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Critiques de Sofia Aouine (168)
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Rhapsodie des oubliés

Abad, qui regarde avec les yeux d'un jeune ado la vie de sa banlieue, y aborde, avec le vocabulaire qui est le sien, le proxénétisme, le terrorisme, l'islam, l'exclusion, et ses galères chez le juge des enfants...



Pour ma part, j'ai trouvé cette lecture intéressante et sympa, voire quelque peu "cocasse". Intéressante à lire car on y découvre le monde des banlieues de l'intérieur, et à travers les yeux d'un enfant.

Et cocasse car on emprunte les mots, le regard, les valeurs et le jugement de Abad, qui est fougueux, rebelle et éternellement optimiste.



Mais malgré tout, je n'ai pas été transportée ni bluffée. Le roman manquait selon moi de profondeur ; il restait beaucoup trop en surface au vu du sujet abordé, et sectionnait les expériences de vie de chaque personnage et les différentes problématiques qui se posent dans les banlieues. Au risque de perdre une vue d'ensemble, et l'attention du lecteur ...
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Rhapsodie des oubliés

Abad, treize ans, habite rue Léon, à Barbès. Depuis qu’il a fui le Liban avec ses parents, sa vie s’est mise à tourner de travers. Entre les coups de son père, détruit par l’exil et l’humiliation de ses abrutissantes conditions de vie parisienne, et le silence dans lequel s’est retranchée sa mère, l’adolescent s’est laissé happer par la rue. Dérivant de bêtise en bêtise jusqu’aux marges de la délinquance, en tout cas rapidement assimilé « malfaisant », il raconte son existence : la jungle qu’est l’école, la rue qui remplace sa famille, la vie de son quartier et de ses laissés-pour compte, comme Gervaise la prostituée au destin tragique, Odette la vieille dame abandonnée à l’hospice, ou Batman la jeune fille séquestrée par son frère salafiste…





La langue de ce monologue coloré et rythmé est celle d’un gamin des cités : argotique, crue, pas toujours totalement compréhensible, encombrée des obsessions sexuelles de l’adolescent, elle donne au récit des accents d’authenticité et maquille d’une fausse naïveté le regard tout en acuité de l’auteur sur la vie des quartiers dits sensibles.





Avec beaucoup de tendresse, mais aussi de virulence, Sofia Aouine nous fait entendre une sorte de complainte des oubliés de notre société. Appelant à la lumière les fractures qui séparent plusieurs générations de personnages littéralement dévorés par leur environnement et leurs malheurs, elle dénonce le terreau que représentent l'isolement et le désespoir pour les engrenages violents en tout genre : délinquance, drogue, prostitution, sectarisme…





Malgré quelques réticences, liées au découpage très marqué entre les histoires, quasi juxtaposées, de chaque personnage, à l’absence d’une véritable conclusion et à la présence de quelques clichés, j’ai été globalement emportée par ce récit dérangeant et plutôt poignant, à la fois tendre et rageur, aux personnages attachants et crédibles, et où l'on devine parfois une résonance toute personnelle avec certains éléments de la biographie de l'auteur.


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Rhapsodie des oubliés

Pour un premier roman, ce coup d’essai est un coup de maître ! Abad, jeune adolescent originaire du Liban arrive à Paris avec ses parents et découvre un quartier, ses habitants, ses habitudes, ses vicissitudes, ses odeurs...Une écriture truculente, explosive, imagée, inventive, rythmée nous entraîne dans un univers jubilatoire. La grande maîtrise du style, l’empathie que dégagent les personnages situe d’emblée l’auteure entre Romain Gary et son « momo » de la vie devant soi et Zola et sa « gervaise » et cela est remarquable.
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Rhapsodie des oubliés

Le 18e dans toute sa noirceur et sa mixité.
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Rhapsodie des oubliés

Barbès, quartier de la Goutte d'Or à Paris. C'est là que vit Abad, treize ans, un immigré d'origine libanaise. Dans ce récit, l’adolescent nous conte la laideur du béton, l'odeur de poubelles, la diversité ethnique qui pullule dans sa rue, nuit et jour. Il y a également l'usine qui avale les hommes pour un salaire de misère.



