Au printemps 2023, gouvernements, journalistes, décideurs économiques ou citoyens, tous auront été destinataires du 6eme rapport de synthèse du Giec sur le changement climatique. L’ambition de ce livre est de vous permettre de le comprendre sans devoir lire les milliers de pages sur lesquelles il s’appuie.
La très forte inégalité dans les causes et les conséquences du changement climatique peuvent être la source de conflits entre États si des dirigeants politiques l’utilisent pour tourner la colère des populations vers l’étranger.
Les rédacteurs savent pertinemment que les classes moyennes des pays riches et émergents – l’essentiel de ces 10 % - ne risquent guère de s’engager dans une sobriété volontaire sévère si elles sont toujours sous les yeux le spectacle des consommations sans limites des grandes fortunes.
L’estimation à 3,5 milliards de personnes hautement vulnérables est un message politique extrêmement fort. Car cette presque moitié de la population mondiale n’est responsable que d’environ 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et pourrait prendre conscience de son droit, moral, à réclamer d’énormes réparations aux 10% de la population mondiale responsable de près de la moitié des émissions.
Pour qu’une société admette une restriction forte sur l’usage des énergies fossiles, il est indispensable que la mesure s’accompagne d’une vigoureuse réduction des inégalités sociales et que son coût soit compensé pour les couches sociales populaires. Cette compensation, pour être efficace, ne doit pas suivre l’augmentation des taxes mais la précéder.
Sous-estimer la difficulté économique et technique du défi énergétique ne peut que conduire une politique climatique à l’échec.
La Convention cadre de l’ONU sur les changements climatiques demeure un texte fondateur et fondamental. Toutefois, l’évolution des émissions de gaz à effet de serre, qui ont augmenté de près de 50 % depuis 1992 au plan mondial, montre bien qu’elle ne peut suffire à résoudre le problème posé par le seul respect du texte d’origine.
Les populations les moins responsables du changement climatique en sont donc de surcroît les premières victimes.
Ne pas croire aux solutions miracles. Puisque le cœur du problème climatique réside dans le recours massif aux énergies fossiles par les 7,5 milliards d’êtres humains actuels pour subvenir à leurs besoins alimentaires, économiques et sociaux, il ne peut pas exister de chemin aisé pour le résoudre
Les émissions du CO2 anthropique sont passées d’environ 2 milliards de tonnes de carbone par an en 1920 à 12 milliards de tonnes en 2020. Cette multiplication par six provient pour l’essentiel de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz fossile.