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Critiques de Sue Monk Kidd (119)
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L'invention des ailes

Cette histoire s'inspire de deux sœurs, Sarah et Angelina Grimké, qui ont réellement vécu au XIXème siècle. Elles sont originaires d'une riche famille de Charleston, une ville en Caroline du Sud. Aux États-Unis, elles sont reconnues pour avoir été les premières femmes à militer contre les pratiques de l'esclavage et à défendre l'égalité des sexes. En effet, elles souhaitaient une émancipation immédiate des esclaves ainsi que l'égalité entre les hommes et les femmes.

A partir de ces deux personnages, ainsi que la multitude d'éléments historiques qui ont entouré leur vie, l'auteure Sue Monk Kidd a développé un récit passionnant et émouvant qui nous permet, en plus de découvrir le quotidien et le destin de ces deux jeunes femmes, de découvrir une belle histoire d'amitié imaginée entre une jeune fille blanche issue d'une riche famille, et son esclave.



Au XIXème siècle à Charleston, il est naturel de posséder des esclaves, et c'est même un mode de vie que certains ne souhaitent pas changer. En effet, les esclaves, qui vivent dans la maison de la famille qui les possèdent, s'occupent des tâches ménagères, des trajets, de la cuisine... dans les familles les plus riches, certains d'entre eux sont envoyés dans les plantations à l'arrière-pays pour travailler. Leurs propriétaires n'ont d’ailleurs aucun scrupule à séparer des familles. Considérés comme des possessions dont il est possible d'établir la valeur, ils ne sont malheureusement pas traités comme il se doit, et subissent des restrictions importantes ainsi que des châtiments très durs. Au cours de l'histoire, les sanctions sont souvent décrites par Handfull, la jeune esclave de Sarah, et j'ai trouvé que le fait de faire subir, presque avec détachement, autant de cruautés à des êtres humains était bouleversant et inhumain. D'autant plus que toutes ces tortures sont décrites de façon sobre et réaliste. J'ai remarqué que la religion avait une place importante à cette époque, même pour les propriétaires d'esclaves, car ils justifient le fait de garder leurs esclaves prisonniers par la religion, comme si dieu leur avait demandé d'agir ainsi.

Dans la famille Grimké, il est commun d'offrir un esclave à l'anniversaire des onze ans de chacun des enfants, et c'est dans ce contexte que se sont rencontrées Handfull, une esclave chétive, et Sarah, une jeune fille rebelle aux cheveux roux. Une belle amitié se tisse alors entre les deux fillettes.



Sarah Grimké, le personnage mis en avant par l'auteure, n'a pas été désignée au hasard. Dans une note de l'auteure, j'ai lu qu'elle avait choisi Sarah par rapport à la vie qu'elle avait menée avant de devenir un personnage public, et qui l'a sans aucun doute forgée et entraînée vers sa vocation. [En effet, ce roman nous permet par exemple de découvrir ses ambitions lorsqu'elle était enfant, anéanties par le seul fait qu'elle n’était pas un garçon.] Sarah est souvent passée par des moments de doute, toujours en quête de sa vocation, et cela lui a permis entre autres de découvrir le quakerisme, un mouvement religieux. J'ai beaucoup aimé suivre l'évolution de Sarah au cours des années, ainsi que toutes les épreuves qu'elle a traversé pour devenir une femme affirmée et courageuse.

Angelina, dite Nina Grimké, est la plus jeune des sœurs de Sarah. Celle-ci a suivi les pas de sa grande sœur, et possède donc les mêmes valeurs. En revanche, j'ai trouvé que Nina était très différente de Sarah. Tandis que sa sœur a un vrai don pour l'écriture de pamphlet, Nina s'exprime très bien en public et capte facilement l'attention de son auditoire. Elle est plus téméraire également, et porte moins d'attention au regard des autres. J'ai trouvé que Sarah et Nina formaient un très bon duo.

