Citations de Sabine Panet (56)
l'autre naine, là, dit Awa en désignant à nouveau Ernestine, elle a été conçue gratos. Elle n'est pas là pour payer les dettes de voyage, comme moi, ou pour devenir l'intellectuelle qui envoie de l'argent à tous le village, comme toi. Elle, elle peut continuer ses rêves de pin-up peinarde. Elle n'a pas un job de naissance.
- Alors ? C'est fini, ces histoires de bac ?
(...)
- Grâce à Dieu. Cette maison va redevenir normale. Tu vas me faire le plaisir de ranger tous les livres que tu as laissés traîner partout. Il y en a un, là, je ne veux plus voir sa tête barbue.
- C 'est Victor Hugo.
- Qu'il quitte mon salon. Et toi tu vas m'aider à faire des pastels. (...)
(p 143)
** pastels : petits beignets farcis du Sénégal.
Elle était assise sur une natte en plastique étendue devant la case de Nawdé, où la famille Bocoum avait pris ses quartiers le temps de ses vacances au Fouta. Un large toit de paille en recouvrait l’entrée, conçue comme une véranda en banco. C’était le seul coin d’ombre un peu tranquille. Il y avait bien l’épais manguier de la place principale, mais le risque de chute de fruits était élevé, et les garçons du village y jouaient au foot avec les jumeaux : leur cris empêchaient Ernestine de se concentrer. À Villepinte, elle pouvait au moins débrancher la Wii.
L'idée de mon arrière-grand-tante, qui a survécu au camp de Dachau, c'est qu'il faut perpétuer les rituels pour faire échouer le plan des nazis. Ils voulaient nous exterminer, nous survivons. Ils voulaient un monde sans juifs, nous allons à la synagogue. Mes parents sont dans le même état d'esprit : ils ne croient en rien mais ils ne ratent pas une fête juive.
- C'a a toujours été convenu comme ça. Bassirou a prêté l'argent du voyage juste avant la naissance; il a dit que si c'était une fille dans mon ventre, elle s'appellerait Awa, il a dit que'il fallait qu'on l'emmène, qu'elle naisse en France pour avoir la nationalité. Et plus tard, quand elle serait mariée à son fils, ils pourraient vivre un temps au village et ensuite faire les papiers à l’ambassade, revenir en France, travailler, et s'occuper de la famille.
- C'était organisé votre affaire, dis-moi. T'avais même pas une échographie que ton fœtus servait déjà de filière d'immigration.
Je voulais te remercier. Tu m’as supportée, tu m’as soutenue, tu m’as défendue. Tu es comme un gros coussin qui rend ma vie plus moelleuse.
- Je suis bien d’accord avec toi, Khalidou. Le foutanké , n’a qu’une parole ; mais si nous sommes au milieu des crapauds accroupis, ne demandons pas une chaise.
Awa a 16 ans age tres difficile et elle passe son bac de français avec une amie Agathe. Mais un jour son pere lui annonce une mauvaise surprise .Son père lui apprend qu'elle doit se marier au Sénégal pour honorer une promesse faite il y a longtemps. Les personne de sa famille (femmes) vont alors tout faire pour échouer ce mariage.
Un roman qui ma pas tres plus en tant que garçon je pense qu'il doit etre plus intéressant pour les filles.
(flavian.borgetto)
Mon père n'arrange rien. Il s’appelle Hugues. "Ugh ! c'est moi " dit-il toujours quand il rentre en poussant son cri de guerre apache avant de nous embrasser.
Une opération, c'est une intervention sur le corps qui sert à faire du bien, à soigner. Une mutilation, c'est quand on abîme intentionnellement quelqu'un. On le blesse, on lui fait prendre des risques, parfois on le tue, et tout ça sans aucune raison médicale. Tu imagines ? Cent trente millions de filles à qui on a fait mal parce que c'étaient des filles. Par pure discrimination. (p.80-81)
Je je conseille ce livre car je le trouve très intéressant et réaliste.
Ce qu'on a d'affection pour son parent dépasse ce qu'on a pour lui d'utilité.
[Le grand-père d'Agathe] avait manifesté beaucoup d'enthousiasme à l'idée de partager avec l'amie africaine [sénégalaise] de sa petite-fille ses souvenirs de safari au Kenya et envisageait déjà de lui présenter un couple martiniquais installé sur l'île [d'Oléron].
– Je ne veux pas, dit Awa de la voix neutre et lente qui émerge quand on contrôle ses pleurs, je ne veux pas avoir trente-quatre ans, comme toi, et être une vieille fille desséchée qui fait honte à sa famille.
Dado accusa le coup.
– Tu as seize ans, je te signale : tu as toute la vie devant toi. Et moi, je suis peut-être une vieille fille, mais je suis libre, et ça n’a pas de prix.
– Elle sent la naphtaline, ta liberté. Regarde-toi, avec tes champignons, bientôt tu les emmèneras en voyage et tu colleras leur photo sur tes albums de vacances…
- La diarrhée ne rate pas le cul, monsieur mon mari.
"Si nous allons tous au Fouta cet été, c'est pour ton mariage avec ton cousin Malick.
Awa regarda partout dans la pièce. Elle essayait de gagner du temps avant de réfléchir à ce qu'elle venait d'entendre.
[...]
Le corps d'Awa se pétrifia.
- Je vous arrête tout de suite. Je n'ai pas du tout besoin d'assistance de ce côté là. Vous êtes gentils de vous inquiéter de ma vie sentimentale mais, vraiment, je me sens tout à fait épanouie".
C’était organisé votre affaire, dis-moi. T’avais même pas une échographie que ton fœtus servait de filière d’immigration
"Ceuix qui ont été conçus quelque part, qu'on a arrachés à leur terre d'origine avant qu'ils puissent faire connaissance avec leur environnement, qu'on a élevés dans la contradiction des cultures superposés; ceux dont on dispose, qu'on envoie là où on a décidé pour eux qu'ils doivent être: ceux-là ne pourront jamais voyager. Ce sont des éternels expatriés. Ce sont des malheureux. Comme on dit: ce sont des âmes en peine."
Ernestine salua, gracieuse comme une ballerine, main dans la main avec Jacob. Elle avait un air modeste qui était, selon Awa, plus éloigné de son naturel que la robe à godets et les alexandrins. Un rôle de composition, en somme, qui attendrit le public et enthousiasma la conseillère générale. (p.162)
La joute de proverbes était une tradition familiale chez les Bocoum. Certains conflits trouvaient leur résolution dans une expression savoureuse qui mettait l'adversaire littéralement KO. Le père d'Awa, d'un naturel pourtant peu bavard, était un compétiteur renommé. Dado s'attaquait à forte partie. (p.94)