Silène Edgar

Ce petit livre est un délice de chaque instant.
Lier chocolat et érotisme n'était as forcément original, mais la plume de Silène glisse sur les graines de cacao avec autant de bonheur que le lecteur se laisse happé. Détournement de contes, histoires d'amour sur fond de gourmandise(s), voilà qui donnera envie à plus d'un(e) de s'offrir une boîte de chocolat à déguster, seul ou à deux, au fond d'un lit.

Jusqu’au jour où il la rencontra. Elle le surprit là où il ne l’attendait pas. Un matin, au bureau, elle lui faisait face. Une nouvelle collègue, la treizième. Ronde, rose, les cheveux courts, bruns et bouclés, les joues rebondies, elle respirait la bonne santé et surtout, la gourmandise. Juliette était tout ce qu’un Roméo fou des gourmandes pouvait rêver, mais cela ne traversa pas l’esprit de notre jeune homme avant la pause de dix heures. C’est à ce moment-là qu’elle sortit de son sac un magnifique éclair au chocolat. Une de ces merveilles gonflées à souhait et couvertes d’un nappage délicieusement brillant. Il en était bouche bée et lorsqu’elle croqua dans cette oblongue douceur, il eut un hoquet de contentement. Elle ne le regarda pas une minute et acheva son moment de bonheur sans se hâter. Il eut du mal à se réveiller de sa contemplation et ce n’est que la sonnerie insistante du téléphone qui eut raison de son apathie.

Dans ma cellule, la saleté était repoussante, on nous vidait le pot tous les deux ou trois jours, pendant notre toilette, et l’odeur était parfois horrible. L’air était humide, la tour n’était évidemment pas chauffée et je m’enveloppai dans mes maigres couvertures pour ne pas mourir de froid. Au début, je comptais les jours, mais assez vite, je perdis le fil. Heureusement, Chris comptait pour nous. Nous étions atteints par le découragement à tour de rôle, mais nous nous soutenions, nous ne déprimions jamais tous les trois en même temps et, le soir, il y en avait toujours un pour rappeler une anecdote, raconter un bout de film ou une histoire amusante au moment où le moral des autres flanchait. Toutes les histoires de Mémine y passèrent, Chris nous parla de dizaines de films que je ne connaissais pas et Pierre se fit troubadour, aède et orateur pour raconter les romans médiévaux, les mythes grecs et les hauts faits des Romains. Le froid devint plus vif et Chris annonça que nous étions le premier octobre.