Véronique Beaumont

A l'agence funéraire, un garçonnet demande à sa mère :
-Il est où, papa ?
-Il est parti pour un monde meilleur, mon chou.
-Alors pourquoi tu pleures ?

Dans la salle d'exposition des cercueils, l'agent funéraire demande à la jeune femme venue pour l'organisation des obsèques de son père :
-Avez-vous choisi un cercueil Madame ?
-Non; Mettez moi le plus étroit possible, car avec la famille qui va se déchirer pour la succession, je ne veux pas que mon père se retourne dans sa tombe !

Alors que les employés funéraires sortent le cerceuil d'Isabelle de l'église pour l'emmener dans son tombeau, le fils de la défunte, âgé de 6 ans, demande à sa grand-mère :
- C'est vrai que maman est devenue une étoile ?
- Oui, mon chéri.
- Alors, plus tard, je serai cosmonaute. Comme ça, j'irai la voir et je me poserai dessus.

C’est idiot, n’est-ce pas, d’avoir le coup de foudre pour une personne que l’on ne connaît pas ? Mais bon ! Si l’on connaissait cette personne, cela ne s’appellerait pas un coup de foudre. Il n’en reste pas moins qu’on tombe amoureux d’un visage, et non d’une âme.

Se retrouver, ainsi, nue, devant une personne étrangère est particulièrement traumatisant, surtout lorsque cette dernière, après avoir enfilé des gants en latex, commence à fouiller à l’intérieur de ce qu’on a de plus intime.

Ah ! se dit-il, que les femmes peuvent être comédiennes ! Il faut toujours se méfier des belles femmes ! Elles sont souvent rouées et malintentionnées. Mais nous, les hommes, tombons toujours bêtement sous leur charme, sans nous poser de questions. Qu’est-ce que nous sommes bêtes !

À l'inhumation d'Arsène, l'agent funéraire qui tient le registre de condoléances sourit lorsqu'une personne écrit : "Toi qui a toujours couru après l'inconnu, te voilà arrivé en terre inconnue."

Elle se sent comme une bête de cirque que l’on est venu voir et elle est mal à l’aise. Elle se sent jetée en pâture. Elle va aiguiser la curiosité de tous et cela la rend honteuse. Elle a du mal à s’imaginer que c’est elle qu’on va juger, elle qui sera le centre de cette journée interminable. Pendant quelques instants, elle se demande quelle sera l’issue de ce procès. Elle a du mal à croire qu’elle ressortira libre du tribunal, après l’amas de preuves qui s’accumulent contre elle. Elle a l’impression d’être dans un mauvais rêve, sauf que c’est la réalité.

Un enterrement est toujours source de richesses pour l’enquête, se dit-il.
Dès lors, outre rendre hommage à l’homme si lâchement assassiné, il observe chaque visage, chaque geste des personnes présentes. Il repère très vite celles qu’il a interrogées, mais il y a les autres… Il y a ces personnes venues par curiosité et il y a celles qui connaissaient le médecin, en tant qu’amis ou en tant que malades. Mais rien n’échappe au commandant, qui se concentre plus sur les gens que sur la messe.

Nous ne mélangeons jamais vie privée et vie professionnelle. C’est une question de principe. Il en va de la sécurité des patients.

Quoi de plus romantique que de passer sa lune de miel dans un endroit de rêve ?

- Mais comment les gens peuvent-ils savoir cela ?
- Je ne sais pas, mais il y a toujours des personnes bien informées. Il y a toujours des gens qui savent tout. Et puis, il n’y a pas de fumée sans feu…
- Sans doute, mais il y a aussi des langues de vipère.

Elle semblait heureuse et amoureuse de Benoît. En même temps, elle dévorait Bertrand des yeux. On aurait dit que son cœur balançait entre les deux hommes, qu’elle ne savait pas lequel choisir. Oui, mais quel est le rapport avec le crime ? Aucun. Aimer deux hommes ne veut pas dire en tuer un. Au contraire, cela signifierait plutôt en prendre un pour amant. Et puis, apparemment, elle n’a pas tué Benoît pour reconquérir Bertrand, mais elle l’a tué parce qu’il la trompait. En fait, cela se tient. Elle a peut-être été déçue par Benoît. Elle était peut-être tellement aveuglée par son amour qu’elle n’a pas vu qu’il la trompait. Lui, de son côté, a dû tout faire pour cacher sa liaison. Sinon, il y aurait eu de la tension dans leur couple.

La réputation de l’hôpital n’est pas liée à la vie personnelle du personnel, mais à sa capacité à soigner les patients.

- Dans ce cas, j'aimerais que vous inscriviez cette épitaphe : "L'étoile que tu étais sur scène va maintenant briller dans le ciel".

- Pourrais-je faire graver une épitaphe sur le monument?
- Bien sûr, monsieur.
- Dans ce cas, veuillez inscrire: "Que Satan réussisse là où j'ai échoué : te mater".

À la sortie de la messe, curieusement, le temps vire rapidement à l'orage et, sitôt le cercueil dans la tombe, de violents coups de tonerre succèdent à la pluie qui s'est mise soudainement à tomber.
À ce moment-là, un homme lance :
- Tiens! Il a déjà réussi à mettre Dieu en colère!

- Qu'est-ce que tu regardes?
- Je regarde si ton père n'a pas caché son revolver sous son oreiller, comme il le faisait à la maison.