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Citations de René Étiemble (27)


Que m'importent le réel, ou l'irréel, dès qu'il s'agit de la beauté? L'art n'est point décalcomanie.
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Hong Kong, ce vendredi [1946]

Dignes vraiment d'une fille de rois, Mayotte, ces fleurs que tu m'apportas à l'avion ! Tant de femmes, par niaiserie, se privent d'en offrir aux hommes qu'elles aiment ou convoitent: "ça ne se fait pas !" Comme s'il fût inscrit dans la nature que le mâle dispose du privilège exorbitant de parler le langage des fleurs ! (p.69)
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Tout homme de quarante ans, toute femme de trente, s'ils ont aimé ou vécu, voyez leur corps balafré de cicatrices ; les plus douloureuses, les invisibles, se cachent à l'intérieur. Au lieu de tuer son partenaire, l'amant, par maladresse, la femme, par cruauté, presque toujours se bornent à le blesser. Je m'exerce à deviner quel endroit de mon corps si vulnérable fatalement par vous souffrira : quand, comment, pourquoi frapperez-vous ? je l'ignore ; mais je sais que vous frapperez. Ainsi soit-il ! A-t-il vécu celui qui meurt indemne ?
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Non, le français n'est point une langue indigente . L'ignorance et la prétention, qui font si on ménage, peuvent seules nous inciter à juger de la sorte.
P342
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Un seul livre d'amour sans doute serait parfait; celui qu'une femme ou un homme parfaitement païen et pur aurait composé, dans son langage secret, pour le ou la partenaire qu'il désire et qu'il aime. Cet ouvrage n'aurait évidemment qu'un lecteur accompli. (p. 55)
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Pour résister à son traitement qui aurait pu me transformer en babilan, mais aussi en parfait homosexuel, faut-il que j'aie le goût des femmes?
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Au début de leur passion, tout fait signe aux amants, tout leur est signe. Dès qu'ils cessent d'en inventer partout, qu'ils se méfient.
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Cette infortunée, esseulée, qui pleure sur un terrain vague du Caire, que nous dit-elle donc sans un mot ? Que, sans amour, l'érotisme le plus intense, le plus réussi en apparence, n'est que leurre, et finalement: désespoir, déréliction. (p. 119)
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Dans nos civilisations, il arrive donc que la littérature "érotique" collabore à l'émancipation politique des hommes et des femmes, prouvant ainsi son sérieux, sa vertu. (p. 47)
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Je m'étonne (...) que ceux des communistes, il en est, qui s'obstinent à vouloir supprimer les caractères [de l'écriture chinoise], ne voient pas que, ce faisant, ils interdisent à la langue chinoise de jouer le rôle qui peut devenir le sien; de Leibniz à Margouliès, plus d'un homme averti a compris qu'intelligibles à l'oeil, sans qu'il soit besoin de les prononcer, les idéogrammes chinois constituent l'écriture internationale par excellence. La Chine qui, en cas de paix, sera dans soixante-dix ans [extrait d'une édition imprimée en 1964] la première puissance du monde et de loin la plus peuplée, aurait alors une chance, avec ses caractères, de fournir aux savants cet instrument qui leur fait si dommageable défaut. C'est se demander si l'obstination des communistes étrangers à vouloir remplacer par l'alphabet latin les idéogrammes chinois ne perpétuent pas la politique de ce Staline qui, redoutant la puissance d'une Chine communiste, fit ce qu'il put pour en retarder l'avènement. Pour moi, qui essaie de voir le monde comme il va, je ne serais pas fâché qu'une grande civilisation comme la chinoise, et qui fit tant de fois ses preuves, donnât aux pauvres hommes prisonniers de leur langues alphabétiques une instrument universel qui rendrait plus facile, incontestablement, cette "communication des lumières" qu'appelait de ses voeux Leibniz.
p. 157, La réforme du langage et de l'écriture.
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J'ai pour Lawrence d'Arabie beaucoup d'admiration, certainement; de la compassion pour le viol qu'il a subi et qui l'a marqué si douloureusement. c'est un des êtres pour qui j'ai la plus vive admiration. d'ailleurs je n'aurais pas traduit sa correspondance si je ne l'avais pas mis si haut. Et puis, de le voir, lu, ce héros dont on aurait fait un maréchal d'Empire, accepter de vivre toute la fin de sa vie sous un pseudonyme, comme un simple soldat, dans une cathédrale qui n'était qu'un atelier, j'ai trouvé ça véritablement sublime; L'humilité discrète d'un homme qui change même de nom pour qu'on ne parle plus de lui en a fait, pour moi, un des personnages les plus admirables de l'histoire du siècle. Je l'admire, je le respecte et je m'interroge toujours- et je m'interrogerai jusqu'à ma mort-sur sa mort. (p. 57)
