Une terrasse sur Paris, la butte Bergeyre:
"Avant la Première Guerre mondiale, un parc d'attractions proposant manèges et chalets de curiosités était campé à la naissance de la rue Georges-Lardennois. Les "Folles Buttes" (c'était le nom de cette kermesse champêtre) ne sont plus mais la butte Bergeyre, coiffée de jolies maisons de l'entre-deux-guerres, reste bien vaillante.
La première séduction qu'offre ce site exceptionnel, coincé entre les avenues Simon-Bolivar et Mathurin-Moreau, tient à son allure de village endormi, hors du temps et de la ville. Hors de la ville ?Au-dessus plutôt: celui qui vient de gravir les volées d'escaliers de la rue Barrelet-de-Ricou ou de suivre les lacets de la rue Georges-Lardennois en est bien convaincu !
Et c'est certainement cette situation en altitude qui donne à l'endroit tout son caractère. Il faut se poster au carrefour des rues Georges-Lardennois et Rémy-de-Gourmont pour découvrir un panorama aussi beau qu'inattendu sur Paris, à commencer par une splendide vue du sacré-Coeur, sous un angle inhabituel. Avant de remettre les pieds sur terre en redescendant l'avenue, on prolongera cet agréable commerce avec les hauteurs en musardant dans les petites rues de la butte. Ne pas se presser: elles ne sont pas longues.p.249
"C'est qu'il les aimait, les enfants, Poulbot ! Fils d'un directeur d'école, il était né à Saint-Denis et avait découvert Montmartre par son côté le plus typique: le maquis. Il logea dans cette apothéose de dinguerie, de clochardisation, de mystère, de désordre, de poésie, jusqu'à ce que l'urbanisme s'en mêle. Végétation, dépôts pour chiffonniers, pour ferrailleurs, pour brocanteurs, ateliers d'artistes et d'artisans, fours pour poteries et céramiques, invraisemblables cahutes poussées les unes contre les autres, enchevêtrements d'escaliers, de sentes, de cours, comme tout un labyrinthe où les apaches défiant pandores et argousins, subirent alors la loi des démolisseurs: un ouragan d'où surgiraient les rues Caulaincourt, Girardon, et l'avenue Junot.p.61/62
Square Suzanne-Buisson:
C’est à l’emplacement du parc du château qu’on édifia le square Suzanne Buisson. Il célèbre l’action exemplaire de cette résistante, morte en déportation, qui avait élu domicile au n°7 de la rue Girardon."
"Aménagé dans les années 1930, ce square en terrasses, situé derrière le fameux château des Brouillards, est apprécié des habitants du quartier et des touristes. Une fontaine rappelle que saint Denis, en route vers la plaine, aurait lavé ici sa tête coupée à Montmartre. La fontaine d'origine, donnée comme miraculeuse, apportait "gérison aux frébricants qui, par dévotion, se transportaient à la dite fontaine et buvaient de d'icelle". Elle a disparu dans le gouffre des carrières. Sur ce terrain opéra au début du XXe siècle un personnage hors du commun: M.Godefroy-Lebeuf, horticulteur. Dans les serres sortant à peine du sol, il acclimata de nombreuses espèces exotiques - caféiers, théiers, caracoyers, goyavers, palmiers, caoutchoucs - qu'il cultiva avec amour et expédia dans le monde entier. Certains prétendent même que les caoutchoucs du Brésil sont nés à Montmartre.p.238