Citations de Serena Giuliano (1204)
Mon mari me glisse à l’oreille qu’il a de la chance d’avoir épousé la plus belle des italiennes. C’est fou ce que l’abus de limoncello peut faire dire comme conneries. Et c’est fou ce qu’il peut rend naïve, parce qu’à ce moment précis, sur ce balcon et dans ses bras, j’y crois.
Je me sens forte et belle. Monica Bellucci peut aller se resaper.
J’aime écrire car cela ne fait pas de bruit. L’écriture permet de crier en silence, de pleurer sans larmes, de communiquer sans paroles.
Parler, c’est terrifiant.
J’aime mes mains vieillies par le temps, mes ongles limés en amande et mon alliance un peu cabossée par tout ce qu’on a vécu, elle et moi. J’aime vernir mes orteils et porter des culottes bien confortables. J’aime mes cuisses musclées et mes grosses fesses. J’aime le fait d’être en jupe trois cent soixante-cinq jours par an. J’aime mettre un collier de perles et un peu de rose sur mes lèvres de temps en temps, même si ça souligne ce petit duvet que j’ai toujours refusé d’épiler. Parce que celui qui a dit qu’il fallait souffrir pour être belle est un connard et un menteur.
Il suffit de porter des vêtements propres et à la mode, et d'être accompagnés d'Italiens pour passer du statut de réfugiés sans papier que l'on regarde de travers à celui d'étrangers en vacances que l'on accueille avec le sourire. Ça ne tient pas à grand-chose, finalement. L'apparence, c'est tout ce qui compte, dans ce monde.
–Anna, vous êtes la personne la plus pessimiste que je connaisse.
–Ça, c’est parce que vous ne connaissez pas ma voisine du dessus. Quand je pense être au plus mal, elle arrive encore à m’arrêter dans l’escalier pour me raconter un fait divers horrible, avec tous les détails glauques. Et elle finit toutes ces phrases par « On va tous crever, moi je vous le dis ! ». À côté, je suis la positivité incarnée !
Je me sens abandonnée, depuis toujours. Comme une erreur que j’aurais aimée qu’on ne commette pas. Une chose laissée là, au mauvais endroit, qui doit se démerder sans les bonnes clés, sans le mode d’emploi, sans même un plan pour s’y retrouver.
Je veux rentrer chez moi. Le problème, c’est que je ne sais plus du tout où c’est.
— On s'est connus à quinze ans, me raconte-t-elle, et j'en ai bientôt soixante-dix. Je te laisse faire le calcul. C'est pas facile tous les jours, un mariage ; c'est des concessions, des sacrifices, des disputes. Mais si on s'aime, on va au-delà de tout ça. Et puis on a eu sept beaux enfants, et on a déjà douze petits-enfants ! On se complète, Pasquale et moi. Hein, Pascà ?
— Oui, on se complète... Moi j'ai tort, elle raison, par exemple.
J’ai réfléchi à ce que j’aimerais faire dans la vie.
–En voilà une bonne nouvelle ! Alors ? Qu’aimeriez-vous faire ?
–Rien du tout ! Gagner au loto et me barrer au soleil !
« Va jouer, va, nun te preoccupà. »
« Ne t’inquiète pas. » C’est la phrase la plus douce du monde.
"Pendant le repas, je me suis rendu compte qu'il était plus facile d'avoir de la colère pour des inconnus derrière un écran de télévision qu'en face et en réalité. Lorsque "ces gens-là", comme je les ai souvent appelés, plongent leurs yeux dans les vôtres, lorsqu'on se retrouve devant une femme qui a préféré risquer mourir en pleine mer plutôt que de laisser ses enfants grandir dans un pays où ils ne seraient pas libres, on se sent tout petit.
Et très con, aussi."
La vie est un sourire, celui qui ne rit pas meurt assassiné !
La perspective de ne plus jamais revoir ma grand-mère est une douleur qui pourrait se mesurer sur l'échelle de Richter.
Mon coeur est en mille morceaux et je suis sous les décombres.
À un mariage italien, on ne mange pas, non, on tente de survivre à la nourriture.
Si après avoir goûté toutes les entrées, englouti les trois plats de pâtes, le risotto, la viande, les deux poissons et, bien sûr, les desserts et la pièce montée, on peut toujours respirer plus ou moins correctement, c'est bon signe.
Tandis qu'ils s'installent, je prépare un cappuccino pour mon petit-fils. Avec une part de torta Caprese. Et un ristretto à sa mère, avec un croissant à la crème.
Parce que je sais qu'elle préfère les Cornett fourrés à la confiture.
Alors je la regarderai se lever imperturbablement, comme elle le fait depuis des années, passer derrière le comptoir et procéder elle-même à l'échange.
J'admets que l'emmerder est mon passe-temps favori.
L'amour, c'est comme les roses : on les aime tant qu'elles sont fraîchement coupées, que leur couleur est vive et belle, leur odeur enivrante. On en prend soin, puis les sentiments finissent malgré tout par faner, comme elles.
"L'amour maternel est un médicament puissant."
Dix-huit mille pas, et autant de souvenirs,
J'ai gravi, puis descendu cent ponts.
Je n'en ai jamais vu autant de toute ma vie.
Venise en compte plus de quatre cents.
Je suis épuisée. Heureuse et épuisée.
Fatiguée de bonheur.
Le grand lit douillet de l'hôtel me tend les bras.
A quoi vais-je pouvoir rêver, maintenant que j'ai admiré tout ceci de mes yeux ?
En Italie, il y a toujours quelqu'un pour prendre un café. J'ai grandi dans un village de 800 habitants, et peu importe l'heure, le jour ou la saison, il y a toujours une personne assise au bar.
Le bar, c'est une institution. C'est là, en plein milieu, comme l'église, pour soigner les plaies, s'écouter, s'entendre, s'aider. La véritable signification de « Viens, on prend un café » on la connaît. On le sait, dès le début, que ce n'est qu'un prétexte, qu'une excuse pudique pour signifier : « Viens, je t'écoute, dis-moi ce qui ne va pas. Bois, ça va aller. Regarde, c'est chaud et réconfortant, et ça te donne de la force. »
Je suis surprise de trouver deux hommes que je ne connais pas au chevet de mon père.
Le premier, petit et trapu , semble tout droit sorti d'un dessin animé. On dirait une caricature : son nez ressemble à une vraie patate et ses sourcils sont semblables à ceux de Gargamel.....
Je m'approche doucement de la signora Anna et lui demande si tout va bien.
- Je n'ai pas beaucoup de certitudes dans la vie, ma jolie, mais je sais une chose : les hommes qui étaient là ne sont les amis de personne. Et o'nemico e l'amico tuoio adda essere nemico pure tuoio.
" L'ennemi de ton ami doit aussi être ton ennemi."
"Lorsqu'on perd un être cher subitement, on ressasse sans arrêt les derniers instants, les dernières paroles que l'on a échangées avec lui. On espère qu'ils aient été dignes d'un au revoir. Qu'ils n'étaient pas trop insignifiants."