Philippe Pierre témoigne des conditions de réussite lorsque l'on travaille à l'étranger. Il souligne l'intérêt d'un management interculturel.
Nous nous inscrivons dans une certaine tradition intellectuelle française, qui est marquée par ce sens du doute, ce devoir de questionner, ces chemins du savoir qui relativisent la notion même de vérité avec Michel de Montaigne ou Blaise Pascal, mais aussi les lois avec Montesquieu, l’engagement avec Simone Weil, la liberté de jugement ou la notion de sauvage avec Claude Lévi-Strauss ou Françoise Héritier, tradition pour laquelle l’humanité existe, dans sa misère et son espérance. Et même sous les apparences de l’« inculte », du « fou », voire du « barbare ».
Le défi qui se présente à nous est toujours de parvenir à passer d’une logique du « ou », où l’on se pose en s’opposant – c’est toi ou moi, tes valeurs et tes méthodes ou les miennes, le bloc de l’Ouest ou le bloc de l’Est, les Beatles ou les Rolling Stones, les « rouges » ou les « calotins »… –, à une logique du « et » – toi et moi appelés, sans l’avoir forcément choisi, à travailler ensemble et à trouver des repères communs pour avancer.
Les cultures, qui ne sont pas « boîtes noires », et les identités, qui ne sont pas « boîtes à outils », sont à penser ensemble pour approcher des règles complexes de composition du sens et de la vie sociale. Des univers ondoyants d’un bricolage, plutôt qu’une île d’un seul bloc.
Seuls les individus humains peuvent être le siège de croyances, de désirs, d'intentions. Les nations ne pensent pas. Pas plus que les institutions. Elles sont simplement traversées de décisions.
Si nous naissons dépendants des autres et devons, toute une vie, apprendre à être solidaires, alors une pensée actualisée de l’altérité, précieuse pour nos temps présents, est à entretenir.