Dans son quartier, s'endurcir est une nécessité pour survivre face à la drogue, la violence, la prostitution qui s'infiltrent dans tous les atomes de sa rue. Abad, lui, connait ses premiers émois amoureux, enchaîne les bévues et se retrouve condamné par les services sociaux à consulter une psy chaque mardi. 



Ce roman, c'est l'histoire d'un quartier, d'une population en souffrance, l'histoire de laissés-pour-compte que Sofia Aouine nous dépeint à travers la voix du jeune Abad. Avec son franc-parler et sa lucidité, le garçon nous immisce dans le quartier où il est englué, dans lequel les désillusions fracassent les rêves.



Heureusement, Abad peut compter sur quelques personnes. Des êtres cabossés par la vie qui gravitent autour de lui et que nous découvrons tour à tour.



La plume de Sofia Aouine se démarque ici par son originalité, par ses magnifiques envolées. Elle virevolte, harponne le lecteur, bouscule. Des phrases rythmées, intenses et un souffle poétique qui m'a séduite. Les mots sont crus, vivants, percutants et drôles pour raconter le triste quotidien, la pauvreté et le manque d'amour.



Un très beau premier roman, à la fois dramatique et lumineux.   
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Rhapsodie des oubliés

Lorsque je referme un livre et que mon cerveau s'active en mode pause, out, no signal, plus de batterie, non disponible, comme si je planais et que je ne savais pas à quel moment je serais en mesure de redescendre - enfin bref vous voyez le contexte - cela signifie que j'ai passé un sacré moment littéraire ! Durant cette lecture, c'est toute une playlist musicale, des titres de films - chers à mon coeur - celle de mon enfance, une partie de mon adolescence qui se sont mis à tourner en boucle dans ma tête. La culture hip-hop, soul qui a influencée l'auteure et qui ressort de ce roman, cela me parle tout simplement ! Et puis je connais... le cynisme mélangé à la vigueur colorée qui sont quelques souvenirs du bitume passé.



La Goutte d'or, Paris XVIIIe, Abad treize ans nous embarque en virée de tous les instants dans son quartier, à Barbès, qu'il nous retranscrit comme maudit. Il y a de la noirceur qui teint les murs en laissant les traces meurtries, il y a des âmes perdues qui n'attendent plus, des anges déchus ayant atterri avec tant d'espoir dans les bras de la divine patrie. Cette espérance qui réapparaît le temps de moments égarés.



Abad sait... mais cette fierté, elle ronge, cette peur elle dévore, ces questions sans réponses elles vous laissent sur le côté, parce qu'il n'y a pas forcément d'exemple et quand le modèle manque alors on s'en va chercher ailleurs et ce n'est peut-être pas ce qu'il y a de meilleur. Penser l'idéale un peu, pas longtemps, ou alors c'est trop loin lorsque le mot "délaissé" résonne froidement à longueur de journée.



Ce roman sonne comme du rap conscient posé sur su un sample de musique classique. Toutes les vérités que cet adolescent déverse « la rage d'amour » au ventre... c'est du texte brut que Sofia Aouine distille tout au long des pages. C'est une plume sans complaisance dont toutes les lettres, les phrases vous marquent à l'encre poétique. Chaque chapitre est un hommage consciencieux et concentré en une multitude d'émotions. La parole est donnée à travers des personnages au portrait réel de la société. C'est une actualité qui s'enchaîne, qui s'interroge et dénonce les faits.



Un bouquin qui nous invite à nous intéresser, à essayer de comprendre et de se rendre compte de ce qu'il peut en être. Une ouverture d'esprit de citoyen à citoyen. Une profonde et intense humanité. de l'attention en demande et à donner.



Ce joyau de la collection rubis n'est pas comme je pourrais l'écrire habituellement « mon coup de coeur » non ! Pour ce livre - et peu importe si c'est la même chose - je le ressens plus en vous disant que... c'est mon COUP DE FOUDRE !


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Rhapsodie des oubliés

= Les choix d’un enfant de treize ans et ces conséquences. =

Abad, treize ans est un émigré du Liban, sa famille est venue s’installer en France dans le quartier de Barbès, la Goutte d’Or.

A cet âge où les hormones se mettent en ébullition, où l’amour a beaucoup d’importance, Abad va devoir faire des choix qui parfois ne vont pas l’emmener vers le bon chemin qu’il pensait faire.



L’autrice va utiliser l’écriture du langage familier des rues pour raconter l’histoire de ce jeune homme en devenir.

