De retour à Québec, on travailla fébrilement aux préparatifs du futur établissement. Il fallait construire des barques à faible tirant d’eau pour transporter les colons et leurs biens à travers les basfonds du lac Saint-Pierre, préparer des tentes pour le logement provisoire, des provisions pour les premiers besoins de l’alimentation, en un mot pourvoir aux nécessités matérielles d’urgence jusqu’à ce qu’on fût en mesure d’aviser sur place.
Deux bienfaiteurs offrirent spontanément leur puissante collaboration: M. Pierre du Puiseaux, riche armateur qui avait fait fortune aux Antilles, et Madame de la Peltrie, protectrice des Religieuses Ursulines, voulurent participer à ces préparatifs et même prendre part à la fondation.
Le 8 mai 1642, tout étant prêt pour le départ, une petite flotille de quatre embarcations, comprenant une pinasse à trois mâts, une gabarre à fond plat et deux barques, quittait le port de Québec à destination de Montréal. Elle portait le gouverneur de la Nouvelle- France M. de Montmagny, le fondateur de la nouvelle colonie M. de Maisonneuve, le Révérend Père Vimont, supérieur des Jésuites à la résidence de Québec, chargé de bénir le nouvel établissement, les bienfaiteurs M. du Puiseaux et Madame de la Peltrie avec sa demoiselle de compagnie, Charlotte (Catherine) Barré, enfin Jeanne Mance et cinquante-trois colons, dont quarante-huit hommes et cinq femmes, tous déterminés à s’établir dans cette terre nouvelle, en dépit des obstacles et des dangers de toutes sortes, pour l’ouvrir à la civilisation chrétienne sous l’égide de la Vierge Mère et le vocable de « Ville-Marie. »
Au Canada, nous comptons nombre de familles qui descendent de la vieille noblesse française; de fait, les grands noms de l'histoire de France ont été liés si intimement à la fondation et au développement de notre colonie qu'un écrivain a pu dire avec raison qu'en lisant l'histoire du Canada on croirait parcourir un armorial de France.
Un tout petit recueil de conseils, publiés en langue anglaise par le colonel Hunter il y a quarante ans, m’a fourni la preuve que le poète a raison. « Nous avons besoin tous d’un grain d’ellébore » ; en théorie c’est admis ! Mais en pratique, en sommes-nous bien convaincus ? Comme à l’audition du sermon dominical, ne croyons-nous pas que le doigt accusateur pointe uniquement vers le voisin ?
Pénétré de cette pensée, je serais en conscience de ne pas ajouter mes observations à celles de l’excellent colonel pour offrir à mes compatriotes une poignée d’axiomes que je me suis bien gardé d’observer et qu’ils ne suivront pas plus, car l’expérience est une huile de ricin que chacun doit ingurgiter pour en apprécier le salutaire effet.
Cet avertissement donné, je livre ici gratuitement la quintessence de ma panacée :
Réfléchir
Savez-vous, mes amis, ce que c’est qu’un “Clam-Bake” ? Vous n’en connaissez rien si vous n’y avez pas assisté. Gargantua lui-même n’aurait jamais rêvé d’une pareille bombance. Foin de ces fourneaux mesquins où le maître-coq s’éponge le front devant un foyer de trois pieds carrés! Ici, la rôtissoire est une falaise, et c’est une caverne qui fait l’office de chaudron. Dix marmitons improvisés font des feux d’enfer au pied des rochers qui ne tardent pas à dégager une chaleur intense; on place aussitôt des monceaux de homards, de moules, de crabes, du maïs et d’autres mets sur la pierre brûlante, on recouvre le tout de varech imprégné d’eau de mer et on laisse cuire à l’étuvée pendant une heure; c’est le “Clam-Bake” qui s’annonce au loin par un nuage de vapeur odorante.
Il y avait une fois" . . .
Quel plaisir, lorsque nous entendions ces mots magiques, de nous grouper au coin du foyer pour écouter les récits de l'aïeul! La flamme dansante des bûches projetait nos ombres agrandies sur la muraille, et, en les suivant du regard, il nous semblait voir évoluer les bonnes fées, les géants mauvais, les guerriers redoutables et les belles princesses dans une fantasmagorie mystérieuse.
C'est une évocation non moins fascinatrice que nous apportent les relations des découvreurs, les exploits des soldats colonisateurs, les légendes des conteurs de notre pays; le surnaturel côtoie de si près la vérité historique qu'il est parfois difficile d'en faire la distinction et c'est pourquoi la simple lecture de l'histoire canadienne prend souvent l'allure d'une épopée. Les annales de la fondation et du développement de Montréal nous en fournissent de nombreux exemples.
La pharmacie joue un grand rôle, en effet, dans les Etats prohibitionnistes ; chaque fois qu’une fête s’organise, il est prudent de voir le médecin pour ce rhume qui revient si fréquemment, et il vous prescrit invariablement seize onces d’une certaine potion à prendre de temps à autre pendant la journée. Comme nous étions tous plus ou moins enrhumés ce matin- là, et que nous devions partir pour voyage vers un endroit reconnu pour son climat humide, Cosgrove nous accorda une généreuse provision de Cold Cure. Nous dénichons un excellent canadien, Joseph Allard, qui se met à notre disposition avec son automobile, la seule qui reste disponible en ce jour de fête publique, et nous partons pour le lieu du pique-nique où des centaines de Business Men, coiffés de chapeaux de carnaval, nous ont déjà précédés.
Né à l'époque des Croisades, l'art héraldique a grandi sous la Renaissance et atteint son plein épanouissement au XVIIe siècle, grâce à la fascination que l'engouement guerrier de cette époque et les splendeurs des cours exerçaient alors sur les esprits.