On ne mesure jamais l’immensité de l’amour avant de le perdre.
L’enfer surpasse le chagrin. L’enfer brûle la mémoire et réduit en cendres les sentiments.
Il existe toujours, quelque part dans le monde, quelqu’un qui vous hait. La haine ne se mesure pas, elle est parfois indécelable, mais elle éclate, inévitablement.
Vous n’avez jamais ouï un poisson pris d’un fou rire? Tant pis pour vous. La magie n’existe que pour ceux qui y croient. Regardez l’Invisible. Écoutez ce qui ne s'entend pas. Touchez l’Intangible. Contrôlez la réalité. Et vous verrez. Vous serez surpris.
Troublante, la fragilité de la vie. On vit, on apprend à respirer hors de l’eau, on lutte, nos larmes lavent nos rires et la tristesse suffoque sous le poids des joies. Soudain, plus rien. La cavalcade du sang dans les veines s’interrompt, le cerveau manque d’irrigation et la mort englue l’esprit. Tout est affaire de mécanisme. Où vont les rêves, l’âme et l’intelligence ? Et l’ultime pensée, se brise-t-elle, ou se suspend-elle une infime seconde, détachée du corps, dans un sursaut de conscience ?
Et puis la mort de mon père me l'avait enseigné : l'amour détruit, la blessure d'abandon ne cicatrise jamais. Aimer quelqu'un, c'est comme saler les plaies, les raviver. Car il ne faut pas se leurrer : rien n'est immuable, je le répète, tout change et se transforme. Je ne suis pas faite pour les mondes mouvants.
Alors, approche-toi, oui, mais pas trop : je marche avec les ombres.
Approchez-vous, regardez mieux ! N'ayez pas peur, ou plutôt si, tremblez ! Ne voyez-vous pas les ombres qui grouillent sous notre peau ? Les ténèbres qui avancent ? Vous vivez aveugles dans votre putain de monde. Ma jumelle, tout cela était inévitable. Qui nous a déshumanisées ? Laquelle de nous deux a attrapé la rage la première ?
Personne ne nous écoute, tu le sais bien.
Toi seule m'entends, m'aimes quand je me désaime, me rassures quand la nuit tombe, et même -et surtout- quand elle s'abat en plein jour.
Ce genre de nuit - l'effondrement.