Madame S de
Sylvie Lausberg aux éditions Mon Poche
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La guillotine, Meg refuse d’y pense. Inimaginable, impossible ! Depuis des mois, les mêmes privations, les maladies ou les petites joies dérisoires, et puis l’espoir qui s’intensifie un jour pour se rétrécir en peau de chagrin le lendemain. Les jours passent, et les visites sont trop rares.
Cette insulte ravive en moi le goût mauvais d’une tactique trop connue, qui n’a malheureusement pas cessé depuis le XIXe siècle, et qui consiste à traiter de putain toute femme qui tente de se réapproprier sa vie, ou, du moins, son corps et sa parole.
Dans le cas de Marguerite Steinheil, l’équation est simple : tous les hommes d’État, tous les hommes en vue, et, finalement, tous les bourgeois de l’époque ont des maîtresses. Où pourraient-ils les trouver, sinon dans ces salons où se mélangent les sexes au nom de la conversation ? Passée maître dans cet art si français, Meg étonne d’ailleurs souvent par une forme de franchise, de crudité qu’elle met dans la traduction de sa pensée, et qu’elle atténue par son maintien gracieux d’aristocrate campagnarde. Lorsqu’elle se laisse aller au plaisir tellement codé de la conversation, son enthousiasme est sincère, et elle le partage.
Elle feint de s'accommoder de la situation, alors que, à intervalles irréguliers, l'angoisse sourde de passer à côté de son rêve l'oppresse. Pour y échapper, sur son Pleyel, le temps d'une partition, elle joue et chante l'air composé par son vieux Gounod pour une jeune Juliette, qui ne connaît pas encore son Roméo : Je veux vivre/Dans ce rêve qui m'enivre...
C'est la parole qui fait bouger le monde, que ce soit dans le cabinet de son psy ou pour défendre une cause.
Dans le journal "Le Soir" du 03 janvier 2022.
Félix Faure, c’est attesté, aimait les femmes. On lui prête nombre de liaisons, dont l’une, déterminante pour notre histoire, avec l’épouse de son ami, le comte de Martel de Janville, Marie-Antoinette Gabrielle Riquetti de Mirabeau, plus connue sous son nom de plume de Gyp.
La France a déjà perdu la guerre et deux provinces. Des centaines de milliers de jeunes hommes sont mutilés, blessés, 139 000 Français sont morts. C’est dire le prix payé. Sans compter le tribut, plus de 5 milliards de francs. Le conflit entre les deux puissances ne fait que commencer. Une France humiliée par l’arrogante Allemagne qui s’unit sur son dos : les deux pays, jusque-là liés par des intérêts communs, se figent dans la posture d’ennemis héréditaires. Comment cette guerre n’aurait-elle aucune conséquence sur la vie, sur leur vie, sur la suite ? En 1871, l’Alsace est devenue allemande, la ligne de démarcation a laissé Belfort côté français, déchirant les familles.
Le désir est aussi un mouvement, une pulsion. A contrario, les intégristes, les radicaux sont dans des postures immuables qu'ils doivent tenir.
Dans le journal "Le Soir" du 03 janvier 2022.
La folie des grandeurs inquiète sa fille. Une verrière, un nouveau chalet près de Belfort… Marguerite essaie de raisonner sa mère. Cela ne plaît pas. Tensions, désirs d’exil. Tante Jenny a la solution. Un ami de la famille serait tout désigné. Jenny joue les marieuses et propose un peintre d’origine alsacienne qui vit à Paris. Il est connu, aisé, assez âgé pour supporter avec placidité les lubies de la demoiselle : Adolphe Steinheil, c’est celui qu’il leur faut.
L’art est conçu par les notables pour les notables. Scènes historiques, portraits, voilà l’œuvre de Steinheil. Au centre du système, Bonnat avec ses multiples casquettes, grand artisan d’une entreprise censée assurer la pérennité de la peinture française, mais en freine volontairement l’évolution.
Côté littérature, François Coppée, poète le plus lu de l’époque, est un assidu des jeudis de « Madame S », c’est ainsi qu’on l’appelle désormais.
Courtisée par la majorité des hommes qui fréquentent son salon, elle est, à vingt-cinq ans, absolument séduisante. Son seul souci est de trouver celui qui lui apportera ce qu’elle cherche. Mais que veut-elle ? Moins la quête éperdue d’une partie de draps froissés que cet éden autrement inspiré qu’elle a mis toute sa science à édifier. Retrouver le goût du paradis perdu par des rencontres secrètes, des moments émouvants, des mots doux envolés.