Conférence à Blois autour de "Une guerre dextermination Espagne 1936-1945" de Paul Preston
La base initiale de la répression prend un caractère encore plus officiel avec un décret publié le 13 septembre 1936 par la junte de Burgos, qui met hors la loi tous les partis politiques, syndicats et organisations sociales soutenant le front populaire et hostiles au "mouvement national". Concernant ces entités, le décret ordonne la confiscation de tous leurs biens, effets et documents ainsi que le bâtiment et autres propriétés.
Sont également passibles de châtiment les syndicats et partis libéraux et de gauche, les francs maçons, les juifs, le rotary club, les sociétés féministes, végétariennes, nudistes, défendant l'espéranto ou l'homéopathie, les écoles Montessori et les clubs sportifs. De plus, le décret ordonne une purge parmi tous les fonctionnaires ou enseignants qui ont servi les institutions de la République. p658.
Ces généraux approuvaient la barbarie de leurs soldats, comme en atteste le journal du guerre tenu par Franco en 1922, qui décrit avec exaltation la façon dont les villages marocains furent détruits et leurs défenseurs décapités.
p. 11
Le nationalisme est un mouvement de lutte,
il doit inclure des activités violentes et
belliqueuses au service de l'Espagne, contre les traîtres
en son sein.
Onésimo Redondo, créateur des Juntes castillanes
d'action hispanique, mouvement fasciste espagnol,
cité par l'auteur, page 79.
Par sa défense de la propriété et son indifférence envers la misère sociale, l'église s'aligne inévitablement sur l'extrême droite.
P42
Les généraux Mola, Franco et Queipo de Llano, considéraient le prolétariat espagnol comme une race inférieure qu'il fallait subjuguer par une violence soudaine et sans compromis, au même titre que les Marocains. Ils appliquèrent donc en Espagne la terreur exemplaire qu'ils avaient appris en Afrique du Nord, en déployant la légion étrangère espagnole et les mercenaires marocains de l'armée coloniale, les regulares.
Les recherches colossales déjà réalisées permettent d'affirmer que la répression menée par les rebelles fut globalement trois fois plus meurtrière que celle de la zone républicaine. Page 18
L'assimilation de la classe ouvrière aux ennemis étrangers s'appuie sur la logique tordue selon laquelle le bolchevisme serait une invention juive, les Juifs ne se distingueraient pas des musulmans et le clan républicain serait donc déterminé à soumettre l'Espagne à la domination d'éléments africains.
L'hostilité envers la classe ouvrière est alors présentée comme un acte légitime de patriotisme.
Les socialistes pensent désormais que les élections de 1933 ne sont pas réellement valides. En effet, selon les calculs faits par le secrétariat du Parti Socialiste, chaque siège parlementaire "coûte" à la droite moins de 16 000 voix, alors qu'il en faut 34 000 pour obtenir un siège de député à gauche...
"C'est un régime de terreur stupide. Ici, les gens sont abattus sans procès et sans le moindre justification.
Il n'y a rien de pire que le mariage de la "démentialité" de la caserne avec celle de la sacristie. A quoi s'ajoute la lèpre spirituelle de l'Espagne, la rancoeur, l'envie, la haine de l'intelligence".
Miguel de Unamuno
Durant les deux premières années de la République, la gauche
est horrifiée par la véhémence de l'opposition à ce qui lui semblait
être une législation humanitaire fondamentale.