C’est un solitaire. Enfin, ce sont les bruits qui courent. Il est mystérieux. Donc il est la cible de beaucoup de commérages. On dit qu’il est insupportable, mais très intelligent et doué en affaires. Certaines femmes le trouvent attirant. D’autres s’offusquent de ses impolitesses. Les hommes le craignent et l’admirent tout à la fois. S’il est sérieux, alors je suis encore plus perdue. Je cherche dans son visage un indice sur la proposition en question. Jones n’a rien qui puisse m’intéresser.
Je ne suis pas fière d’en être arrivée à me marier par intérêt. C’est même l’opposé de ce que j’aurais souhaité. Je me rassure en me disant qu’il s’agit simplement d’un mal nécessaire pour acquérir mon indépendance. Un divorce pourra être prononcé dès que ma situation financière et professionnelle me le permettra. Je me doute que Jones voudrait que je reste à signer ses papiers plusieurs années, cependant, il est hors de question que je m’éternise dans ce simulacre de mariage.
Il est fou. Ce type, cet inconnu, me propose de régler tous mes problèmes en échange… d’un mariage ! Un faux mariage, une mascarade. C’est complètement dingue. Je dois vraiment paraître désespérée pour qu’il puisse penser que j’accepterai. Mon cœur se serre. Je le suis. Je suis désespérée. Ces mots résonnent dans ma tête et commencent à faire leur chemin. L’idée de quitter la maison familiale est tentante…
Dans « La Belle et la Bête », c’est ainsi que sont désignés les quartiers de la Bête qui retient Belle prisonnière et dans lesquels elle n’a pas le droit de pénétrer. Je sais que je suis là de mon plein gré, donc la métaphore est inexacte, mais c’est ce que la situation m’inspire. Jones est tout aussi impressionnant et désagréable que la Bête.
Mon passage à l’université ne sert qu’à faire joli sur mon CV, pour montrer que j’ai quelque chose dans le crâne. Et puis, la fac est l’un des meilleurs endroits pour rencontrer un mari, qu’il soit futur médecin ou avocat. Dans ma famille, les femmes quittent généralement la maison dès qu’elles ont trouvé un homme capable de les entretenir.
Je reste muette devant la beauté du bijou. Jones vient prendre doucement ma main gauche. La tendresse de ses gestes me met mal à l’aise. Je m’attendais à davantage de rudesse de sa part. Mon cœur commence à battre plus vite alors qu’il passe délicatement l’anneau en or blanc à mon doigt.
Après tout, le divorce me permettrait de mettre un terme à cet arrangement si besoin. L’idée de considérer le mariage avec si peu d’égard me dérange un peu, cela dit. Je m’étais toujours imaginé rencontrer l’homme parfait et l’épouser dans une cérémonie magnifique pleine d'émotions.
Mes parents pensent agir pour mon bien. Ils m’ont beaucoup apporté, mais il est temps pour moi de m’émanciper. Je ne peux pas continuer à dépendre d’eux. Je ne peux pas continuer à dépendre de qui que ce soit d’ailleurs.
Je ne souhaite à personne la perte d’un être cher, ayant moi-même assisté ma grand-mère dans son combat contre le cancer jusqu’à ce qu’il l’emporte. Des souvenirs douloureux hantent encore mon cœur.
Elle a de jolies jambes fuselées dont le galbe est souligné par ses collants. Je suis persuadé que c’est une danseuse.