Nous avons tous notre libre arbitre. C'est la route que nous choisissons qui fait de nous ce que nous sommes. Un virage à droite ou à gauche et c'est notre vie qui bascule.
Je n'arrive jamais à ressentir un sentiment fort pleinement, sans arrière-pensée, sans autocontrôle.
Il était d'une humanité consternante.
Loin des ambitions destructrices, des trahisons et des frivolités contemporaines, mes valeurs étaient solides et saines. Clé de mon bonheur en tout cas.
La vie n’est qu’une succession d’évènements qui s’emboîtent les uns dans les autres, plus ou moins bien d’ailleurs.
Le spectacle était navrant. Véritable mise en scène de notre solitude. Elan narcissique contemporain. Nous n'avons jamais autant communiqué entre nous et paradoxalement nous ne nous sommes jamais sentis aussi seuls. Notre vie est devenue une sorte d'egotrip sans but et sans billet retour.
- Commissaire Velcro ?
- Lui-même, répondis-je sans enthousiasme.
- Nous devons vous entretenir de toute urgence et en toute confidentialité. Pouvez-vous nous suivre s’il vous plaît ?
Je pliai ma serviette, avalai in extremis une gorgée de café brûlant et suivis les deux hommes. Lorsque nous fûmes à distance de toute oreille indiscrète, ils s’immobilisèrent et le plus âgé me tendit sa carte.
- Je suis le lieutenant Daniel et voici le sous-lieutenant Josseaume, responsable du commissariat de Guingamp. Nous avons un gros problème, commissaire.
— Vous pouvez me raconter ce qui s’est passé ici ? lui demandai-je.
— Je vais vous répéter ce que j’ai déjà dit à vos collègues. Je ne sais rien de plus.
— Ça ne fait rien. C’est toujours intéressant d’entendre les faits racontés de la voix même de la victime. Sans le savoir, vous pouvez me donner un renseignement précieux pour la suite de l’enquête.
— Comme vous voulez. Ça a commencé il y a environ un mois. La librairie ouvre à 10 heures. Ce matin-là, je me souviens très bien, c’était un mercredi, j’arrivai comme tous les jours vers dix heures moins dix. J’ai tout de suite vu que la porte avait été forcée. Elle n’est pas blindée. Le voleur a dû utiliser un pied-de-biche. Ça a été un jeu d’enfant. Je pousse la porte. J’entre dans la librairie, j’allume les lumières. Tout paraissait en ordre au premier coup d’œil. En y regardant de plus près, j’ai eu l’impression que les rayonnages étaient moins chargés que la veille. Il y avait comme de l’espace entre les livres. J’ai eu vite fait de constater qu’en effet, il en manquait. Un peu partout. Sans désordre apparent. C’est comme si quelqu’un était entré, s’était servi sur les étagères et était reparti tranquillement, sans rien déranger.
— Vous pouvez me raconter ce qui s’est passé ici ? lui demandai-je.
— Je vais vous répéter ce que j’ai déjà dit à vos collègues. Je ne sais rien de plus.
— Ça ne fait rien. C’est toujours intéressant d’entendre les faits racontés de la voix même de la victime. Sans le savoir, vous pouvez me donner un renseignement précieux pour la suite de l’enquête.
— Comme vous voulez. Ça a commencé il y a environ un mois. La librairie ouvre à 10 heures. Ce matin-là, je me souviens très bien, c’était un mercredi, j’arrivai comme tous les jours vers dix heures moins dix. J’ai tout de suite vu que la porte avait été forcée. Elle n’est pas blindée. Le voleur a dû utiliser un pied-de-biche. Ça a été un jeu d’enfant. Je pousse la porte. J’entre dans la librairie, j’allume les lumières. Tout paraissait en ordre au premier coup d’œil. En y regardant de plus près, j’ai eu l’impression que les rayonnages étaient moins chargés que la veille. Il y avait comme de l’espace entre les livres. J’ai eu vite fait de constater qu’en effet, il en manquait. Un peu partout. Sans désordre apparent. C’est comme si quelqu’un était entré, s’était servi sur les étagères et était reparti tranquillement, sans rien déranger
Un vague à l'âme m'envahissait. J'avais l'impression que l'enquête piétinait. Je me sentais vieux et vide. Mon cerveau était fatigué, avait perdu l'enthousiasme de la jeunesse. Et sa crédulité surtout. La jeunesse s'imagine posséder tous les pouvoirs. Puis, plus le temps passe et plus les déceptions et les illusions s'accumulent, nous nous cachons sous une carapace de lassitude et de désintérêt. La vie nous tue à petit feu. Nous mijotons pendant des dizaines d'années, nous nous desséchons, nous nous étiolons, nous nous durcissons...