Langage qui peut paraître au premier abord cru et il l’est, mais bien utiliser dans le contexte de l’histoire.

Ça m’a un peu perturbé au début, mais peu à peu je m’y suis habitué et j’ai compris son choix.



Elle va raconter la vie de ce jeune vivant dans un monde réduit à une rue qui est le miroir d’une époque, d’une vie où la pauvreté est mise en avant et où tout est bon pour gagner sa croûte.



‘‘Certains de nos grands frères jouaient les pères quand les hommes de la famille étaient au placard ou trop démissionnaires. La rue Léon est presque devenue notre mère, notre père à tous sans qu’on s’en aperçoive. Chez moi, le frigo est vide comme tout l’appart et les placards. Je préfère encore me goinfrer du chaos de cette pute de Léon que de crever de la dalle à attendre qu’Odette rentre aussi de l’hôpital. Elle m’a laissé ses clefs et des tonnes livres et de disques pour qu’on ait de quoi causer quand elle rentrera.’’

Cette histoire est aussi celle de belle rencontre d’un jeune avec des personnes issues de différente culture mais aussi de différents mondes qui vont lui apporter beaucoup et changer sa vision de la vie.

Je pense notamment de sa rencontre avec Ethel Futterman : psychanalyste, personnage atypique que j’ai beaucoup apprécié.



Une belle histoire, qui se lit sans tomber dans le mélo et ce malgré les obstacles de la vie.

Un roman que j’ai beaucoup apprécié, un premier roman réussi pour Sofia Aouine que je recommande à tous les amateurs de nouvelle découverte livresque.


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Rhapsodie des oubliés

Rhapsodie des oubliés parle de l’importance de nos racines, de la dureté de la rue, du récit qu’on se construit à propos de notre propre vie. L’écriture d’Aouine est colorée, rythmée, parfois violente. Il y a des images fortes et quelques clichés, mais dans l’ensemble, ce premier roman est très réussi et annonce une nouvelle voix très prometteuse.
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Rhapsodie des oubliés

Abad, le poulbot de la Goutte-d’Or



Sofia Aouine fait des débuts fracassants avec sa Rhapsodie des oubliés. Elle met en scène Abad, un adolescent plein de gouaille et de rêves, qui entend sortir du destin misérable qui lui est promis.



«Ma rue raconte l’histoire du monde avec une odeur de poubelles. Elle s’appelle rue Léon, un nom de bon Français avec que des métèques et des visages bruns dedans.» Dès l’incipit, le ton est donné, le style est là, quelque part entre un naturalisme baroque et un air de rap, entre Zazie dans le métro et La vie devant soi. C’est du reste sous l’exergue de Romain Gary / Émile Ajar que ce premier roman – logiquement sélectionné pour le Prix du style 2019 – s’inscrit. Cette gouaille, ce sens aigu de l’observation est celui d’Abad, 13 ans, qui va nous faire découvrir sa rue, ce quartier du Nord-Ouest de Paris qui est aussi présent dans Après la fête de Lola Nicolle. Outre les descriptions des faits – et surtout des méfaits – qui font le quotidien de ce microcosme cosmopolite, nous aurons aussi droit à des portraits croqués avec la même force d’évocation, la même fausse naïveté du regard de l’enfant qui perd son innocence face à la dureté du monde qu’il côtoie jour après jour. Il y a d’abord ses parents, qui ont surtout appris à se taire pour se fondre dans la masse, à jamais orphelin de ce Liban qu’ils ont dû fuir. Puis viennent une jeune fille aperçue derrière la fenêtre d’une tour voisine et qui est retenue par son salafiste de père, Ethel Futterman la psy chez qui on l’envoie pour tenter de la remettre dans ce droit chemin dont chacun a pourtant bien compris qu’il n’existe qu’en rêve et qui est une rescapée des rafles de juifs durant l’Occupation ou encore Gervaise, la pute qui espère pouvoir revoir sa fille restée au Cameroun selon le schéma détaillée par Karine Miermont dans Grace l’intrépide, sans oublier Odette, sa voisine, qui va finir en EPHAD, rongée par la maladie d’Alzheimer.