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Me désignant aujourd'hui le rôle de cobaye, j'essayerai de dire quel usage, enfant, je faisais du vocabulaire, quels genres de méprises je commis pour ma joie, et quel m'en paraît le sens. Michel Leiris excepté, peu d'écrivains ont donné à ces rapports de l'enfant avec le langage l'attention qu'ils sollicitaient. 
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Parfois, ce qu'on nomme l'inspiration vient de ce que le poète bénéficie d'une opiniâtreté inconsciente et ancienne qui finit par porter ses fruits.
[...]
Le poète ne peut compter sur les moments très rares où il écrit comme sous une dictée. Et il me semble qu'il doit imiter en cela l'homme de science lequel n'attend pas d'être inspiré pour se mettre au travail. la science est en cela une excellente école de modestie puisqu'elle fait confiance à la valeur constante de l'homme et non pas seulement à quelques moments privilégiés.
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Songe à tous ces amours qu'a détruits le lit commun, la douche commune, la table commune, l'appartement commun. Rien de plus commun, en effet. Rien de plus vulgaire, de plus avilissant. (p.94)
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Le peintre martiniquais, l'écrivain guadeloupéen peuvent impunément, et même doivent, s'adonner au réalisme, car nos feuillages, nos fleurs, nos papillons et nos oiseaux, toutes choses ici, sont surréelles.
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Une langue ne peut être dominante sans que les idées qu'elle transmet ne prennent un grand ascendant sur les esprits, et une nation qui parle une autre langue que la sienne perd insensiblement son caractère.
Senac de Meilhan, L'Emigré
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L’érotique a pour principe le jeu, et s’accomplit avec l’art de ne pas procréer. Quand l’espèce humaine grouille autant que celle des rats, c’est vrai plus que jamais.
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Cochon, croustilleux, cru, curieux, égrillard, émoustillant, galant, gaulois, graveleux, grivois, lascif, leste, libertin, libidineux, libre, licencieux, lubrique, luxurieux, obscène, paillard, polisson, pornographique, rare, salace, satyrique, scatologique, voilà quelques uns des adjectifs que notre siècle habile à tout confondre langagièrement, à tout réduire au plus commun dénominateur, choisit d'appeler d'un seul mot : érotique.
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[...] Un seul exemple : on lisait à la fin d’Élévations, en 1925, quatre vers qui ne maintiennent avec le reste de l’œuvre que des rapports artificieux :
"Je sens l'effort du gazon
Pour ne mourir sous la neige
Celui que fait l'attentive médiatrice du cerveau
Pour demeurer la raison qui sourdement le protège."
Sept ans plus tard, isolées et modifiées, ces lignes inégales deviennent un quatrain autonome dans la section Suffit d'une bougie :
"Je sens l'effort du gazon
Qui veille sous tant de neige
Et l'effort de la raison
Dans l'esprit qui la protège."
Cette fois, Supervielle obtient l'unité du sujet, l'unité de mesure (quatre heptasyllabes), quatre rimes au lieu de deux, la suppression enfin de plusieurs tours gauches ou pédantesques [...]
etc.
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Dans nos civilisations, il arrive donc que la littérature « érotique » collabore à l’émancipation politique des hommes et des femmes, prouvant ainsi son sérieux, sa vertu. Par malheur, toute révolution triomphante, et fût-elle obtenue par les efforts conjoints de ceux qui réclament la liberté d’aimer et celle de penser, n’a pour premier souci que de brimer l’une, de briser l’autre. Mao proscrit le Jeou p’out’ouan, ou La Chair comme tapis de prière et le King p’ing mei, plus sévèrement même que les plus puritains des empereurs confucéens.

De sorte que seuls les pays capitalistes concèdent aujourd’hui à la littérature érotique, et même pornographique, des libertés qui s’expliquent sans doute par le profit qu’ils en tirent, mais aussi par des raisons moins mesquines : libertine ou obscène, cette littérature défoulerait des instincts qui, faute de cet exutoire, s’assouviraient dans la brutalité, le viol, le meurtre.

Après d’autres, Albert Caraco, dans La Luxure et la mort, soutient âprement cette proposition. Soyez luxurieux, sinon il vous faudra tuer. (p. 47)
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