Les légendes, comme les amours, gagnent à garder leur mystère !
On accueillit en amis, chez nous, ces chevaleresques aventuriers qui, au milieu du dur moyen-âge, nous apportaient, vêtus de soie, la grâce et les arts d'Orient. Quand les Arabes vaincus se réembarquèrent, la Provence entière pleura comme pleurait Blanche de Simiane au départ de son bel émir.
SONNET D'AVRIL
Aux petites villas parisiennes, vers
Les cimes de Meudon et les plages d'Asnières
Sous le souffle attendu des brises printanières
Quelques volets se sont discrètement rouverts.
Par les sentiers poudrés de bourgeons verts,
Et dont la feuille morte a comblé les ornières,
Nous irons oubliant les tristesses dernières,
Nous aimer comme on fait après tous les hivers.
Cette heure de bonheur nous sera pardonnée ;
Aimons-nous en un jour pour toute une année,
Puis, quand viendra le soir et si nous sommes las,
- À côté du péril, la paix semblant plus douce -
Nous pourrons tous les deux nous asseoir dans la mousse
Pour regarder Paris à travers les lilas.
LA CIGALE
L’air est si chaud que la cigale,
La pauvre cigale frugale
Qui se régale de chansons,
Ne fait plus entendre les sons
De sa chansonnette inégale ;
Et, rêvant qu’elle agite encor
Ses petits tambourins de fée,
Sur l’écorce des pins, chauffée,
Où pleure une résine d’or,
Ivre de soleil elle dort.
Ris, ne te gène point, ami très cher, ô philosophe !
Je te vois d’ici lisant ces lignes au fond du fastueux cabinet encombré de la dépouille des âges où, parmi les tableaux anciens, les émaux, les tapisseries, pareil à un Faust qui serait bibelotier, tu passes au creuset de la science moderne ce que l’humanité gardait encore de mystères, et uses tes jours, poussé par je ne sais quel contradictoire et douloureux besoin de vérité, à réduire en vaine fumée les illusions de ce passé dont le reflet pourtant reste ta seule joie ; je le vois d’ici, et je devine la compatissante ironie qui, durant une minute, va éclairer ton numismatique profil.
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[...] Depuis deux jours, le vent des fleurs soufflait, la tiède brise qui fait éclore les fleurs et les marie, et dans la plaine, sur les coteaux, à part la verdure joyeuse des jeunes blés, toute la campagne était blanche. L'air sentait bon, les arbres pliaient sous des flocons de neige embaumée, les pétales effeuillés tourbillonnaient partout dans les parfums et la lumière, ainsi que des vols de papillons blancs ; et pour cadre à cette joie, à ces blancheurs, les grandes Alpes, déjà revêtues des chaudes vapeurs de la belle saison, mais encore couronnées de neige, se dressaient dans le lointain, blanches et bleues comme les vagues de la Méditerranée quand elles secouent leur écume au soleil un lendemain de tempête. [...]
De plus, je ne puis m’empêcher, de rire lorsque je songe à la déconvenue de bonhomme Anseaume arrivant le matin au bastidon et ne trouvant plus ni le jambon ni les bouteilles
"Les Atlantes étaient naïvement et immémoriablement heureux. Ils n'avaient aucun besoin de connaître le secret de Poilichinelle. Mais tous les peuples se ressemblent : la curiosité l'emporta."
(Extrait du conte "Le Secret de Polichinelle")
VERANET : Alors, soit ! Pleuvent les caresses,
Pleuve le vin ! J'ai soif. J'aime. Buvons toujours,
Aimons toujours ; mêlons vin vieux, jeunes amours,
Quoique en disent les gens, quoique Fanette en dise,
Toute ivresse a du bon qui vous emparadise !"
BRISEÏS : Ah ! grands Dieux ! Que dirait la Grèce ?
Vite, vite, relevez-vous
Et puis essuyez de peur qu'il n'y paraisse,
Cette poussière à vos genoux.
Un sage !
ARISTOTE : Hélas ! l'amour rend les plus sages fous.