Personne, pas même un agent du N.K.V.D, n’aurait pu soupçonner en voyant l’Erma s’éloigner du petit port suédois de Smedslatten qu’elle partait pour un long voyage à travers l’Atlantique. Je ne pouvais moi-même y croire. Ce départ avait tout l’ait d’un pique-nique familial improvisé.
Elle avait l’air d’une bonne vieille dame replète, incapable de traverser en chaloupant la baie de Stockholm, pour ne rien dire de l’Atlantique. Cependant, seize réfugiés estoniens – sept hommes, Cinque femmes et quatre enfants-se trouvaient entassés à bord pour tenter de fuir la domination russe et s’échapper vers l’Amérique.
Dans la deuxième écluse, profonde de treize mètres, la pomme du mât se trouve bien en dessous de la rive, ce qui nous permet d'avoir une vue aérienne de notre bateau. On dirait un jouet dans une baignoire.
Harry poursuit, persuasif :
- Vois-tu, Val, un bateau, c'est comme une bonne épouse. Il ne faut pas se laisser tromper par les apparences. L'essentiel , c'est que l'Erma soit solide. Et elle l'est.
- La beauté n'est qu'artifice !