Terrasses, concerts, fête de la musique
le pire est peut-être derrière nous mais pour certains, ça ne fait que commencer. Intéressons-nous aux Français qui vivent mal le déconfinement, ou la tentation de l'auto-confinement.
Les psychologues s'intéressent plus particulièrement aux individus souffrant du syndrome de la cabane ou la peur de sortir de chez soi, alors que les injonctions se multiplient, entre réouverture des terrasses et fin du couvre-feu. Un repli sur soi de plus en plus visible dans la société française, qui existe pourtant depuis des années, accentué par la perte du sentiment collectif et la montée de l'individualisme. Un phénomène structurel de notre société qui risque aujourd'hui d'exploser.
Sophie Braun est psychanalyste et psychothérapeute. Auteure de "La Tentation du repli" (Mauconduit, 2021) et de "C'est quand la vie ? Paroles de jeunes, éclairages d'une psy" (Mauconduit).
André Comte-Sponville est philosophe, auteur du "Dictionnaire amoureux de Montaigne" (Plon) et de "Que le meilleur gagne !" (Robert Laffont)
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Ce que l'on nomme la force de vivre, la faculté d'affronter les épreuves, me semble résider dans la capacité de l'espace intérieur (l'espace psychique) à accueillir et transformer les émotions, les sensations, les épreuves pour qu'elles prennent un sens intime. Quand cet espace est suffisant, le psychisme se déploie en trois dimensions, comme un cube qui contient les émotions, les relie à la pensée et peut les ranger dans une dimension temporelle (rendre au passé ce qui lui appartient, goûter le présent et envisager l'avenir). C'est, de mon point de vue, le lieu de rencontre du corps et de l'esprit. Ainsi, la vie psychique a notamment pour fonction d'assister le corps, de l'aider à supporter les chocs successifs, qu'ils arrivent de l'intérieur ou de l'extérieur.
Le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott le résume en une simple formule: "Se cacher est un plaisir, ne pas être trouvé est une catastrophe."
le poids du collectif restreignait fortement les choix individuels, mais cela donnait la force d’accepter les contraintes et les limites. Le collectif enferme autant qu’il sécurise et stabilise.
Quand l’« autre » est vécu comme un envahisseur, toute relation est difficile, voire, dans les cas extrêmes, impossible.
L’aspiration à la liberté, largement symbolisée en France par la révolte de Mai 68, s’est transformée en un diktat absolu au cours des dernières décennies : chacun doit disposer de sa vie, se sentir libre, décideur, épanoui et serein. Difficile d’être à la hauteur.
Contrairement à une personne, l’objet, lui, est toujours disponible, jamais frustrant.
la vie, le souffle, le corps demandent à vivre, à expérimenter sous peine de dépérir. S’embrasser, se prendre dans les bras, faire l’amour, jouer et se rouler dans l’herbe sont des sensations que le corps réclame.
nous savons que la frustration est nécessaire pour ouvrir l’espace à la naissance d’un désir et avoir l’envie de se battre pour le réaliser. À quoi sert de se battre quand on a déjà tout ce dont on a envie ?
La comparaison incessante mène à la haine, soit à la haine de soi et à la dépression, soit à la haine de l’autre pour tenter d’affirmer sa supériorité.
Devenir autonome, c’est en grande partie résister aux forces inconscientes qui nous poussent à rester des enfants.