Handfull est la jeune esclave de Sarah, un personnage rendu vivant par l'imagination de l'auteure. Lorsqu'elles étaient jeunes, Sarah et elle étaient très proches, mais en raison de la différence de leurs statuts, elles ont fini par s'éloigner. En effet, même si Sarah traite Handfull avec bienveillance et compassion, Handfull ne peut que ressentir de la colère et de l'indignation face à son injuste situation, c'est pour cela que leurs liens deviennent aussi précieux que délicats. Handfull a été élevée par sa mauma, Charlotte, une esclave d'une force et d'un courage incroyables, toujours en quête de liberté. Nous avons de nombreux passages dans lesquels sont décrits la couture des kilts, la signification de chacune des formes cousues, ainsi que les histoires racontées par Charlotte, notamment celle autour de l'arbre des âmes. J'ai trouvé ces passages très émouvants et intéressants.



Depuis son enfance, Sarah est contre les pratiques de l'esclavage, mais son avis ne compte pas pour le reste de sa famille. Cependant, à l'aide de ses voyages dans le Nord et de sa sœur Nina, elle affirme ses convictions et prend un rôle important dans cette lutte anti-esclavagiste, allant jusqu'à devenir, avec Nina, l'une des femmes les plus connues et les plus honnies des États-Unis. Elles réalisent des conférences dans de nombreuses villes, parfois devant des assemblées mixtes, ce qui n'était pas accepté à cette époque, et rédigent notamment le pamphlet «American slavery as it is» soit «L'esclavage américain tel qu'il est». Après s'être rendues compte qu'il était compliqué pour elles de faire entendre leur voix au cours de leur pèlerinage à travers le pays, Sarah et Nina décident également de militer pour le droit des femmes, une nouveauté pour cette époque.

La lutte contre l'esclavage est un combat difficilement mené. Cependant, tandis que quelques personnes de couleur de peau blanche tentent de prendre la parole contre les discriminations imposées aux personnes noires ainsi que l'esclavage, menant parfois quelques petites révoltes individuelles symboliques (comme le fait de s'asseoir sur les bancs réservés à l'église) les esclaves sont en quête de liberté et recherchent des changements rapides. Pour ce faire, ils décident d'avoir recours à la violence, comme pour l'action orchestrée par le noir libre Denmark Vesey et décrite dans le livre.



Pour terminer, j'aimerais mettre en avant la qualité de l'écriture de Sue Monk Kidd. Cette auteure a réussit à mettre en avant les exploits réalisés par ces deux jeunes femmes, malheureusement très peu connues aux Etats-Unis, même à Charleston alors que c'est la ville dans laquelle réside l'auteure. Il est détaillé, dans la post-face du roman, les événements qui se sont réellement déroulés, ceux que l'auteure a plus ou moins inventés et ceux qui ont été antidatés afin de rythmer et de construire l'histoire. La plupart des personnages historiques qui ont été en contact avec Sarah Grimké sont mentionnés dans le livre, comme Théodore Weld ou Lucretia Mott. De mon point de vue, je ne peux que vous recommander ce livre. Je l'ai trouvé instructif et enrichissant, car nous découvrons le quotidien des habitants et des esclaves de Charleston, décrit avec réalisme, ainsi que les conflits qui divisent cette époque. J'ai également trouvé cette histoire touchante et marquante.



Anastasia ♡
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L'invention des ailes

La quatrième de couverture parle d'une amitié entre deux fillettes l'une, Sarah, fille de planteur de Caroline de Sud, l'autre Hetty (Handful pour sa mère), esclave. Mais je trouve que cela ne correspond que de très loin au livre. Si en effet pour l'une il s'agit d'amitié et si elle essaie d'adoucir le sort de l'autre, celle qui n'a pas le choix navigue entre indifférence et hostilité avec parfois un élan vers l'autre. Mais ce n'est et ce ne peut être une véritable amitié. Cependant elles restent liées jusqu'à la fin.

Toutefois ce n'est pas une déception, il y a beaucoup d'autres choses dans ce roman. Handful l'a parfaitement défini : “Moi je suis esclave dans mon corps mais vous, vous l'êtes dans votre esprit”. En effet Sarah accepte tant bien que mal les limites qui lui sont imposées par sa famille et la société. Bien que très intelligente, elle ne peut rien faire d'utile de ce don, elle ne peut vivre qu'à travers un époux. Mais lorsque le mariage se présentera elle préfèrera la liberté d'accomplir ce qu'elle pense être sa destinée.

Le personnage de la mère de Handful est remarquable par sa façon de lutter contre son esclavage et sa force. J'ai trouvé cette description de la vie d'esclaves domestiques différente de ce que j'avais lu ailleurs.



