C e n’est pas un passage obligé dans la carrière d’un col romain. Mais étonnamment, cela arrive plus souvent qu’on ne l’imagine. Les clercs sont parfois amenés à recevoir les aveux et remords de meurtriers déjà condamnés par une cour d’assises, dans l’attente de leur procès ou toujours en cavale. Au nom du secret de la confession, il leur est strictement interdit de livrer leur identité aux policiers et aux juges. Ils ne peuvent être des « colporteurs » : ce qu’on leur confie dans le confessionnal reste dans le confessionnal. Si, dans la justice des hommes, le droit civil reconnaît, dans certains cas, la nécessité de lever le secret professionnel (notamment pour des atteintes portées à un mineur de moins de 15 ans), de telles exceptions n’ont pas droit de cité dans le droit canonique. En revanche, inciter un pénitent à se rendre lorsqu’il a commis un crime est une obligation rappelée par l’épiscopat hexagonal à la suite des scandales d’abus sexuels dans l’Église en 2016.
C’est compliqué. Parce qu’on n’est pas des directeurs de conscience, on ne décide pas à la place des gens. Le silence n’est pas forcément un péché et toute vérité n’est pas bonne à dire. Donc, au final, je n’ai pas su quoi lui répondre.
« C’est destructeur. Les hommes ou femmes infidèles ont l’impression de s’être séparés d’une certaine image d’eux-mêmes, avec le sentiment d’avoir échoué, de s’être perdus, d’avoir été les auteurs d’une souffrance ! », brosse le père Daniel. « Ils vivent un déchirement, avec une forte culpabilité », confirme le père Jean-Louis. Si on ne badine pas avec l’infidélité chez les cathos, c’est qu’elle est bannie par le Sixième commandement : Tu ne commettras pas d’adultère.
La tromperie nourrit l’ADN des confessions depuis des siècles. « Je me souviens qu’un enfant avait demandé un jour à une religieuse : c’est quoi l’adultère ? La sœur avait répondu : c’est un péché réservé aux adultes », narre, hilare, le père Roger. Les pénitents sont autant des coureurs de jupons que des coureuses de cravates. « L’aveu d’une aventure illégitime, c’est masculin-féminin. Il y a la parité, croyez-moi ! », atteste le père Christophe.
Il y a davantage de pudeur dans le confessionnal que sous les projecteurs. Il est plus facile de se mettre à poil devant les autres que de mettre son âme à nu.
Dans l’émission de télé-réalité Secret Story, ils ont même instauré un confessionnal, c’est dire!
« Fréquemment, j’entends : je trompe mon mari, je ne suis pas satisfaite sexuellement par lui alors je compense avec d’autres. Mais en même temps, si elle exprime cette situation en confession, c’est qu’elle n’en est pas non plus satisfaite ! »
C’est sans fond la misère et l’horreur humaines. Il n’y a pas de limite à la dépravation.
Les péchés liés à l’abus d’alcool sont nettement moins fréquents que ceux liés à la consommation de drogues. C’est très culturel : au pays du vin glorifié, on a du mal à prendre conscience que ça peut être un péché.