Comment les luttes féministes sont-elles récupérées au profit du système capitaliste ? Dans quelle mesure le combat contre les inégalités de genre au travail sert-il toujours les intérêts des entreprises ?
Nicolas Herbeaux s'entretient avec les autrices Sandrine Holin et Audrey Millet pour explorer ces questions.
#feminisme #capitalisme #inégalités
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L'indivudualisation du rapport au travail n'est pas sans rappeler l'individualisation des rapports sociaux dans leur ensemble. Le féminisme ne saurait y échapper. Il est ainsi frappant que le développement des pratiques et stratégies de promotion de l'égalité femme/hommes en entreprise ou encore la promotion de la "diversité" aient pris progressivement le chemin de la formation individuelle sous forme de "workshops" (ateliers) consacrés aux stéreotypes de genre ou bien de séminaires consacrés aux "leadership au féminin" pour les femmes cadres prometeuses de l'entreprise, et non le chemin de la création de syndicats représentant les intérêts des femmes ou des minorités
Comment peut-on imaginer qu'acheter un t-shirt Zara produit au Bangladesh dans des conditions misérables, avec un coton produit probablement à grand renfort de pesticides et autres produits chimiques, le tout grâce à des travailleurs et travailleuses sous-payées, et sur lequel il est écrit "powerfull woman", comment peut-on imaginer une seule seconde qu'acheter ce t-shirt puisse être un acte féministe ? Comment peut-on imaginer que cela puisse émanciper quelque femme que ce soit, y compris soi-même ? Notre colère remplit les poches du patron d'Inditex mais ne change pas la face du monde !
Le féminisme n'est ni une marque, ni une identité préfabriquée, ni une piste de développement personnel. Cela ne se réduit pas à améliorer sa confiance en soi ou sa capacité à s'exprimer en public, ce n'est pas non plus acheter un t-shirt qui dit " je suis féministe". Le féminisme n'est pas un "réménagement des consignes de marketing". Le féminisme doit se penser de façon globale et collective, le féminisme peut nous mettre mal à l'aise mais il est aussi une éthique qui nous guide pour construire un monde plus vivable pour tous et toutes
Les routes, à l'exclusion des autoroutes sous concession, peuvent être empruntés par n'importe qui gratuitement, et pourtant leur entretien coûte énormément à la collectivité, mais personne ne viendrait remettre cela en cause (tout du moins pas encore ). La prise en charge par la collectivité des infrastructures de soutien et de soin à la population est une mesure de progrès social et constitue le ciment de certaines sociétés. Une question de progrès pour la gauche, de paix sociale pour la droite
On surveille toujours de loin, ça peut vite déraper…