Cet ouvrage est basé sur la vie des soeurs Grimké, deux féministes et abolitionnistes du début du XIXe siècle, qui comme beaucoup d'autres femmes ayant pourtant eu un impact sur la vie de leur époque sont tombées dans l'oubli. Merci à Sue Monk Kidd de les avoir fait revivre ainsi que d'autres figures majeures de l'abolitionnisme.



J'ai eu un grand plaisir à lire ce livre et à profiter de ce mélange de fiction et de réalité que l'auteur nous présente dans une note finale..



Challenge USA un livre un état

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L'invention des ailes

Un très beau roman.

Sarah Grimké, fille d'une riche famille de Charleston se voit offrir pour ses onze ans une petite esclave prénommée Handful.

Sarah refuse ce cadeau mais les convenances et la soumission à sa mère seront, au début de ce roman les plus fortes.

Puis de chapitre en chapitre Sarah s'affirmera.

Parallèlement, Handful, essaiera de se libérer de son statut d'esclave.

Le processus est lent et c'est ce qui donne de la consistance à ce livre. Il ne suffit pas de refuser l'esclavage en théorie, il ne suffit pas de vouloir sa liberté; il faut quelquefois toute une vie pour se libérer de ce -et ceux-qui nous entoure.

Merci à Babélio et aux éditions J.C.Lattès de m'avoir permis de vivre quelques heures avec ces héroïnes très attachantes qui luttent pour leur liberté.
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L'invention des ailes

Ce roman qui a pour sujet l'esclavagisme est en réalité une ode aux femmes qui ont lutté pour la justice, sous plusieurs formes.







Un roman fort, donc, qui nous expose de façon déchirante l'esclavagisme, et qui nous embarque à chaque page dans la quête de liberté de toutes ces femmes, héroïnes résolument modernes.
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L'invention des ailes

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L'invention des ailes

Ce roman est l'un des plus beaux que j'ai jamais lu, j'ai versée des larmes en lisant certains passages.J'ai eu énormément de mal à lire autre chose après l'avoir refermé.

Si vous ne l'avez pas lu, faites le.Pour moi, il fait partie des livres qu'il fat avoir lu avant de mourir tout simplement.

Ce roman fait reflechir, on se pose des questions mais les réponses on les trouve surtout au fond de nous même.

J'ai aimé l'amitié entre ces deux enfants Sarah et Handful,une amitié qu'elles rêvent éternelle hélàs la cruauté des hommes abîme tout, le personnage de Sarah m'a particulièrement touché, cet enfant qui idéalise son père qui finira par tant la déce voir...

et pensez souvent à cette citation extraite du roman qui moi m'a marqué :" Mon corps est peut-être esclave mais pas mon esprit. Pour vous c'est l'inverse."


Lien : https://lalectricecompulsive..
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L'invention des ailes

L’invention des ailes est une histoire basée sur des faits et des personnages réels. Sue Monk Kidd nous présente les sœurs Grimké, Sarah et Nina. On est au début du XIXème siècle, en Caroline du Sud. La jeune Sarah rêve d’étudier le droit, elle ne souhaite pas se marier, encore moins rester à la maison toute sa vie. Mais une femme ne travaille pas dans les années 1800, c’est une hérésie. Sarah se console en devenant la marraine de sa jeune sœur, Nina, davantage effrontée que son aînée. Ensemble, elles vont mener un combat révolutionnaire, tourner le dos à la religion et surtout, se consacrer à l’abolition de l’esclavage.



Ce roman est le destin croisé de Handful, esclave de l’âge de Sarah et des sœurs Grimké. J’ai aimé le fait que les personnages ne sont pas foncièrement bons. Sarah a beau être contre l’esclavage, elle s’est parfois montrée égoïste. De leur côté, les esclaves ne sont pas tous bons non plus, certains se dénoncent et sont prêts à s’écraser les uns les autres pour quelques faveurs. Sue Monk Kidd nous dresse un récit historique très intéressant avec une part de fiction bien écrite. J’ai pris plaisir à lire ce roman, à me mettre à la place des personnages. Je ne peux que saluer le courage des deux sœurs, qui ont dû s’exiler dans un autre Etat et qui ont dédié leur vie à convaincre les américains que les esclaves sont des hommes et devraient avoir les mêmes droits qu’eux. Elles ne sont pas restées à leur place de « femmes », ont quitté leur famille et n’ont pas renoncé à leur quête.



