Les astres ont de bien curieuses manières de présider à nos destins. Peut-être se trouvait-il sous l’influence de Vénus ? Car, habituellement, il ne portait pas autant d’attention à ce spectacle, pas autant d’intensité dans son regard.
Les femmes se tenaient sur les ponts, tremblantes silhouettes d'étoffes, de voilettes, de jupons que dévoilait le vent. Il prendrait bien soin d'elles. Il les imaginait siennes. Une fois qu'elles étaient entrées dans son royaume, une fois qu'elles avaient quitté le sol ferme, ces femmes, les femmes de première classe, appartenaient à Smith. Et le moment était venu où il pouvait les évaluer à leur juste prix, savourer leur apparence alors qu’elles passaient devant ses yeux, se bousculaient comme d’adorables poupées sorties d’un écrin de velours noir.
- De l'eau sur le sol, monsieur, dans un quelconque compartiment, va causer une perturbation enregistrée par un appareil relié au système de sécurité. Quand l'eau atteint une certaine hauteur, les cloisons descendent instantanément.
- Ainsi, voyez-vous, intervint le commandant Smith avec fierté, il est impossible que ce navire sombre à la suite de quelque collision que ce soit.
Une grande réussite technique, messieurs, dit-il aux ingénieurs des chantiers navals.
C'était cet équipage qui aurait à sonder le cœur du Titanic, qui jugerait s'il était loyal ou déloyal, capable d'affronter les mers, digne des mains expertes qui le manœuvreraient : ni l’autorité du capitaine, ni la publicité qui proclamait que Dieu lui-même n'aurait pu faire sombrer ce paquebot ne pouvaient influencer les mousses et les mécaniciens qui travaillaient dans ses entrailles.
Je me méfie des gens comme lui qui écrivent à d’autres qu’ils ne connaissent pas, pour ensuite forcer leur intimité, forcer le destin.
Tu joues avec lui comme un chat avec une souris. C’est de la cruauté pure et simple. Tu ne peux pas aimer un homme d’un autre monde que le tien, et que tu n’as jamais rencontré. Tu cherches seulement à grossir le nombre de tes admirateurs à ses dépens : tu fais preuve de vanité et de mépris.
De semblables promenades privées, le Titanic n'en offrait que deux, M. Ismay, on l'avait dit à Mme Twigg, avait obtenu l'autre, à babord. «Mais les riches obtiennent ce qu'ils veulent. Les désirs des riches ne sont pas les désirs des pauvres ... », remarquait-elle avec sagesse.
C’était tout Swan - généreuse envers les autres ne voyant que, leurs qualités, toujours prête à les complimenter. Très coquette, très jeune fille, romantique et jouant de ses charmes. Partout où elle passait Swan faisait battre les cœurs et elle s'en amusait.
La photographie révélait un jeune homme aux cheveux clairs, aux traits nettement dessinés, au visage empreint d’une profonde gravité. Il était charmant, il avait l’air d’un poète, disait Swan. Pour peu qu’il s’habille, il serait beau, presque séduisant.
Ensuite, en estompant les détails, elle aurait brossé cette cohorte multicolore de passagers qui paradaient sur le quai, montaient sur la passerelle et s'engouffraient dans le paquebot flambant neuf dont les rangées de hublots étincelaient.