Oscillant entre comédie loufoque comme le camp d’entrainement des Femen qu’il découvre de sa fenêtre et qui va donner lieu à une belle empoignade entre féministes, intégristes – les barbapapas – et forces de l’ordre ou encore ce trafic mis en place avec un camarade de jeu dans le vestiaire et qui permettait de reluquer les filles tout en se masturbant. Une activité beaucoup pratiquée tout au long du roman et que l’on pourra interpréter comme une preuve de vitalité soit comme qui va mal finir, comme à peu près toutes les initiatives prises par Abad et qui vont finir par le séparer de sa famille pour se retrouver au milieu d’autres «cassos» dans une famille d’accueil en baie de Somme.

Mais avant cela, il aura beaucoup appris et beaucoup mûri. Compris comment on tenait les prostituées, comment on parvenait à radicaliser les musulmans, comment on éloignait tous les gêneurs qui entendaient ne pas se soumettre aux règles des intégristes. Et décidé de résister, de ne pas se laisser avoir à son tour et continuer à faire les 400 coups.

Avec les livres et avec les mots. Avec Marguerite Duras et avec le petit carnet noir que lui a donné sa psy. C’est ainsi que Sofia Aouine est devenue grande et qu’elle réussit à nous enchanter. À suivre de près !




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Rhapsodie des oubliés

Abad 13 ans réfugié libanais, habite à Paris rue Léon, ici c'est Barbès le quartier de la Goutte-d'Or. Sa rue a la gueule d'une rue bombardée, une gueule de décharge à ciel ouvert, une rue qui ne dort jamais. Une rue parsemée des vomis des clochards et des seringues des toxicos. Un refuge d'éclopés, de cassos, d'âmes fragiles. Les prostituées côtoient les drogués et les « Barbapapas », les islamistes qui gangrènent le quartier.



Abad est obsédé par ce qu'il a dans son slip. Alors il pratique « la branlette », le seul sport des garçons de son âge, tout en rêvant aux filles. Comme celle d'en face, un visage de princesse au milieu des ordures, bientôt revêtue d'un tissu noir qu'on lui a imposé quand elle est devenue femme.

« Une fille, ça s'échappe pas. C'est un oiseau dans une cage fermée à double tour. À moi, des ailes me poussent. Je me suis souvent blessée en essayant de les couper. »



Un roman réaliste porté par une langue crue, souvent vulgaire, mais qui sonne juste dans la bouche de ce jeune garçon, une plongée dans un monde qui est une ville dans la ville avec ses règles, ses caïds, ses laissés pour compte. Sofia Aouine à travers les yeux d'Abad 13 ans, une sorte de Gavroche d'aujourd'hui qui nous entraîne dans son quotidien. J'ai été touché par ce récit, principalement par les portraits tendres de femmes au passé douloureux. Ethel la psy, la femme qui « soigne de l'intérieur », marquée par le drame de sa famille juive. Odette, la vieille voisine, elle lui lit des livres et lui raconte des histoires à dormir debout et puis sa mémoire qui lâche, elle se souvient parfois, mais cela devient de plus en plus rare. Gervaise, une Africaine qui tapine pour rembourser une dette qui n'en finira jamais, et retrouver enfin sa fille au pays.

« Vous savez, une pute, c'est une belle qui a grandi trop vite. Même si vous pensez que c'est juste une pute, je le sais et je vous le dis, une pute, c'est une maman aussi. »

Toutes ces femmes vont donner de la tendresse et de la chaleur humaine à cet adolescent qui en manque terriblement.



Ce roman aborde des thèmes très actuels, le sort des mères et surtout des jeunes filles emprisonnées par la religion de leur père, La montée de l'islamisme dans les quartiers avec des jeunes hommes, jihadistes de carnaval, qui se vantent d'avoir passé quelques mois en prison, d'avoir tenté le Jihad en Syrie et d'être fiché S. La violence des pères.

« On est beaucoup dans ma rue, et même au collège, à être élevés par des droites et qu'on fait taire avec des bonbons. La principale religion à la maison s'appelle le silence. Pour éviter les problèmes et espérer être un peu heureux, la tactique à employer est de fermer sa gueule, baisser la tête, raser les murs. Alors c'est ce qu'on fait, maman et moi. »



Deux regrets cependant, l'auteur insiste beaucoup trop sur les désirs sexuels d'Abad et cela devient un peu répétitif. Ensuite elle entrecoupe son récit de deux histoires courtes vécues par deux femmes et cela aurait sans aucun doute mérité que l'on s'y attarde davantage.