Pour conclure, L’invention des ailes est une belle et touchante histoire que l’on suit des points de vue d’Handful, l’esclave et de Sarah, l’indocile.
Lien : http://romansurcanape.fr/l-i..
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L'invention des ailes

Après avoir dévoré La colline aux esclaves le mois dernier et après l’avis plus que positif de Pretty Books sur ce livre, j’ai donc réussi à l’emprunter à ma bibliothèque pour ce qui s’annonçait être un bon moment de lecture.



Et effectivement, je n’ai pas été déçue.Dès les premiers mots de l’auteur, on est immergé dans cette période de l’Histoire où les prémices du féminisme et l’abolition de l’esclavage sont abordés de manière réaliste.



Le récit se fait en alternance avec les voix des deux héroïnes : Sarah et Handful. Deux femmes fortes dans deux univers diamétralement opposés pour une même quête : celle de la liberté. L’une a eu le malheur de naître noire et l’autre d’être une femme.



J’ai beaucoup aimé également les personnages secondaires, très attachants, comme Mauma, la mère de Handful.



Autre point positif de ce livre : la postface qui nous permet de découvrir que les sœurs Grimké ont réellement existé. Celle-ci nous livre une multitude d’informations sur la création de ce roman et les recherches qui ont été nécessaires à son élaboration.



J’ai donc passé un excellent moment et ce livre frôle le coup de cœur. Pour moi, il fait partie avec La colline aux esclaves et La couleur des sentiments entre autres, des incontournables à lire sur le thème de l’esclavagisme.



Un roman bouleversant et prenant servi par une superbe plume. Il me tarde maintenant de découvrir Le secret des abeilles écrit également par Sue Monk Kidd.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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L'invention des ailes

Une bien belle histoire

J'ai vraiment beaucoup aimé

Ces deux femmes ...l'une blanche riche et l'autre noire et esclave

amitié improbable

questionnement sur la place des femmes dans la société , sur l'esclavagisme

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L'invention des ailes

Un très beau roman à deux voix qui raconte l'histoire de deux petites filles qui se lient d'amitié Sarah et Handful. Une est blanche dans le sud et l'autre est noire et esclave. Un livre touchant et émouvant qui retrace bien cette époque.
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L'invention des ailes

Sarah est l'un des plus beaux personnages que l'on puisse lire du fait que son parcours est des plus extraordinaires pour une héroïne qui n'en a pas du tout les traits habituels. Cela l'a rend d'autant plus intéressante qu'elle est dotée d'un esprit indépendant et déterminé. Ce qui est prodigieux dans ce roman, c'est comment l'auteure a su décrire en parallèle les deux vies, celle de Sarah et celle de Hetty, l'une étant censée être libre et l'autre esclave alors que ces deux destinées se ressemblent et se confondent en étant le revers d'une même médaille. On ne sait d'ailleurs plus qui est du côté face ou du côté pile si cela devait être l'opposé l'un de l'autre. Sarah devient esclave de son esprit quand Hetty souffre d'une vie imaginée si elle était libre. Sarah sera souvent traversée par la mélancolie due à la frustration jusqu'à connaître des moments plus dépressifs. Hetty vivra des évènements marquants très douloureux dans sa chair. Mais toutes deux seront portées par la hargne de se libérer chacune à sa façon avec le temps, de la force et le dépassement de soi.

L'invention des ailes est un roman des plus instructifs concernant l'Histoire restée longtemps cachée car elle concerne des femmes. Comme le dit l'auteure en notes à la fin en parlant des soeurs Grimké qui vécurent dans la même ville qu'elle et dont elle n'entendit jamais parler : "que j'ignore leur existence relevait de mon insuffisance personnelle et venait confirmer le point de vue de Chicago selon lequel, au cours de l'Histoire, on avait gommé en permanence les exploits des femmes."

