'un cachalot mort échoué avec l'estomac rempli de plastique, je suis horrifiée. Mais ce qui m'agace le plus, c'est le "greenwashing", ces marques qui font des emballages en plastique "bio" à base de plantes et non de pétrole soi-disant "respectueux de l'environnement" (ce qui est faux), ou qui mettent des logos "recyclable" sur des plastiques dont elles savent pertinemment qu'ils ne seront pas recyclés car ce sont des matériaux trop complexes, et ça coûterait trop cher. Ces plastiques-là ne devraient tout simplement pas être sur le marché et cette hypocrisie me rend folle !
(entretien avec Louise Edge, chargée de campagne chez Greenpeace)
On ne peut tout simplement pas continuer à produire du plastique dans de telles quantités : aucun système de traitement ou de recyclage au monde n'est capable d'absorber le volume faramineux de déchets que nous générons.
On ne va pas changer du jour au lendemain notre mode de vie qui s'est construit dans un monde où passer à la sandwicherie ou à la supérette pour combler un petit creux est devenu la norme. Pour arriver à se débarrasser un jour du plastique, nous devons désapprendre petit à petit ces comportements, qui sont après tout assez récents.
Il est inquiétant de penser que même ces eaux glacées [dans l'Antarctique], où vivent en toute prospérité ces animaux, bien à l'écart de la vie humaine, commencent à être polluées par du plastique produit à l'autre bout du monde.
De la toundra gelée de l'Arctique jusqu'aux fosses marines les plus profondes, les scientifiques ont trouvé du plastique presque partout où ils ont cherché.
« Tu peux venir une minute ? Regarde ça. »
Grant Oakes, notre responsable de la biosécurité sur l’Arctic Sunrise, le brise-glace de Greenpeace, me saisit par l’épaule tandis que je suis attablé à la cantine. Il me conduit vers notre laboratoire de bord où il a installé un microscope. Tandis qu’il fait pivoter la boîte de Petri sous l’objectif, je me penche sur l’objet incriminé : dur, rose vif avec des bords fendillés, il n’est manifestement pas d’origine naturelle. Il semblerait que nous ayons trouvé notre premier fragment de plastique dans les eaux cristallines de l’Antarctique où nous naviguons. Deux collègues nous rejoignent et nous l’examinons à tour de rôle. Nous ne pourrons pas avoir la certitude que c’est du plastique avant le mois prochain, lorsque nous le rapporterons pour analyse à notre laboratoire de l’université d’Exeter mais, à première vue, il est difficile d’imaginer qu’il s’agisse de quoi que ce soit d’autre.