La crise sanitaire a souvent été lue comme la consécration d'une tendance de nos sociétés vers la gérontocratie : les personnes âgées sont celles qui votent le plus, et qui décident donc des politiques publiques. Elles seraient aussi celles qui ont été privilégiées face à l'arrivée de l'épidémie, puisque l'on aurait "enfermé" les jeunes générations, qui ne couraient pourtant pas de grands risques, afin de prendre soin des plus âgés.
Mais ne pourrait-on pas renverser la perspective et considérer que si l'on a envisagé le confinement comme un "enfermement" des jeunes, c'est parce que l'on considère la jeunesse comme l'âge d'or de l'existence ? N'est-ce pas l'occasion d'interroger nos représentations sur l'âge adulte et la vieillesse, mais aussi de rendre ces étapes De La vie plus enviables ?
C'est ce que propose de faire Susan Neiman dans son premier essai à être traduit en français, "Grandir. Eloge de l'âge adulte à une époque qui nous infantilise" (Premier parallèle). Elle y montre que l'âge adulte n'est certes pas l'insouciance naïve de l'enfance, mais pas non plus la révolte tumultueuse de l'adolescence : il est cette étape où nous comprenons enfin que si nos idéaux ne sont pas déjà inscrits dans le réel, il nous appartient néanmoins de tout faire pour les y actualiser.
L'invité des Matins de France Culture.
Comprendre le monde c'est déjà le transformer(07h40 - 08h00 - 9 Novembre 2021)
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