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4.15/5 (sur 30 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Raymond Penblanc est auteur des poèmes chez Guy Chambelland et dans la revue Contrordre, d'un récit dans la revue Minuit, des trois romans aux Presses de la Renaissance, des nouvelles et autres textes courts dans une quinzaine de revues, dont La Revue des Ressources, Remue.net, Secousse, Levure littéraire, Paysages écrits, Brèves, Népenthès, La Femelle du Requin, Harfang, ainsi qu'aux éditions de l'Abat-Jour.

Après deux récits aux éditions Lunatique (collection 36e Deux Sous, 2014), Phénix est son quatrième roman (édition Christophe Lucquin).

Il collabore au blog Les 807.

Source : http://www.editions-lunatique.com/#!raymond-penblanc/cdxa
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
La lumière y était aveuglante, trop vive pour des yeux incapables d’abaisser sur eux leurs paupières. On décida de les protéger en lui collant d’office un bandeau noir. Ambiance assurée, de cave, ou de caveau. Que voit un aveugle ? Ce que voit un mort.
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Il faudrait loger une femme dans chaque homme pour l’empêcher de faire couler le sang.
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Chaque matin je fais le détour par l’arbre mort. J’y dépose mon offrande, trois morceaux de sucre, une barre de chocolat, quelques biscuits, une poignée de raisins secs, une carotte, une pomme, des noix, un petit caillou ramassé sur le bord du chemin, taillé comme un diamant, et blanc, blanc comme je suis pur. Au printemps je ferai ma communion solennelle et je dois m’élever, me purifier encore, non seulement me préparer, mais être prêt. Dans la cachette de l’arbre mort, mon trésor est à l’abri des bêtes sauvages : c’est un tabernacle, et je ne sais par quel mystère de la transsubstantiation, par quelle miraculeuse opération du Saint-Esprit, sucre et chocolat, quand je les retrouve à mon retour de l’école, prennent sous la langue ce goût d’ambroisie qui me fait fondre. La carotte croque délicieusement sous la dent. Quant au caillou d’or blanc, il brille dans ma main tel un ver luisant. Je serre très fortement le poing, et je me récite mes prières tout en marchant, le Notre Père (trois fois), le Je vous salue Marie (trois fois), ne serait-ce que pour me chasser de la tête les paroles impies qu’en a données Roland. Roland aura bientôt seize ans, il fume, il boit des bières et sort avec les filles. Il a choisi de pourrir tout ce que j’aime.
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J’ai été le bébé du retour de taule, le printemps de la liberté, maman me l’a assez répété.
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Tout en ne valant guère mieux, car aujourd’hui est un jour spécial, un jour de grand péril, aujourd’hui je vais devoir chanter seul devant toute la classe. Monsieur Lifar, notre nouveau professeur de musique, s’est mis dans la tête de constituer une minichorale, et chacun doit passer le test d’ici la fin de l’heure. Certains renoncent avant de commencer, d’autres abandonnent dès les premières mesures, d’autres se ramassent au bout de trente secondes, ce que je peux comprendre. Sauf à adopter une stratégie gagnante en se mettant hors de portée des chasseurs. Trente têtes alignées devant vous, trente regards qui vous jugent, une mer houleuse de crânes et d’épaules, ça vous invite à prendre de l’altitude. D’emblée, je culmine à 4 810 mètres (le Mont Blanc), que dis-je, à 8 848 mètres (l’Everest), personne n’est encore monté si haut, ni aussi vite : troposphère, stratosphère, mésosphère, je franchis allègrement leurs trois couches successives. Cette fois on ne me voit plus, et je ne vois plus personne. Mais on m’entend, on n’entend d’ailleurs que moi – et le silence. L’enfant du Tambour, qui brise les vitres par la seule stridence de son cri, est battu, pulvérisé, et quelle audace, quel brio, quelle beauté souveraine je déploie à ces hauteurs insoupçonnées. Le plus dur sera de négocier la descente sans soulever un tonnerre d’applaudissements. Monsieur Lifar se dresse au milieu de cette mer houleuse. Tel un phare, il me fait signe, et c’est un bel oiseau blanc qui retombe sur ses pattes, que la vague dépose jusqu’au rivage. Roundup a beau me toiser avec tout le mépris dont le je le sais capable, je ne le regarde même pas, je suis libre et je sors. Mon atterrissage triomphal ne vient-il pas de sonner la fin du cours ?
