Ton histoire commence par la fin.
La fin de ta vie, le jour où Tod, ton mari, a été poignardé à mort. Depuis tu erres, sans but et sans émotion. Tu décides de quitter ton travail, puis Londres et de partir à Prague. Simplement parce que c'est là que Tod t'avait demandée en mariage.
En déambulant dans la ville brumeuse, tu te rapproches de la pègre locale. Te voilà chargée d'une mission : traverser la frontière et récupérer un « colis » en Ukraine. Tu as enfin un but. Mais ce colis, c'est un être humain. Au fond de ton coeur gelé, une étincelle jaillit.
Tu ne peux pas suivre leurs règles.
Et vous êtes désormais en danger.
Tyler Keevil est né à Vancouver, a vécu à Prague puis s'est installé au pays de Galles alors qu'il avait une vingtaine d'années. Scénariste et écrivain, il est l'auteur d'un recueil de nouvelles et de quatre romans, tous primés et acclamés par la presse. Tu marches parmi les ruines est son premier roman traduit en France.
Traduit de l'anglais (Pays de Galles) par Fabrice Pointeau
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Derrière, bordant la route, de grands bouleaux se dressent, gris et élancés, jusqu'au ciel. Des stalagmites géantes.
"Le sens vient de l'intérieur. C'est nous qui donnons un sens aux choses. Rien, ne signifie rien sans la connaissance et la perspective humaines."
Il meurt parce qu'il t'aime. Il meurt parce qu'il est courageux, ou peut-être parce qu'il manque d'assurance -- c'est parfois difficile à dire. Il meurt parce qu'il ne veut pas que tu sois blessée, ni effrayée.
Donc, voici comment ton mari meurt :pas dans quarante ans, toussant, s'étiolant, rongé de l'intérieur par le cancer, tenant ta main, te regardant dans les yeux, ses iris réfléchissant toute une vie de complicité. Ni dans vingt ans, après que les enfants que vous n'avez pas encore eu auront grandi et quitté la maison et n'auront plus besoin de lui, et toi non plus – du moins pas autant. Ni dans dix ans, vers le moment où tu t'attends à ce qu'il ait sa crise de la quarantaine et achète une Ford décapotable, se met à flirter de façon absurde et inappropriée avec le personnel dans les coffee shop.
"A cette heure de la journée, en dehors de la saison touristique, l'ossuaire est désert. Il n'y a personne pour te remarquer, se souvenir de toi, rapporter ta présence. Tu es libre de tuer le temps. Une autre expression bizarre : tuer le temps. Comme si on pouvait lui planter un couteau dans le dos, ou lui cogner sur la tête. Tuer le temps une bonne fois pour toutes."
Les bouleaux au bord de la route dépouillés, leur écorce grise et lisse, se dressent fièrement, parfaitement immobiles. Des anges figés. Des plumes de givre poussent sur les branches tendues.
"Les deux flotteurs indiquent le point de contact, dodelinant sur l'écume. Ils te semblent soudain menaçants. D'un rouge si vif, si gai, si visible. Pourtant, en dessous, à l'abri des regards, il y a les plombs, les appâts, les hameçons mortels. Le vrai danger est toujours caché, toujours invisible."
"C'est la pure vérité. Ce n'est pas trahir Tod, mais de l'acceptation. De la compréhension. Ce qui est réel, ce qui compte, c'est le moment présent, tandis que tu regardes vers Dresde. Ton bras autour des épaules de Gogol. Convaincue que c'est le début de ton voyage avec lui, pas la fin."
J'ai toujours apprécié les gens qui sont capables de rester assis et de réfléchir tout en étant en présence d'une autre personne, sans se sentir obligés de parler de choses sans importance.
"Il y a un vieux proverbe qui dit : le temps n'attend personne. Certainement pas toi, ni lui. Vous en manquez déjà. Tu revois ce petit squelette mécanique agitant son sablier menaçant. Mais tant que Pavel et Valérie n'auront pas découvert tes véritables intentions, il te restera toujours quelques grains, un peu de temps de ton côté. Du moins, tu l'espères."