Toute la beauté de ce roman, à mon avis, est la prouesse de l'auteure à avoir su décrire la frontière très mince qui existait, il y a deux siècles, au sujet de la très relative situation de la femme apparemment libre, qui en de nombreux points et de façon certaine, n'était pas si éloignée de celle de l'esclavage.
Lien : http://ladyromance.over-blog..
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L'invention des ailes

J'ai refermé ce roman emplie d'émotions. La belle surprise de la postface fut de découvrir que les personnages principaux, les soeurs Sarah et Angelina Grimké, ont réellement existé. Des pionnières, militantes féministes et abolitionnistes de la première moitié du XIXème siècle, les femmes les plus célèbres et honnies des Etats-Unis. Leur pamphlet American slavery as it is, qui promeut non seulement l'émancipation immédiate des esclaves et l'égalité raciale ( point de vue radical et rare même chez les abolitionnistes ) a même inspiré Harriet Beecher Stowe pour La Case de l'oncle Tom.



L' intrigue est d'une grande force et promesse de romanesque. Sue Monk Kidd a choisi de centrer sa narration sur Sarah, l'aînée. Née à Charleston, Caroline du Sud, au sein d'une puissante et riche famille de l'aristocratie terrienne, dans un monde où posséder un esclave est aussi naturel que respirer. Sur une trentaine d'années, on suit sa longue métamorphose pour rompre avec sa famille, sa religion, sa terre natale, les injonctions sociales faites aux femmes de son milieu, jusqu'à devenir une paria et s'assumer comme telle.



Le piège avec ce genre de récit est soit de tomber dans le pathos larmoyant, facile, soit dans le récit sentencieux comme un catalogue de faits historiques édifiants. L'auteure ne tombe dans aucun de ces écueils car elle prend le parti de tirer du vaste matériel biographique qu'elle a récolte une histoire impressionniste, interprétant la voix et la vie intérieure d'une femme exceptionnelle.



Elle a inventé un magnifique personnage, celui de Handful, esclave offerte à Sarah pour ses dix ans, emballée dans des rubans violet. Leurs destins sont liés sur la trentaine d'années que couvrent le roman, chacune à la recherche de la liberté, ce qui rend très lisible le parallèle entre la lutte pour égalité raciale et celle pour l'égalité entre les sexes. Comment s'inventer des ailes en se servant des obstacles à surmonter ?



Une amitié fulgurante entre la petite blanche riche et l'esclave élevée par une mère rebelle n'aurait pas été crédible étant donné la dissymétrie des statuts et des vécus. L'auteure préfère proposer quelque chose de beaucoup plus subtil, une amitié qui se construit, parfois dans le malaise ou le ressentiment, sur la compréhension commune des épreuves traversées par l'autre, par les rebellions du quotidien. Les chapitres alternent à la première personne le vécu et le ressenti de chacune, éclairant souvent ce que l'autre a pensé précédemment, complétant et ajustant. Cette juxtaposition de leurs expériences d'oppression est très fort.



J'ai vibré au rythme de leurs espoirs écrasés, de leur solitude, de leurs douleurs à se construire en femmes libres au-delà des limites de leur sexe et de leur couleur de peau. Ce roman éclairant et profondément incarné résonne de mille petits combats individuels qui prennent une dimension universelle et ne peuvent laisser quiconque indifférents. Si l'écriture est fluide et fine pour transmettre les sensations et émotions, elle reste classique, un peu fade, en retrait par rapport à la force du récit, ce qui ne permet pas à ce très beau roman de se hisser à la hauteur de ceux de Tony Morrison, par exemple. Il manque un peu de rage ou de poésie à ses mots.
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L'invention des ailes

Elles ont le même âge, elles vivent dans la même maison, l'une est blanche, fille d'une riche famille de Caroline du Sud, l'autre est noire et esclave. En cette Année 1802, les parents de Sarah lui offrent Handful la jeune esclave en cadeau d'anniversaire, Sarah refuse mais comment faire valoir son aversion contre l'esclavagisme quand on a 11 ans ? Au fil des années un lien indestructible va se tisser entre les deux jeunes filles, et ni les conditions de vie tellement différentes, ni l'éloignement lorsque Sarah quitte la Caroline du Sud pour devenir un personnage important du mouvement abolitionniste, rien ne brisera le lien qui s'est créé entre les deux fillettes.

Deux femmes, deux destins entremêlés et un amour commun pour la liberté et pour l'égalité. Un roman fort, de ceux qui vous marquent et qu'on garde en mémoire. Une très belle lecture qu'on a du mal à quitter
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L'invention des ailes

J’ai vraiment beaucoup aimé cette lecture ! Je pense que cela provient d’abord du fait que nous alternons les points de vue de Sarah et d’Hetty (dont le prénom de naissance est Handful) tout au long du roman. Chaque chapitre est écrit à la première personne, ce qui nous permet réellement de nous imprégner de leur psychologie. Le roman est découpé en plusieurs grandes parties qui correspondent à des périodes importantes de la vie des deux jeunes femmes, couvrant au total une période d’une quarantaine d’années.