Heureusement que l'écriture semble légère, grâce à la fraîcheur du narrateur, car en fait derrière se cache une histoire terrible, la réalité des certains quartiers sensibles, et comme toujours ce sont les femmes qui en payent le plus lourd tribut. C'est d'une tristesse infinie.





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Rhapsodie des oubliés

Nourri des blessures d’une jeunesse en familles d’accueil, le livre de Sofia Aouine exalte la poésie du quotidien dans une prose rugueuse, rythmée par les musiques urbaines. Tissée de références, cette complainte de la Goutte-d’Or n’en est pas moins une œuvre originale, une ode poignante aux cœurs brisés, aux sans-sommeil, aux enfants inconsolables.
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Rhapsodie des oubliés

« Rhapsodie des oubliés », Sofia Aouine, RL2019, Éditions de La Martinière



Abad, petit oublié, migrant de Barbès. Gervaise, petite oubliée, pute des trottoirs du XVIIIe. Colette, petite oubliée, mamie inutile mise au ban des travailleurs. Ethel, petite oubliée de mère en fille de la France collabo. Nour, petite oubliée, voilée et enfermée par sa famille. Les parents, petits oubliés dans leur misère de travailleurs non protégés…



Des portraits vrais, attachants, portés par une langue crue et réaliste dans la bouche de ce gamin de 13 ans déjà brisé par la vie mais qui continue d’espérer.



Sophia Aouine, nous embarque dans cette rhapsodie rythmée sur les pavés de la Goutte d’Or, où chacun doit faire son trou dans la misère ambiante, au milieu de la mafia islamiste à l’odeur de pisse et de crottes de chiens.



Je vous recommande vivement ce premier roman, un Zola des temps modernes (comment ne pas ignorer le clin d’œil à Nana et Gervaise), en passant outre le choc du langage des premières pages et de l’obsession d’Abad pour la branlette.



C’est un cri des oubliés de la Terre à deux pas de chez nous et c’est un coup de cœur pour moi.

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Rhapsodie des oubliés

Un roman qui m'interroge car je ne sais pas si je "l'ai aimé".

L'écriture est très crue, familière, violente parfois. C'est un style très particulier qui se lit mais qui peut déranger par moment.

Néanmoins, l'histoire est réaliste par la rudesse des quartiers, de la scolarité, des différents peuples. L'auteure sait mettre en avant aussi toutes les difficultés sociales de la jeunesse entre la drogue, le sexe, et la religion.

Donc la forme est particulière je dirais, mais le fond est très intéressant.

Je ne pense pas que je l'aurais acheté si je l'avais eu entre les mains en librairie. Mais grâce aux 68 Premières Fois, j'ai pu prendre plaisir à le lire et à découvrir cette façon d'écrire.

Paris n'est pas forcément la plus belle ville du monde...


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Rhapsodie des oubliés

RÉSUMÉ



" Ma rue raconte l'histoire du monde avec une odeur de poubelles. Elle s'appelle rue Léon, un nom de bon Franc¸ais avec que des métèques et des visages bruns dedans. "

Abad, treize ans, vit dans le quartier de Barbès, la Goutte d'Or, Paris XVIIIe. C'est l'âge des possibles : la sève coule, le cœur est plein de ronces, l'amour et le sexe torturent la tête. Pour arracher ses désirs au destin, Abad devra briser les règles. À la manière d'un Antoine Doinel, qui veut réaliser ses 400 coups à lui.

Rhapsodie des oubliés raconte sans concession le quotidien d'un quartier et l'odyssée de ses habitants. Derrière les clichés, le crack, les putes, la violence, le désir de vie, l'amour et l'enfance ne sont jamais loin.

Dans une langue explosive, influencée par le roman noir, la littérature naturaliste, le hip-hop et la soul music, Sofia Aouine nous livre un premier roman éblouissant.



MON AVIS



Un premier roman remarquable dans lequel l’auteure écrit comme parlerait chacun de ses personnages et notamment Abad, ce jeune garçon issu de la Goutte d’Or. C’est justement par sa manière d’écrire que Sofia Aouine m’a conquise. Langage cru et parfois abrupt, phrases longues, phrase courtes… Tout est là pour vous embarquer dans une lecture au rythme saccadé, effréné. Vous ne lâchez plus le livre avant la fin. Elle alterne aussi parfaitement les registres de langue selon qu’elle prend le point de vue de l’un ou l’autre de ses personnages. 



