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Citations de W.H. Auden (141)


W.H. Auden
Le mal n’est jamais spectaculaire. Il a toujours forme humaine, il partage notre lit et mange à notre table.

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“Par un jour de la mi-décembre,
en faisant frire des saucisses
pour moi seul, tout à coup
je sentis sous mes doigts
trente ans plus jeunes le volant
d’une automobile,
sur ma joue le vent brûlant
de midi au mois d’août,
ayant auprès de moi pour passager
toi, comme tu étais alors.

A travers les champs de légumes
d’une plaine alluviale
nous foncions dans des nuages de poussière blanche
et des oies s’enfuyaient en poussant des cris
lorsque nous les manquions d’un fil,
nous filions en ligne droite
vers les montagnes s’élevant
progressivement à l’est,
joyeusement sûrs que la nuit
allait apporter de la joie.

Elle le fit. Dans une cuisine dallée
on nous a servi de la truite au gril
et un fromage rance; quelques temps
nous avons causé près du feu,
puis, portant des bougies, grimpé
des marches raides. On fit l’amour
séance tenante, heureux et apaisés,
nous nous sommes endormis vite
au bruit d’une rivière
clapotant dans une gorge.”
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W.H. Auden
If I Could Tell You

Time will say nothing but I told you so,
Time only knows the price we have to pay;
If I could tell you I would let you know.

If we should weep when clowns put on their show,
If we should stumble when musicians play,
Time will say nothing but I told you so.

There are no fortunes to be told, although,
Because I love you more than I can say,
If I could tell you I would let you know.

The winds must come from somewhere when they blow,
There must be reasons why the leaves decay;
Time will say nothing but I told you so.

Perhaps the roses really want to grow,
The vision seriously intends to stay;
If I could tell you I would let you know.

Suppose all the lions get up and go,
And all the brooks and soldiers run away;
Will Time say nothing but I told you so?
If I could tell you I would let you know.

W. H. Auden
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W.H. Auden
Soyez bons, et vous serez heureux. Voilà une dangereuse inversion. Soyez heureux et vous serez bons, voilà ce qui est vrai. Les hommes parlent souvent de leur droit au bonheur. En fait, c'est leur seul devoir.
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W.H. Auden
En lisant tous les poèmes de Saint-John Perse, l'on s'aperçoit aussitôt que chacun est, pour ainsi dire, la fraction d'une seule grande oeuvre. C'est l'un de ces heureux poètes qui, tout à la fois, ont trouvé très vite leur vision générale du monde et les moyens linguistiques propres à l'exprimer.

The New York Times
Book Review
27 juillet 1958
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SEXTE

Pas besoin de voir ce que fait quelqu’un
pour savoir si telle est sa vocation.

il suffit de regarder ses yeux :
un cuisinier tournant sa sauce, un chirurgien

pratiquant une incision primaire,
un commis complétant un connaissement,

ont la même expression béate.
Ils s’oublient dans une fonction.

Combien il est magnifique,
cet air de l’œil-sur-l’objet.

Pour oublier les déesses apéritives,
déserter les autels terribles

de Rhéa, Aphrodite, Deméter, Diane,
pour prier à leur place Saint Phocas,

Sainte Barbara, San Saturnino,
ou quelque patron que ce soit,

qu’on soit digne de leur mystère,
quel pas prodigieux il a fallu franchir.

Il devrait y avoir des monuments, des odes
aux héros anonymes qui l’ont fait les premiers,

au premier tailleur de silex
qui oublia son dîner,

au premier collectionneur de coquillages
à demeurer célibataire.

Sans eux, où serions-nous ?
Encore sauvages, pas dressés, encore

errant à travers les forêts, sans avoir
une consonne à notre nom,

esclaves de Dame Espèce, dépourvus
de toute idée d’une cité,

et, ce midi, pour cette mort,
il n’y aurait pas d’exécutants.

Horae canonicae, 3, Sexte, I, pp. 150-151
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W.H. Auden
Stop all the clocks, cut off the telephone,
Prevent the dog from barking with a juicy bone,
Silence the pianos and with muffled drum
Bring out the coffin, let the mourners come.

Let aeroplanes circle moaning overhead
Scribbling on the sky the message He Is Dead,
Put crepe bows round the white necks of the public doves,
Let the traffic policemen wear black cotton gloves.

He was my North, my South, my East and West,
My working week and my Sunday rest,
My noon, my midnight, my talk, my song;
I thought that love would last for ever: I was wrong.

The stars are not wanted now: put out every one;
Pack up the moon and dismantle the sun;
Pour away the ocean and sweep up the wood.
For nothing now can ever come to any good.

(Funeral Blues)
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Un soir que j’étais sorti…

[…]
« L’amour ne connaît pas de fin.

Je t’aimerai, chère, je t’aimerai
Jusqu’à ce que l’Afrique rejoigne la Chine, Que le fleuve bondisse par-dessus la montagne
Et que les saumons chantent dans la rue,

Je t’aimerai jusqu’à ce que la mer
Repliée soit mise à sécher,
Et qu’au ciel les Pléiades tournent
Avec des clameurs d’oies sauvages.

