Elle se remémora le soir où elle s'était tenue à la fenêtre de son appartement dans le centre d'Amsterdam, la veille de son départ pour Moscou.Elle avait eu la désagréable impression de regarder la grande place pour la dernière fois. La vue sur le port confirmait cette impression."
Certaines choses se font imperceptiblement, pensa-t-il, les vêtements s'usent, un corps vieillit, un mariage se délite.Dans la vie, rien ne devient jamais comme avant. ( p 141)
- Vous n'aviez pas l'air d'aller bien, tout à l'heure
- C'est une longue histoire, répondit Paul.
Elle hocha la tête.
"C'est souvent le cas".
Mourir c'est compter indéfiniment
Elle participait à ce gala, car elle adorait ce sport de combat. Outre le journalisme, son plus grand centre d’intérêt dans la vie était le Pencak Silat. Ce noble art martial venu de l’archipel Indien. Son père le lui avait enseigné et, rien que pour cette raison, elle continuerait toujours à le pratiquer. C’était une alliance à vie. Mais aussi un art de vivre. Une évolution perpétuelle, mentale et spirituelle, véhiculant une intention positive et des valeurs humaines.
Dans sa course folle, il ne sentit pas la douleur lorsqu’une boucle d’oreille s’accrocha à une branche et fut arrachée de son lobe. L’euphorie de son évasion le rendait insensible à la souffrance, lui donnait de la force, lui donnait de la vitesse.
Il était entièrement focalisé sur sa course, de manière presque animale. Chaque respiration, chaque battement de cœur, chaque mouvement orchestrait sa fuite. La direction de sa course n’avait aucune importance. Courir, c’était tout ce qui importait. Aussi longtemps, aussi vite et aussi loin que possible.
- Que savez-vous de Bacha Bazi ?
[…] « Ce sont des traditions millénaires, issues des campagnes. Il y était très difficile d’avoir des contacts avec les femmes à cause des mœurs islamiques très strictes. Avant le mariage, hommes et femmes vivaient totalement séparés. Mais les hommes devaient bien trouver une solution pour assouvir leurs besoins sexuels. »
[…] - Des garçons imberbes, grommela-t-il. Des garçons aux visages de fillettes. J’ai assisté une fois à ce genre de fête, Farah. Je ne le savais pas à l’avance. On m’avait invité. Puis elle est arrivée. Je dis « elle », car il en avait l’apparence. Un garçon maquillé sans goût et paré de bijoux par d’autres hommes. Je suis parti. C’était écœurant. » p 266 a
Il n’avait pas mesuré à quel point elle s’était habituée à vivre comme on le lui imposait. Aisha ne vivait pas comme elle voulait, mais en fonction de ce que les autres attendaient d’elle. Son père, sa famille, Allah. Dans tout le tableau, elle n’apparaissait nulle part. A l’image de ce mariage avec un policier : cela n’avait pas été son idée, mais celle de ses parents.
Lors de leur nuit de noces, Aisha, pour la première fois, avait abandonné sa timidité et satisfait à toutes ses exigences. Aveuglé par son désir sexuel, il avait pris son obéissance pour de la passion. » p 209 a – 13
Joshua Calvino était sûr d’une chose : son collègue Diba était un « porteur ». Un porteur de haine, un porteur de fardeaux, le Porteur de la Fatalité. Diba continuait à trimballer tous les malheurs et mauvais coups du sort accumulés au cours de sa vie. Tel un clochard invétéré. Il n’avait de cesse de les empiler dans son chariot de courses rouillé, tout en pensant devoir cacher la présence de cette lourde charge aux autres. Comme si personne n’était capable de voir clair dans son jeu fallacieux. Mais Joshua l’avait bien compris. » p 134 a 1
C’était comme si ce seul coup de feu avait non seulement effacé sa dette et purifié sa conscience, mais aussi fait basculer sa vie dans une perspective entièrement nouvelle. Il sentait un sang nouveau couler dans ses veines.
Soudain, le moindre bruit aux alentours l’atteignit dans toute sa violence. Au milieu du chaos qui l’entourait, il enregistrait chaque mouvement avec netteté : le bruit de bottes courant sur l’asphalte et l’image de l’homme à la tête bandée qui rampait dans le taxi retourné, de l’autre côté du parapet. » p 559 a 11