Sofia Aouine nous emmène donc dans ce roman à suivre le quotidien d'Abad, un adolescent d'origine libanaise de 13 ans qui vit dans le quartier de la Goutte d’Or au coeur du Paris populaire mais aussi à une sinistre réputation. Le lecteur vit et vibre avec ce quotidien pour le jeune Abad.



Immersion totale



En racontant cette histoire avec le personnage d’Abad, elle nous plonge directement dans ce quartier, au milieu de ses habitants, de ses habitués, de ses habitudes... On y plonge d’autant mieux qu’elle utilise une narration avec le vocabulaire d’Abad. On est Abad en lisant les chapitres de son point de vue. On le comprend, on ressent les émotions qu’il éprouve... Tout est vrai, les mots sont durs, cash je dirais même. C’est l’ado qui parle et on y croit. J’ai adoré aussi  la manière de décrire ce qui l’entoure avec les « imams 2.0 »  et les qualificatifs qu’il attribue à ceux qu’il croise et notamment cette psychologue. C’est fin et plein d’humour à la fois.



Ce roman vous prend aux tripes



Sous ses apparences un peu rugueuses, racaille presque, se cache un jeune garçon sensible, emphatique, soucieux des autres et surtout animé d’une vraie volonté de sortir de ce chemin misérable tout tracé à cause de ses origines très modestes. C’est fort, ça prend aux tripes ! 



Les femmes sur le chemin de vie d’Abad occupent une place de choix : il y a Ethel la psychologue bien entendu, mais aussi Batman, la jeune fille voilée dont il tombe amoureux à travers sa fenêtre et des ombres entraperçues, Odette, la vieille voisine, Gervaise la prostituée africaine... Elles vont toutes à leur manière aider Abad.



Bref un premier roman très réussi et magnifique ! 


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Rhapsodie des oubliés

Ce roman, depuis sa sortie, fait beaucoup parler de lui...et on comprend pourquoi, car, pour un premier roman, c'est une franche réussite !



À travers, l'histoire d'Abad, c'est tout le mal-être de la jeunesse, tout le mal-être des habitants de la banlieue qui nous est présenté, grâce notamment à cette écriture particulière, qui flirte avec le comique (bien que ce langage soit réel) et qui, certes, respire la violence contenue, mais également toute la compassion de l'auteur pour ces fameux oubliés dont elle a fait des héros : les immigrés, les prostituées, les jeunes de la banlieue, la fille de déportés...



Un roman au style, certes, particulier, mais qui est une véritable réussite sur toute la ligne.
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Rhapsodie des oubliés

J'ai découvert ce roman grâce à l'association des 68 premières fois.



Rhapsodie des oubliés, quel ovni !

Ce livre est une tranche de vie, de vie réelle. Je n'ose imaginer combien d'enfants vivement actuellement dans la même situation que Abad. La plume de l'auteure, parfois crue, reflète la réalité du quartier. J'ai eu l'impression d'y être, vraiment.

Je pense que ce livre ne plaira pas à tous, c'est assez lent, ce n'est pas un livre d'action. Mais c'est un bel écrit, parfois bouleversant, parfois touchant. Au delà de la dureté de ce quartier, on découvre en Abad un jeune adolescent touchant, perdu, attendrissant. J'ai particulièrement aimé sa relation avec Odette, la voisine.

L'écriture nous transporte vraiment et on enchaîne les pages sans s'en rendre compte.

Je recommande ce roman aux amoureux des écrits de Romain Gary, j'ai totalement senti son influence dans ce livre.

Une étonnante découverte que je ne regrette pas !
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Rhapsodie des oubliés

« Ma rue raconte l’histoire du monde avec une odeur de poubelles. Elle s’appelle rue Léon, un nom de bon Français avec que des métèques et des visages bruns dedans. »

Rhapsodie des oubliés….

Rien que le titre, oui rien que le titre déjà était promesse.

Et puis les premiers mots ont claqué, pulsé et j’étais happée.