Ce qui fait la force de ce roman, c’est également le caractère de ces deux personnages. Comme je l’ai dit plus haut, chacune est vraiment éprise de liberté. Sarah, en dehors de ses idées abolitionnistes est également une fervente féministe. Très intelligente, elle adore lire et se passionne pour des sujets sérieux, habituellement dédiés aux hommes. Elle souhaite ardemment devenir juriste et, lorsqu’elle comprend que sa condition de femme risque de mettre ses désirs d’avenir en péril, elle n’aura de cesse de défendre ses convictions. C’est d’autant plus difficile pour elle qu’elle vit dans une société extrêmement conservatrice et qu’elle n’obtient guère de soutien de la part de ses proches. Handful, quant à elle, va comprendre très rapidement quelles sont les limites de sa condition d’esclave. Là encore, elle ne va cesser de les repousser pour vivre une vie la plus digne possible. Ce sont deux femmes fortes qui doivent lutter contre les lois que la société leur imposent. Elles vont s’épauler dans leur combat mais elles vont également se rendre compte que leurs vies sont extrêmement différentes et que chacune possède ses propres entraves.



Ce roman nous décrit avec beaucoup de justesse les difficultés d’une vie de femme à l’époque, qu’importe sa condition et ses envies de liberté. A l’une ou l’autre occasion, nous allons, par exemple, découvrir des failles dans le personnage très strict de la mère de Sarah qui semble être totalement opposée à toute idée d’émancipation féminine. Et si cette hostilité était une façon de se protéger de ses propres regrets ? Nous suivons également Nina, la jeune sœur de Sarah dont les idées sont encore plus radicales que celles de son aînée. Leur relation est d’ailleurs extrêmement intéressante car il arrive un âge où leurs rôles s’inversent et celle qui influence l’autre n’est plus celle que l’ont croit. Parmi les esclaves, nous suivons également Charlotte, la mère d’Handful qui refuse sa condition et voudra toujours qu’on se souvienne qu’elle était libre, au moins dans son esprit.



Nous découvrons également avec horreur les conditions de vie d’une « famille » d’esclaves : le peu de considération que leurs maîtres ressentent pour eux, même s’ils estiment qu’ils les traitent de manière on ne peut plus confortable. Il est vraiment difficile pour moi d’imaginer qu’on ait pu penser d’une telle manière : que les noirs ne valaient guère plus que du bétail ou des biens matériels et qu’il fallait les brider, « pour leur propre bien ». Toute cette violence assumée, justifiée par les « Saintes Écritures » (quelle hypocrisie !) et par la volonté de conserver un niveau de vie confortable, obtenu uniquement grâce à la sueur de ces personnes qu’on exploite. Sur quarante ans, nous voyons comment évolue le « cheptel » de la famille Grimké : avec quelle désinvolture les maîtres se débarrassent d’une nourrice qui ne sert plus, d’un majordome qui s’épuise ou d’un enfant trop maladroit et qui ne fait que retarder le travail des autres, le plaisir sadique et non assumé d’affliger des « punitions » pour le bien de ces « pauvres choses » qui doivent apprendre à obéir et à respecter l’autorité, l’ingéniosité des blancs pour trouver des châtiments toujours plus cruels, etc. C’est vraiment quelque chose qui m’a bouleversée. Et pourtant, nous nous apercevons que les esclaves gardent l’espoir d’être libérés un jour (ou devrais-je dire de se libérer), profitent de chaque petit moment de plaisir que leur accorde la vie et n’hésitent pas à se révolter de manière pacifique ou non, pour défendre leurs valeurs.



Enfin, ce qui m’a fait aimer ce roman davantage, c’est d’apprendre que les sœurs Grimké ont réellement existé : qu’elles sont véritablement des figures de l’abolitionnisme et de la pensée féministe du milieu du XIXème siècle aux Etats-Unis. Cela rend la lecture de ce roman d’autant plus importante, plus concrète. Cela m’a rendue curieuse de découvrir comment s’est formé le mouvement abolitionniste et à quel point il était lié au féminisme. Je pense qu’il ouvre pour moi de nouvelles perspectives pour mieux appréhender des sujets qui m’intéressent de plus en plus.
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L'invention des ailes

Quel coup de coeur pour ce livre !