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La nuit suivante, il fit un cauchemar. Son rêve ne racontait pas quelque chose de précis, et ne se déroulait pas non plus dans un lieu très précis. Simplement, il avait dû tomber très bas et être condamné à croupir au fond de son trou pendant le restant de ses jours, conjuguant la déréliction du Christ avec l’accablement de Sisyphe. Or il était parfaitement réveillé et ne le réalisait pas. Lorsque l’infirmière de nuit fut parvenue à le lui faire admettre, il en déduisit que non seulement il était entré dans un temps infini, mais que ce temps infini devenait du même coup celui d’une souffrance éternelle. Il dut attendre qu’un massage intensif des pieds et des mains lui permette d’oublier la prison de son corps pour que les ombres funestes consentent à s’estomper. Heureusement, l’infirmière de jour était en avance ce matin-là. L’infirmière de jour était à l’infirmière de nuit ce que, par nature, le jour est à la nuit, son double inversé. Dans la chambre nue, sa présence rayonnait. Elle passait pour avoir guéri les scrofuleux, remis d’aplomb les contrefaits, fait marcher les paralytiques, arraché quelques moribonds à la mort. Elle se couchait contre eux et les massait longuement, sans crainte et sans répugnance. Deux petites rides verticales lui barraient le front, qui tantôt se fermaient comme des parenthèses, tantôt s’écartaient comme deux petites ailes.
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Encore revêtu de son blouson de motard, son casque sous le bras, l’interne se présenta le lendemain matin, sans avoir pris le temps de passer par le service, et le malade en fut touché. Cet empressement à le visiter avait pourtant sa contrepartie. Il signifiait qu’il n’était pas nécessaire d’avoir enfilé sa blouse sacerdotale pour faire ce qu’il avait à faire, c’est-à-dire rien. Évitant de commenter les progrès de la maladie, l’interne se contenta d’inviter son patient à lui serrer les doigts, et leurs regards se croisèrent. L’image d’une falaise dut s’imposer à chacun avec la même évidence, le rôle endossé par chacun également. L’un avait glissé dans le vide, il allait s’écraser en bas si la main que l’autre lui tendait spontanément ne le retenait pas. Et, s’il n’y avait aucun risque de voir le premier entraîner le second dans sa chute, chacun dut y songer en même temps, car d’un commun accord leurs doigts se délièrent, et le malade se laissa retomber sur sa couche avec d’autant plus d’accablement qu’il avait conscience de ne pas avoir encore touché le fond.
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Roland, c'est donc Roland, le preux chevalier, mais, à l'entendre, son olifant est dans son froc. Sauf que ça n'est pas lui qui souffle dedans, ce sont les filles.(...) Moi je suis Perceval, Perceval l'Ahuri, qui trempe encore ses doigts dans le bénitier et bave sa foi sur ses cahiers. (p.9/10)
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Aujourd’hui je me dis que j’aurais mieux fait de me laisser virer. (…) Partir me coûterait. Et pour aller où ? Je suis, pour ainsi dire, né ici, je n’y mourrai sans doute pas mais j’ai failli le faire, et pas plus tard que cette nuit (j’en ai rêvé). Je boite un peu, mais ça ne suffit plus. D’ailleurs, parfois je le montre, et parfois non. Traversant la cour, je me tiens droit comme un I, car c’est droit comme un I, mais couché cette fois, que du fond de ma boîte de sapin je les imagine, défilant devant la dépouille mortelle de celui qui fut, dans l’ombre, toujours dans l’ombre, l’âme de cette maison. Je ne me plains pas. Même quand Martial vient me voir. Martial est ce garçon qui me tient parfois compagnie. Il me regarde travailler. Réparer une prise électrique ou un robinet qui fuit, percer des trous dans les murs, faire un peu de maçonnerie, même ratisser le parc, balayer et nettoyer par terre sont des activités auxquelles il trouve certain intérêt, et j’accepte volontiers sa présence. Martial a quatorze ans, de grands yeux pâles et un regard tellement pensif qu’il en devient insondable. Il ne voit plus son père, qui n’est pas mort, qui vit simplement avec une autre femme, qui en a eu des enfants, mais dont il ne reçoit, lui, aucune nouvelle. Qu’il ne se croie pas seul dans son cas. Beaucoup se trouvent ici pour ça. Tous ces petits richards sont des paumés et je leur pardonne leur ingratitude. Mais je ne les aime guère. Si pour leurs pères et mères, si pour leurs maîtres, je ne suis pas grand chose, je reste pour eux un moins que rien, et je ne sais ce qui me retient d’en raccourcir quelques-uns, de trancher net leurs jolis cous de poulets.
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C'est péché, péché, péché. Le monde est bien trop vaste, bien trop compliqué, et elle est bien trop petite, incapable de rien comprendre. Une fille, un garçon, une fleur, un animal, chacun doit demeurer à sa place, à chacun son rôle comme à chacun son dû. (p.29)
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