C’est d’abord un monde, une rue, un quartier, la ville. Ca grouille, fourmille, grimpe, ruisselle, s’amoncelle, un ailleurs métissé au sein de la capitale, une enclave qui sonne comme un camp de fortune pour de nombreux exilés dans Paris, un ghetto bigarré, asile d’infortune à l’allure d’oasis pour les échappés des misères loin de nous et des solitudes d’ici.

« Ici, c’est Barbès, Goutte-d’Or, Paris XVIIIème, une planète de martiens, un refuge d’éclopés, de cassos, d’âmes fragiles (…). Une ville dans la ville, monstrueuse et géante, une verrue pourrie sur la carte.(…) Ma rue a la gueule d’une ville bombardée, une gueule de décharge à ciel ouvert, une rue qui ne dort jamais, où les murs qui n’ont jamais été blancs et qui semblent hurler sur toi quand tu passes devant. »

Cet univers, Abad du haut de ses treize ans, nous le parle, nous le tchache dans un débit soutenu, sans faille, avec une spontanéité propre à sa jeunesse, une vérité qui fait défaut aux adultes, une verve nécessaire pour déverser l’horreur, une authenticité qui ne connaît pas le déni, une acuité et une vivacité digne des plus grands analystes. Abad énonce ce qui est dans un flot de mots savamment imagés, pertinents, percutants, dérangeants parce que réels.

Il nous raconte à la première personne sa vie de « primo-arrivant » dans ce quartier, l’arrachement à son Liban et sa Mémé Jemayel suite aux terreurs des conflits, ses pulsions sexuelles d’ado pré-pubère, ses copains de galère, ses émois, ses parents, les rencontres providentielles, les dangers qui rôdent, la délinquance comme seule issue, la tendresse comme unique recours…Le cœur meurtri par l’exil et la survie dans la ville, il y aurait beaucoup à dire à la « dame d’ouvrir dedans », psychanalyste qu’il a l’obligation de rencontrer faute de quoi le juge l’enverra dans un foyer. « La dame d’ouvrir dedans m’a dit que les souvenirs traversent la peau des familles. Ce qu’il y a au plus profond reste en nous, à travers les enfants, les petits-enfants et les petits-enfants des enfants. »

Abad regarde, observe, ressent et nous raconte Ethel, Odette, Gervaise, Slobo, Batman, Mama et Baba… La langue, le style changent quand certaines des femmes essentielles prennent la parole à leur tour. Mais ce ne sont ni des ajouts ni des détours, mais bien des affluents au récit-fleuve d’Abad : maillage d’histoires parallèles et croisées, de témoignages passés ou présents, lesquels convergent vers l’espoir d’une même embouchure : un horizon enfin dégagé.

L’auteure affiche sans prétention ses références qu’on reconnaît bien volontiers. Et c’est une bien jolie façon d’honorer ces grands noms en signant une œuvre si singulière avec pour tuteurs et points d’appui le talent des incontournables cités.

Toute la force de l’écriture réside dans la façon de transmettre la puissance de l’oral alors même que nous ne lisons pas d’argot ni un dialogue parlé. L’énergie y est électrique et contagieuse. C’est très écrit quand nous nous surprenons à dévaler les rues pavées et trottoirs crottés du quartier avec un frondeur frimeur et ses copains gouailleurs, slalomant entre imams, prostituées, caddies, dealeurs et barpapas. Le ton est juste, les mots parfois crus, grossiers mais toujours à leurs places ; ils s’agencent, s’emboîtent dans une sensation de bouillonnement, d’ébullition permanente mais une sensation seulement, due sans doute à l’urgence à penser et dire la violence, la cruauté, le foutraque, les chagrins ravalés, les fous rires, les cœurs battants, les espiègleries, la lucidité, les pièges, le tragique, les insolences et regards noirs, les obstacles…. l’urgence à comprendre et à vivre malgré tout. C’est osé, enlevé, flamboyant et effroyablement humain.