J'ai adoré suivre l'histoire de Sarah, Nina, Hetty et les autres. Toutes les thématiques sont traitées avec beaucoup de justesse et de réalisme, que ce soit au niveau de l'esclavage ou de la place de la femme dans la société.



J'ai appris après ma lecture, grâce aux notes de l'auteur, que Sarah et Angelina Grimké avaient réellement existé et que ce livre était une version romancée de leur véritable histoire. ça n'a fait que renforcer mon coup de coeur pour ce roman !



Sue Monk Kidd a vraiment réussi à approfondir la psychologie de ses personnages et construire des relations très fortes entre eux. J'ai beaucoup aimé également toute la galerie de personnages secondaires, et notamment Charlotte qui est incroyable !



Comme avec La couleur des sentiments, j'ai beaucoup appris sur l'esclavage au Etats-Unis, notamment avec les punitions infligées aux esclaves "désobéissants"... Cela donne des scènes très difficiles à lire mais nécessaires pour comprendre ce qu'il se passait réellement pendant cette période.



On apprend aussi beaucoup sur la cause abolitionniste en général, sur le mouvement Quaker, et sur la façon dont les mentalités ont pu évoluer. Sarah est un personnage marquant, avec des réflexions pertinentes et modernes par rapport à son époque sur la condition des esclaves mais également sur celle des femmes en général.
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L'invention des ailes

Une belle histoire qui nous plonge dans une période où l'esclavage était installé mais où certain(e)s commençaient à se révolter et à agir pour que cela cesse. Une histoire de deux enfants qui tout au long de leurs vies vont se fortifier dans leurs rébellions respectives. Une histoire qui nous conte aussi les conditions de vie et les coutumes des uns et des autres. Bref c'est une histoire qui se lit très bien et qui vous fait passer un moment agréable même si l'histoire elle-même prête plutôt à pleurer tant cette époque devait être difficile pour celles et ceux qui ne sont pas nés du bon côté. A noter qu'on y voit aussi que dans le milieu "blanc", les femmes étaient elles aussi une sorte d'esclaves par rapport aux hommes.
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L'invention des ailes

Pour son onzième anniversaire, Sarah Grimké se voit offrir Handful, une jeune esclave. Elle est révoltée par ce cadeau qu’elle tente de refuser, puis finit par se lier d’amitié avec la jeune fille, qu'elle promet de libérer. 

Je reste sans voix en refermant ce roman. C’est en lisant les notes de l’auteur à la fin du livre, que j’ai su que les sœurs Grimké dont il est question, ont réellement existé, que ce combat pour l’abolition de l’esclavage était bien le leur, que ces deux femmes ont accompli de grandes choses. Et je m’en veux de mon ignorance. Pourquoi n’ai-je jamais entendu parler de Sarah et Angelina Grimké ? Même s’il s’agit bien là d’une fiction et que Sue Monk Kidd reconnait avoir brodé autour de la vie des frangines, les faits historiques sont bien réels et le roman est hyper bien documenté.

Un vrai coup de coeur. 
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L'invention des ailes

4e de couverture : Caroline du Sud, 1803. Fille d'une riche famille de Charleston, Sarah Grimké sait dès le plus jeune âge qu'elle veut faire de grandes choses dans sa vie. Lorsque pour ses onze ans sa mère lui offre la petite Handful comme esclave personnelle, Sarah se dresse contre les horribles pratiques de telles servilité et inégalité, convictions qu'elle va nourrir tout au long de sa vie. Mais les limites imposées aux femmes écrasent ses ambitions.

Une belle amitié naît entre les deux fillettes, Sarah et Handful, qui aspirent toutes deux à s'échapper de l'enceinte étouffante de la maison Grimké. À travers les années, à travers de nombreux obstacles, elles deviennent des jeunes femmes avides de liberté et d'indépendance, qui se battent pour affirmer leur droit de vivre et se faire une place dans le monde.

Ce livre m’a été prêté. Quand j’ai juste lu la première phrase du résumé, je me suis dit que j’allais adorer.

Et bien oui !

