Ils ont 14 ans quand ils se rencontrent dans un village perdu au fond de la campagne française. Elle vient y passer ses étés en famille depuis l'enfance, eux ont grandi là, groupe de jeunes désoeuvrés qui cherchent à exister malgré le crépi gris des façades. Ce jour-là, elle tombe amoureuse de Jimmy et devient « la fille de la bande ». Pour elle, ils sont la vie incarnée, ceux qui flirtent avec les limites dans des visions de liberté et d'horizons repoussés. Ils l'appellent « la bourge », elle les surnomme « les autres ». Les années qui filent en quête de sensations vont sceller leur adolescence. Premier amour, amitiés fraternelles, tragédies inévitables : ils vivront côte à côte cet âge où tout devrait être possible.
Ancré dans la France rurale des années 90 et du début des années 2000, Des kilomètres à la ronde est le roman d'un apprentissage sentimental où s'éveille la conscience du déterminisme social. Il témoigne du gâchis des rêves et des corps quand l'ennui et le manque de perspectives gagnent du terrain. Construit sur des réminiscences, il dessine aussi la géographie d'une mémoire : dans ce village assoupi, sur ces routes qui ramènent toujours au même endroit, les événements infimes deviennent les souvenirs qui comptent et qui accompagnent, longtemps après que les mains se sont lâchées.
Vinca van Eecke a 45 ans. Des kilomètres à la ronde est son premier roman.
Cette vidéo a été réalisée avec l'aide du Centre national du livre.
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Les postures je m'ne foutistes devaient bien dissimuler autre chose, ils étaient faits d'une viande qui promet ils seraient héroiques, ils seraient tragiques ou pathétiques, je n'en savais rien mais ils étaient romanesques.
Tu es beau. Tu as la beauté des fous devant laquelle les poètes se prosternent. Tu es l'affranchi, le cri le plus juste, la rage irréprochable. Tu es celui qui se souvient du feu, l'amant absolu au toucher inné, tu es mon splendide, jamais je ne laisserai personne dire.
Avachis sur l’herbe, torse nu, nonchalants, les 15 ans à battre le gros bouillon des rêves dans l’attente des lendemains, ils laissaient leurs mains distraites arracher des brindilles ou tirer une cigarette de leur paquet pour porter au coin de leurs lèvres, puis projets et fumée s’évanouissaient dans l’air sans qu’on y prenne garde (...) C’est fou ce qu’ils étaient beaux.
le présent, cétait...la façon qu'ils avaient de bouger, pas tous mais quand même, il y avait quelque chose de commun entre eux, quelque chose d'instinctif et de différent dans leurs gestes qui faisait que leurs corps étaient vraiment là, et pesaient du juste poids sur le sol, déplaçaient l'air sans le froisser, et que ça n'avait rien d'anodin, cette manière d'exister sans maladresse. Avec grâce. Voilà : la grâce. Une intelligence du mouvement, une connivence au monde, qui faisaient que, de tout temps, les gens comme moi, voués à s'asseoir dans des amphithéâtres, avaient été subjugués par les gens comme eux et cherchaient leurs mots pour décrire ce truc indéfinissable après lequel on soupirait sans fin.
Avec leurs lunettes Oakley aux verres irisés, leur air décontracté, leur peau brunie et leur sourire d’une oreille jusqu’à l’autre, Chuck, José, Phil, Jimmy, Buddy, Mallow et Reno avançaient vers moi comme un seul homme. Sur la route jusqu’au campement, on roula assis sur le rebord des vitres baissées en hurlant à pleins poumons notre joie d’être là, décoiffés par le souffle des lavandes et des pierres sèches, réunis sous ce soleil généreux glorifié par le chant des cigales.
A quoi ressemblerais-tu ? je ne veux pas le savoir.... je veux te garder avec tes yeux de fièvre claire. Je veux que tu restes indiscipliné dans cette jeunesse des possibles. je veux te laisser - héros, peut-être- filer à fond la caisse, devant, droit devant, sur une route qu'on aurait bien voulu laisser ouverte.
Parfois, lorsque je gratte le vernis de mon oubli trop volontaire, les détails des rues de L. me reviennent avec la précision de photographies sans autre intérêt qu'un décor net et vide. Comme si mon doigt sur le déclencheur s'obstinant à appuyer trop tôt ou trop tard manquait invariablement son sujet.
Jimmy, freiner, c'était pas son truc.
leur fuite tournait en rond sans but et ne se payait que le luxe du temps perdu. Dans leur rengaine, je n'entendais plus l'appel des premières années, leur désir d'ailleurs était devenu rance. Je commençais à me dire qu'ils n'étaient peut-être pas ces géants.
A la sortie du collège, ils avaient alterné les stages, les petits boulots et les semaines chômées à traîner dans les rues en s'inventant des tas de rêves qui ressemblaient toujours plus ou moins au générique du Rebelle [...].