Ce roman, premier, est une peinture sociale qui ne s’annonce pas mais qui, pourtant aborde, révèle, éclaire notre époque, son actualité et ses questions sur l’intégrisme, l’immigration… « Génération étrange allant à la mosquée après la sortie chicha night-club du vendredi, rêvant du combo Phuket, Marrakech, Dubaï et de faire la oumra en même temps, du cul de Kim Kardashian et d’épouser une fille en niqab labellisée halal- mais si possible avec le corps d’une escort de Vivastreet. Ces clowns étranges et perdus, reflets d’une partie de la jeunesse de ce pays dont la face morbide avait explosé le 7 janvier 2015 à la gueule du monde. »

Le regard d’Abad fonctionne en loupe grossissante et réfléchissante sur ce quartier, lequel en dit beaucoup sur notre société, et traduit ce qu’il observe avec justesse du monde de nos contemporains, tous porteurs de valises. « J’aime bien les valises. Les valises, c’est toujours des souvenirs de vie. Il y a celles qui ont trop vécu et celles qui vivront demain à vos côtés. Celles avec lesquelles on part, on reste, ou on ne revient jamais.(…) Mes parents aussi en ont transporté des bagages. On n’est pas si différents, avec la dame d’ouvrir dedans, au fond. C’est l’histoire de ce pays : on a presque tous, d’où que l’on vienne, d’où qu’on parle, peu importe notre Dieu, une histoire de valises à vivre et à raconter. »

Sofia Aouine nous conte des visages, des vies sans âges reliées par la survie ; elle écrit sans nous épargner et sans nous accabler non plus un roman magistral sur un bout de terre paradigmatique et nous rappelle à la mémoire des oubliés en leur rendant un très bel hommage.

« A ces vies volées, à cette mémoire fracturée que les siens n’ont pu écrire, qui s’est perdue dans les limbes, Ethel décide qu’elle redonnera vie. Elle écrira celle des autres. A ces existences raflées par l’histoire, elle redonnera sens et racontera. Pour ne jamais laisser la flamme s’éteindre, pour que la nuit ne gagne pas. »

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Rhapsodie des oubliés

Il est bien bavard, le jeune narrateur qui traine ses savates dans les rues de la Goutte d’or, où il apprend les codes, ceux des adultes, ceux des junkies, ceux des pseudo-imams qui tentent sous couvert d’une religion qu’ils ignorent, d’imposer leur loi, celle qui voile les femmes dans le seul but de les réserver à leur consommation personnelle . Il est bavard et l’on se fait porté par cette mélodie aux accents de rap et ce lexique parfois un peu trop typé pour être totalement compréhensible. Et puis au fur et mesure de la lecture, on se lasse, car la forme cache le fond, et on a l’impression de tourner en rond, malgré un récit court.



Les entrevues avec la « dame d'ouvrir dedans » comme il nomme la psy qui est chargée de sortir cet ado de la mutité dans laquelle il s’est enfermé, et qui contraste fort avec tout ce qu’il nous livre, sont une respiration dans ce récit logorrhéique .





La plume est audacieuse et exubérante, il reste à l’auteur de faire ses preuves dans d’autres registres . La rhapsodie est une composition libre dans le style et la forme, souvent en rapport avec des thèmes régionaux ou folkloriques. L’auteur pourra t-elle nous proposer une symphonie?


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Rhapsodie des oubliés

La rhapsodie est un poème récité, une pièce musicale instrumentale de composition très libre et d’inspiration populaire. Ce premier roman est un peu cela, puisque les chapitres forment une composition libre et parle du milieu populaire du quartier de Belleville-Montmartre-Barbés à Paris. Abad, le petit Libanais de Barbés, sorte de gavroche, va nous raconter son quotidien dans ce quartier où vivent les oubliés et les invincibles de la société. Il y a de beaux portraits de personnages hauts en couleurs : Gervaise, la gentille pute qui sautera un jour par la fenêtre pour atterrir dans les ordures sur le boulevard des rêves brisés, Odette, la vieille voisine, qui lui prépare des goûters, la "dame d'ouvrir dedans", une psychiatre, qu'il doit aller consulter, une psy lacanienne, dont le chat Freud va "effrayer" le jeune garçon ; des pages poétiques de ce quartier de Paris, des clins d’œil à l'actualité (d'étranges voisines seins nus et coloriés). Un premier roman qui parle du Paris populaire, multiculturel, et décrit très bien les oubliés et/ou invisibles de Barbés.
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Rhapsodie des oubliés

L’auteure donne la parole à Abal, jeune adolescent libanais, qui vit à Barbès. Ce jeune garçon devient témoin de son époque et de son quartier.



Au départ franchement rebutée par le langage utilisé, un argot de banlieue, j’ai fini par être touchée par ce jeune homme. Un livre à forte dimension autobiographique qui révèle une auteure de talent.

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