C’est une belle histoire d’amitié entre une fille riche et son esclave. Sarah n’a jamais voulu avoir une esclave mais les traditions, les lois même, l’y obligent.

Elle voulait être juriste ou avocate, mais une femme n’avait pas le droit à cette époque.

Sarah devient Quaker (les quaker sont abolitionnistes) et sa ténacité lui permettra de faire entendre son histoire et son combat.

Je ne connaissais pas les quaker, j’ai appris beaucoup dans ce livre.

Moi qui adore cette période de l’Histoire et cette thématique, je suis heureuse d’avoir découvert cette histoire.

Je n’avais pas encore vu ce livre sur insta, et pourtant il date de 2016, il mériterait d’être plus connu.

Et surtout, Sarah Grimké n’est pas un personnage de fiction, elle a bel et bien existé. Il s’agit de sa biographie un peu romancée.


Lien : https://www.instagram.com/al..
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L'invention des ailes

👱‍♀️👩🏾 L'invention des ailes - Sue Monk Kidd 👩🏾👱‍♀️

Traduction : Laurence Kiefé @editions1018



Charleston, 1803. Sarah Grimké, fille d'un grand planteur et magistrat à la cour de Caroline du sud, fête ses 11 ans et se voit offrir Handful, une jeune esclave. Révoltée par le fait de posséder un être humain, Sarah refuse le cadeau de sa mère mais se voit vertement remise à sa place : c'est une fille de bonne famille du sud, il est hors de question de remettre l'esclavage en question. C'est ainsi que les vies de Sarah et Handful se lient. Ces deux filles sont toutes les deux avides de liberté et ne cesseront de chercher à s'émanciper, à se faire une place dans ce monde qui ne les considère guère. Sarah, qui a vu ses illusions de petite fille déçues : elle n'aura pas accès à l'instruction de ses frères, ne deviendra jamais juriste, n'aura pas le droit d'exposer ses idées anti-esclavagiste car la seule chose que l'on attend d'elle est un comportement irréprochable, un bon mariage et des enfants ; va se battre pour le droit des femmes et l'abolition de l'esclavage. Handful, elle, comprend qu'elle n'aura jamais le droit aux beaux livres de Sarah ou aux belles robes que coud sa mauma pour les Grimké, elle est esclave et ne peut rien faire sans l'autorisation de sa Missus sous peine d'être punie sévèrement. Mais elle refuse d'accepter sa condition et n'hésite pas à braver les interdits... Ce roman est inspirée de l'histoire vraie des sœurs Grimké, Sarah et Angelina, les premières féministes des États-Unis et des abolitionnistes très engagées. L'auteure reconnaît cependant avoir pris des libertés sur les pensées de Sarah et sur la relation entre Sarah et Handful, qui si elle a vraiment existé, est décédée très tôt.

C'est un roman émouvant où l'on suit les vies de ces deux femmes qui se battent pour leurs libertés. Je suis passée par beaucoup d'émotions avec ce livre, la colère, la frustration, la révolte mais aussi la tendresse et l'espoir. Suivre leurs combats pour le droit à la parole, pour la liberté, pour le droit d'exister ne peut pas nous laisser indifférent(e)s.
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L'invention des ailes

Merveilleux livre sur la cause des abolitionnistes et des femmes en Caroline du Sud 1803. Le livre raconte l'histoire de Sarah et Angelina Grimké, parmi les premières femmes abolitionnistes blanches et féministes aux Etats-Unis.

Célèbres pour leurs pamphlets et manifestes, pour leur engagement.
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« Cette mer que je devais rencontrer sur tant de rivages baignait à Brest l’extrémité de la péninsule armoricaine : après ce cap avancé, il n’y avait plus rien qu’un océan sans bornes et des mondes inconnus ; mon imagination se jouait dans ces espaces. Souvent, assis sur quelque mât qui gisait le long du quai de Recouvrance, je regardais les mouvements de la foule : constructeurs, matelots, militaires, douaniers, forçats, passaient et repassaient devant moi. Des voyageurs débarquaient et s’embarquaient, des pilotes commandaient la manœuvre, des charpentiers équarrissaient des pièces de bois, des cordiers filaient des câbles, des mousses allumaient des feux sous des chaudières d’où sortaient une épaisse fumée et la saine odeur du goudron. » Qui a écrit ces quelques lignes ?

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