Les années courront comme des lapins,
Car entre mes bras je serre
La Fleur de tous les Âges
Et le premier amour du monde. »

[…]

P. 42, extrait.
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«  C’était mon Nord, mon Sud,
mon Est et Ouest ,
Mon travail, mon repos,
Mon midi, mon minuit ,
ma parole, mon chant;
Je pensais que l’amour durait
pour toujours : j’avais tort.


On ne veut plus d’étoiles
désormais ; éteins - les - toutes;
Emballe la lune et démonte
le soleil ,
Vide l’océan et balaie les bois;
Car rien maintenant ne vaut
plus la peine » ....
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Pose ta tête endormie, mon amour,
Tendre, sur mon bras infidèle;
Le temps et les fièvres consument
La beauté tout individuelle
Des enfants rêveurs, et la tombe
Prouve que l'enfant est fragile:
Mais, dans mes bras, jusqu'à l'aurore,
Que repose la créature
Vivante, mortelle, coupable,
Mais, pour moi, belle entièrement.

(Extrait de "Berceuse")
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Arrêter les pendules, couper le téléphone,
Empêcher le chien d'aboyer pour l'os que je lui donne.
Faire taire les pianos, et sans roulements de tambours,
Sortir le cercueil avant la fin du jour.

Que les avions qui hurlent au dehors,
Dessinent dans le ciel ces trois mots, Il Est Mort.
Nouer des voiles noirs aux colonnes des édifices,
Ganter de noir les mains des agents de police.

Il était mon Nord, mon Sud, mon Est et mon Ouest,
Ma semaine de travail, mon dimanche de sieste,
Mon midi, mon minuit, ma parole, ma chanson.
Je croyais que l'amour jamais ne finirait, j'avais tort.

Que les étoiles se retirent, qu'on les balaye,
Démonter la lune et le soleil,
Vider l'océan, arracher la forêt,
Car rien de bon ne peut advenir désormais.

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BERCEUSE

Pose ta tête endormie, mon amour,
Tendre, sur mon bras infidèle ;
Le temps et les fièvres consument
La beauté tout individuelle
Des enfants rêveurs, et la tombe
Prouve que l'enfant est fragile :
Mais, dans mes bras, jusqu'à l'aurore,
Que repose la créature
Vivante, mortelle, coupable,
Mais, pour moi, belle entièrement.

Âme ni corps n'ont de limites :
Aux amants, lorsqu'ils gisent sur
Sa pente indulgente, enchantée,
Dans leur pâmoison habituelle,
Vénus envoie un rêve grave
De sympathie surnaturelle,
D'amour, d'espoir universels,
Alors qu'une abstraction éveille
Au cœur des glaciers et des rocs
Le transport charnel de l'ermite.

Certitude, fidélité,
Sur le coup de minuit s'envolent
Comme des battements de cloche
Et des fous à la mode lancent
Leur cri ennuyeux et pédant :
Le moindre centime du prix,
Selon les cartes redoutées,
Sera payé, mais dès ce soir
Pas un soupir, pas une idée,
Pas un baiser ni un regard ne doit être perdu.

Beauté, minuit, vision s'effacent
Que les vents de l'aube, soufflant
Autour de ta tête rêveuse
Révèlent un jour si propice
Que l'œil et le cœur le bénissent,
Satisfaits du monde mortel ;
Que les midis arides te trouvent nourri
Par les forces involontaires,
Que les nuits d'affront te laissent passer,
Veillé par toutes les amours humaines.
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CALYPSO

Chauffeur fonce plus vite et va de l'avant
Le long de Springfield Line sous le soleil brillant.

Vole comme un aéroplane, ne faiblis pas
Avant d'arriver à Grand Central Station de New York.

Car là-bas, au milieu de cette salle d'attente,
Se trouve celui que j'aime plus que tout.

S'il n'est pas là pour m'accueillir quand j'arriverai en ville,
Je resterai sur le pavé avec des larmes qui coulent.

Car c'est lui que j'aime contempler,
Le comble de la douceur et de la perfection.

Il me serre la main et me dit qu'il m'aime,
Ce que je trouve être un détail admirable.

Les bois sont d'un vert rutilant de part et d'autre de la ligne ;
Les arbres ont leur amour bien qu'il soit différent du mien.

Mais le pauvre vieux banquier ventripotent dans sa voiture-solarium
N'a personne à aimer en dehors de son cigare.

Si j'étais le chef de l'Eglise ou de l'Etat,
Je me poudrerais le nez et leur dirais tout simplement d'attendre.

