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Citations de Paul Fournel (279)


Je la pose sur le bureau et je couche ma joue dessus. Elle est froide, elle ne fait pas de bruit, elle ne se froisse pas, elle ne macule pas. Rien ne laisse à penser qu'elle a tous les livres dans le ventre. Elle est juste malcommode : trop petite, elle flotte dans ma serviette, trop grande, elle ne se glisse pas dans ma poche.
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« 19 novembre 2000
… C’est à ce moment-là que je m’engage sur la bretelle d’accès de l’autoroute et que surgit en face de moi, à contresens, un handicapé dans son fauteuil roulant. Il dévale la rampe à fond de fauteuil, langue tirée, comme un beau tournedos repoussé sur le côté par le vent de la course, tête déjetée, membres noués, yeux dilatés. Il hurle.
Je klaxonne, je multiplie les signaux à l’intention de mes suivants, les invitant à se ranger. Ils klaxonnent. Et notre homme, galabeya gonflée en montgolfière finit de dévaler la rampe, en appui sur la glissière, et va se perdre dans la circulation de la ville.
Personne ne le poursuit, personne ne l’attend, personne ne le revendique. Toute langue dehors, il fonce. … D’où venait-il ? » p.18/19
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« 12 novembre 2000
Le Caire appartient aux chats.
Ils ont traversé les dynasties, intacts. On les voit identiques à leurs statues, élancés, étroits, vifs, petits, surmontés de grandes oreilles. Ils n’ont pas de choix, la vivacité et leur minimum de survie. Il n’ya pas de place pour les lents sur les trottoirs du Caire. » p. 11
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Je mange lentement, mâchant chaque bouchée jusqu'à en épuiser le goût.
(p.116)
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Elle tire machinalement sa jupe sur ses genoux, boit une gorgée de vin rouge. Elle a une façon très personnelle d'être attentive. J'aime son mélange de fausse naïveté et de fausse assurance. A moins que les deux ne soient vraies.
P.111)
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Elle disparaît dans la cuisine, nue sous son ticheurte, côté fesses, et revient, côté touffe, plus réveillée, un verre à la main.
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Ensuite, à table, je bois joyeusement pour avoir l’esprit brouilly tout l’après-midi. Cela me permet de prendre des décisions floues, bizarres.
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La littérature, les écrivains, Murphy, mon travail, le vôtre ? Certains jours - tous les jours en vérité - je me demande si tout cela existe vraiment. Et j'en doute. "Nous y voilà, pensa in petto le joli professeur, la question est tombée." Tous et toutes la lui posaient à un moment ou un autre de leur travail. Pour Madeleine elle venait un peu tard. Il lui fit donc la réponse rodée et structurée destinée à rassurer et inquiéter tout à la fois.
Avez-vous quelquefois pensé que la littérature puisait sa force dans le doute même que vous avez de son existence ? N'attendez pas d'elle la sérénité et la pérennité, elle est cassante. Elle grandit là où vous ne l'attendez pas. Son objet n'est pas de fabriquer une paix durable, elle est le modèle abouti du transitoire. Elle invente le vrai par le mensonge. Tout n'y tient qu'à un fil. Elle n'est pas la crise, elle est la crise.
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26 avril 2001
Maintenant que je suis grand et sage, je peux partir tout seul dans mon carré de désert. J’écoute la jument alezane me raconter les lieux. Il y a un monde fou dans tout ce sable. Il y a cet endroit à gauche, juste sous la dune où dort le monstre de la nuit et que l’on doit contourner. Il y a le chemin des trolls, que l’on peut longer mais pas emprunter. Il y a la butte aux chiens, à la lisière de la palmeraie, où il est sage de passer large. Il y a la montagne semée de pierres noirs, où souffle le bon esprit du galop et que l’on avale à fond, debout sur les étriers, la joue posée sur l’encolure. Il y a le plateau de Djoser, où l’on prend le trot serré, le cou arqué, bien rassemblée, pour faire sa jolie devant les caméras des touristes. Derrière la pyramide, il y a le trou noir d’où sort, chaque soir, l’esprit de pharaon et qu’il vaut mieux ne pas défier. Il est plus sage de se laisser descendre directement sur la droite, par le chemin bizarre, entortillé entre les fouilles. C’est le bon chemin, par lequel les esprits du jour entrent dans la palmeraie.
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Ensuite, nous sommes partis au galop vers la tombe de Pépi 1er. Mahmoud nous avais choisi de ces chevaux arabes inquiets qui ignorent le pas, trottent comme des machines à coudre et nous entraînaient à fonds dans le désert. Le galop est doux dans le sable durci. Nos guides avaient remonté la galabeya au nombril et, mollet nus ou caleçons gris, accéléraient en cliquant de la langue. Valentin adoptait le train derrière et nous filions de dune en dune, levant un nuage de sable, sûrs de pouvoir galoper pour toujours jusqu’au bout du paysage. Quand le beau cheval bai de Louis (qui est un fier cavalier) a été couvert de sueur, nous sommes rentrés en logeant les oasis et en traversant les villages. Les enfants nous adressaient des signes craintifs de loin. Nous avons serré bien à droite, le long du canal, pour laisser passer les dromadaires qui sentaient mauvais.
Les yeux de Louis, qui en a pourtant cavalé d’autres, brillaient derrière ses lunettes et il m’a dit : « c’est comme ça qu’on se fabrique des souvenirs d’enfance »
C’est Louis qui l’a dit.
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Le Caire est immense et j’ai donc rôdé un long moment avant de me retrouver sur une large avenue goudronnée tracée en courbe et en descente. La route surplombait une zone d’entrepôts déserts dont les toits servaient de poubelles.
Il régnait là une activité crépusculaire.
La journée était finie pour les transporteurs et ils se rassemblaient avec leurs charrettes et leurs ânes pour faire la course.
A trois de front, ils dévalaient la courbe en pente au grand galop, à deux sur chaque charrette, donnant de la voix et du fouet, frappant leurs petits ânes jusqu’à la démence, la galabeya gonflée par la vitesse.
En bas, les ombres des bookmakers et des parieurs attendaient les vainqueurs.
Dans la nuit brillaient les dents blanches des jockeys et les étincelles que les fers arrachaient au goudron.
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Le chauffeur de taxi de Bucarest est un dément. Il roule à fond dans les nids-de-poule, sa Dacia hurle de toutes ses tôles, il zigzague entre les camions et les voitures, vise les piétons qui s'enfuient.
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Le samedi 11 avril, à vingt-et-une heures trente, les cent familles de Botija qui possèdent à la fois l'électricité et la télévision, regardent le deux cent vingt-deuxième épisode de Dallas en V.O. sous-titrée. Dans la Haute-Loire, on regarde la même chose ou presque, mais doublée. Dans les deux cas, la télévision est une grande fabrique de silence.
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