Pernette du GUILLET La Dame aux douleurs volubiles (ÉCLAIR BRUT, 2021)
Une création radiophonique autour dune étude publiée en 1944 par Verdun-Louis Saulnier dans la revue Bibliothèque dHumanisme et Renaissance. Lecture principale : Alice de Pommayrac et Lysztéria Valner. Lecture complémentaire : Louise Herlin, Nicole Fabre, Claire Jordan, Catherine Férran, Sylvia Berge et Lucienne Letondal. Interventions : Gisèle Mathieu-Castellani et Paul Hardoin. Musique : "Je suis désérithée" d'Albert de Rippe, "Pavan" d'Anthony Holborne, "Lachrimae Pavan" de John Dowland et "Pavanne en forme de complainte" de Nicolas Vallet interprétés par Haim Shazar.
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Le Corps ravi, l'Âme s'en émerveille
Le Corps ravi, l'Âme s'en émerveille
Du grand plaisir qui me vient entamer,
Me ravissant d'Amour, qui tout éveille
Par ce seul bien, qui le fait Dieu nommer.
Mais si tu veux son pouvoir consommer,
Faut que partout tu perdes celle envie :
Tu le verras de ses traits s'assommer,
Et aux Amants accroissement de vie.
Je suis la Journée
Je suis la Journée,
Vous, Amy, le jour,
Qui m'a détournée
Du fâcheux séjour.
D'aimer la Nuit certes je ne veux point,
Pource qu'à vice elle vient toute à point :
Mais à vous toute être
Certes je veux bien,
Pource qu'en votre être
Ne gît que tout bien.
Là où en ténèbres
On ne peut rien voir
Que choses funèbres,
Qui font peur avoir,
On peut de nuit encor se réjouir
De leurs amours faisant amants jouir :
Mais la jouissance
De folle pitié
N'a point de puissance
Sur notre amitié,
Vu qu'elle est fondée
En prospérité
Sur Vertu sondée
De toute équité.
La nuit ne peut un meurtre déclarer,
Comme le jour, qui vient à éclairer
Ce que la nuit cache,
Faisant mille maux,
Et ne veut qu'on sache
Ses tours fins, et cauts.
La nuit la paresse
Nourrit, qui tant nuit :
Et le jour nous dresse
Au travail, qui duit.
Ô heureux jour, bien te doit estimer
Celle qu'ainsi as voulu allumer,
Prenant toujours cure
Réduire à clarté
Ceux que nuit obscure
Avait écartés !
Ainsi éclairée
De si heureux jour,
Serai assurée
De plaisant séjour.
A Un Sot Rimeur, Qui Trop L'Importunait D'Aimer.
Tu te plains que plus ne rimasse,
Bien qu'un temps fut que plus aimasse
À étendre vers rimassés,
Que d'avoir biens sans rime assez :
Mais je vois que qui trop rimoye
Sus ses vieux jours enfin larmoye.
Car qui s'amuse à rimacher
À la fin n'a rien à mâcher.
Et pource, donc, rime, rimache,
Rimone tant et rime hache,
Qu'avecques toute ta rimaille
N'aies, dont tu sois marri, maille :
Et tu verras qu'à ta rimasse
Comme moi feras la grimace,
Maudissant et blâmant la rime,
Et le rimasseur qui la rime,
Et le premier qui rimona
Pour le grand bien qu'en rime on a.
Et tu veux qu'à rimaillerie
Celui qui n'aura maille rie ?
Je te quitte, maître rimeur,
Et qui plus a en sa rime heur,
En rime lauds, en rime honneurs,
Ensemble tous tels rimoneurs.
(Epître II)
Non que je veuille ôter la liberté
Non que je veuille ôter la liberté
À qui est né pour être sur moi maître :
Non que je veuille abuser de fierté,
Qui à lui humble et à tous je devrais être :
Non que je veuille à dextre et à senestre
Le gouverner, et faire à mon plaisir :
Mais je voudrais pour nos deux cœurs repaître
Que son vouloir fût joint à mon désir.