Car l'amour est plus important et puissant
Même qu'un prêtre ou qu'un homme politique.
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On ne veut plus d'étoiles désormais;éteins les toutes;
Emballe la lune et démonte le soleil,
Vide l'océan et balaie les bois;
Car rien maintenant ne vaut plus la peine.
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L'amoureux malheureux qui se suicide ne se tue pas par amour, mais en dépit de l'amour : pour prouver à Aphrodite qu'il est encore un homme libre, capable d'un fait et geste humain, et non pas son esclave, réduit à un simple comportement.
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Horae Canonicae
Poéme lié à l'actualité.
Pas besoin d'entendre les ordres qu'il donne
Pour savoir si quelqu'un a l'autorité,
Il vous suffit de regarder sa bouche:
Quand un général en train de faire un siege
Voit la brèche qu'ouvrent ses troupes dans le mur d'une ville,
Quand un bactériologiste
Comprend en un éclair ce qui ne marchait pas
Dans son hypothèse, quand,
D'un seul coup d' œil au jury, le procureur
Sait que l'accusé va être pendu,
Leurs lèvres et les lignes qui sont autour
Se relâchent, prennent une expression
Qui n'est pas de simple plaisir à faire
Leurs douces quatre volontés, mais aussi de satisfaction
D'être dans le vrai, d'incarner
Fortitudo, Justicia, Nous.
Vous pouvez ne pas les aimer beaucoup
( qui le fait?), mais nous leur devons
Basiliques , divas, dictionnaires, poésie pastorale,
Les courtoisies de la cité:
Sans ces bouches judiciaires
Qui pour la plupart appartiennent
A de trés grandes fripouilles
Combien serait sordide l'existence,
Attachée à vie à quelque village de huttes, redoutant
Le serpent local
Ou le local démon du gué,
Parlant le patois local
De quelque trois cents mots
( pensez aux querelles de famille et aux
Plumes empoisonnées, pensez à la consanguinité)
Et , ce midi, il n'y aurait pas une autorité
Pour ordonner cette mort.

Wistan Hugh Auden: 1907- 1973.

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Mais ce poème que j'aimerais écrire à présent ne doit pas seulement être bon et authentique : pour me satisfaire, il faut aussi qu'il soit vrai.
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W.H. Auden
« Arrêter les pendules, couper le téléphone,
Empêcher le chien d’aboyer pour l’os que je lui donne.
Faire taire les pianos, et sans roulements de tambour,
Sortir le cercueil avant la fin du jour.
Que les avions qui hurlent au dehors,
Dessinent dans le ciel ces trois mots, Il est mort.
Nouer des voiles noires aux colonnes des édifices,
Ganter de noir les mains des agents de police.
Il était mon Nord, mon Sud, mon Est et mon Ouest,
Ma semaine de travail, mon dimanche de sieste,
Mon midi, mon minuit, ma parole, ma chanson.
Je croyais que l’amour jamais ne finirait, j’avais tord.
Que les étoiles se retirent, qu’on les balaye,
Démonter la lune et le soleil,
Vider l’océan, arracher la forêt,
Car rien de bon ne peut advenir désormais. »
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Chanson d'automne


Voici que les feuilles tombent
Les fleurs de Nurse vont faner,
Les nurses dorment dans leurs tombes,
Mais les landaus roulent toujours.

Des chuchoteurs de tous côtés
Nous éloignent de nos délices,
D'habiles mains doivent geler,
Laissées sur des genoux bien seuls.

Me suivant de près à la trace,
Des morts en troupe crient : Hélas !
Dressant leurs bras raides qui blâment
En feignant des gestes d'amour.

Des trolls chétifs, par le bois vide,
Grognent après leur nourriture,
Hibou et rossignol se taisent
Et l'ange ne va pas venir.

Clairs, inaccessibles, se dressent
Devant nous les monts D'Au Lieu De,
À l'eau fraîche de leurs cascades
Nul ne peut boire qu'en ses rêves.

p.47
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La mer et le miroir (extrait)

STEFANO


Embrasse-moi, bedaine, comme une épousée ;
Chère fille, pour le poids que tu as pris
De tant de honte bue et de couleuvres avalées,
Crois-en la vanterie où tu grandis :
Où l'esprit rencontre la matière, qu'ils se courtisent ;
Apprenons ensemble ce jeu
Où mieux vaut être gris que triste :
Une chose perdue appelle un nom perdu.

Ton fils doit se cacher dedans tes jupes
Lorsque les déceptions aboient et le conspuent ;
Chasse mes spectres héroïques,
Sage nourrice, avec un « Bah !» grossier :
Troquant nos appétits, nous poursuivons
Tour à tour un but identique :
Entre bouteille et cabinets
Une chose perdue appelle un nom perdu.

Bien qu'exaucée au bout du compte,
La volonté d'un seul, en étant deux,
Se voit frustrée à tout moment ;
Épuisés, les verres se demandent
Qui est le moi, le maître, moi ou vous ?
Nous ne pouvons tous deux être ce que nous disons,
Le vrai Stefano — lequel est-ce ?
Une chose perdue appelle un nom perdu.

Mère, Enfant, les deux peines sont bonnes ;
Même besoin qu'on nous pardonne.
La contradiction est connue :
Une chose perdue appelle un nom perdu.

Un verre est intact, Prospero,
   Ma nature n'est qu'à moi-même ;
L'inerte Stefano ignore
Le festin auquel Antonio
   Boit à la santé d'Un Seul.

p.100-101
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