AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Patrick Leigh Fermor (48)


Le patron me fit signe d’attendre, produisit deux petits verres, les remplit d’un liquide transparent issu d’une longue bouteille en grès. Nous trinquâmes ; il vida le sien d’un coup et je l’imitai. Les oreilles pleine de ses souhaits de bon voyage et l’estomac brûlé par le bols, la main broyée par sa poignée d’adieu, je me mis en chemin.
Commenter  J’apprécie          20
Tandis que nous parcourions les rues pavées, un murmure de saluts montait des tables des cafés et formait un choeur calme, amical et plein de sympathie
Commenter  J’apprécie          20
Ces hommes vivaient comme si chaque jour était le dernier, en paix avec le monde, absous, fortifiés par les sacrements, prêts à tout moment à cesser d'être dans la nuit, sans douleur.
Commenter  J’apprécie          10
Pastillées de coquelicots, les vagues vertes et mordorées des champs de blé se décolorèrent. Le soleil rouge parut tomber sur l'une des extrémités d'une balance à l'horizon et relever simultanément une lune orange de l'autre côté. À deux jours de sa plénitude, elle s'éleva derrière un bois, perdant rapidement ses couleurs au cours de son ascension, jusqu'à ce que le blé ressemble à une mer de métal, hérissée au crépuscule.
Commenter  J’apprécie          10
Les millions d'aiguilles de pin qui filtraient les rayons du soleil jonchaient le sentier d'une merveilleuse lueur intermittente. Une pellicule glacée grinçait sous les branches et j'arpentais ces bois scintillants comme un Huron.
Commenter  J’apprécie          10
Mais, dès que pointait une ferme ou un village, j’entrais dans le monde de Pierre Brueghel. Les flocons blancs tombant le long du Waal – ou du Rhin, du Neckar ou du Danube – les pignons à redents et les toits pleins de neige, tout cela lui appartenait. Les stalactites aussi, et la neige piétinée, les bûches empilées sur les traîneaux et les paysans courbés sous la ramée. Quand les enfants, avec leurs cagoules et leurs cartables, quittaient en trombe la salle de classe dans un cliquetis de sabots miniatures, je savais par avance qu’ils ne tarderaient pas à se frapper les bras l’un contre l’autre pour se réchauffer, à souffler sur les mitaines et à dégager un espace pour fouetter leur toupie ou bien qu’ils dévaleraient un sentier pour patiner sur le ruisseau le plus proche ; et tout le monde, enfants, adultes, bétail et chiens, marchait dans le sillage de son haleine brumeuse.
Commenter  J’apprécie          10
Me souvenant du conseil que le maire de Bruchsal m’avait donné, je m’étais enquis du Bürgermeister dès mon arrivée dans ce petit village. Je l’avais trouvé dans le Gemeindeamt où il m’avait rempli un petit formulaire. Je le présentai à l’auberge : il me donnait droit à un dîner, une chope de bière, un lit pour la nuit, du pain et un bol de café au matin ; tout cela aux frais de la paroisse. Cela me paraît incroyable aujourd’hui mais c’est bien ainsi que les choses se passaient, sans qu’il y eût d’ailleurs la moindre honte à profiter de ces avantages ; on avait toujours droit à un accueil amical. Je ne sais plus très bien combien de fois je me servis de cette coutume généreuse et apparemment fort ancienne. Elle avait cours dans l’Allemagne et l’Autriche tout entières, survivance, peut-être, de quelque antique aumône faite aux vagants et aux pèlerins désormais étendue à tous les voyageurs pauvres.
Commenter  J’apprécie          10
Et les Crétois? Ces pages ont compté plus que des allusions à leur gentillesse, leur générosité et à cet aspect de la vie crétoise qui confère soudain tant de portée à l'expression "fraternité d'armes"; il y avait bien des raisons pour regretter de déserter, fût-ce pour une absence aussi brève que celle que j'envisageais, la bataille qui se préparait; non que je fusse indispensable, loin de là; mais cette lutte avait quelque chose d'enivrant et mille liens d'amitié nous y avaient impliqués au cours des dernières années, à tel point que les différences nationales importaient peu.
Commenter  J’apprécie          10
Patrick Leigh Fermor
C'est seulement dans le Magne profond, le Mesa Mani, au sud d'Aréopolis, que vous trouverez de vrais Maniotes. Ils sont vraiment différents. Dignes, grands, beaux, hospitaliers, patriotes, intelligents, modestes...
- Ainsi vous n'êtes pas de Kampos?
- Dieu m'en préserve!
- Eh bien, d'où venez-vous?
- Du Magne profond.
Commenter  J’apprécie          10
Il sortit un mouchoir bleu et propre dans lequel étaient enveloppées quelques prunes et quelques reines-claudes. Après les avoir pelées soigneusement avec son canif, il les mit à tremper dans des verres de résiné puis nous les offrit fichées au bout d'une fourchette. Il y a des moments en Grèce où l'on pourrait croire qu'il est possible de vivre, tel le prophète Elie ravitaillé par les corbeaux, sans avoir à se préoccuper de la nourriture.
Commenter  J’apprécie          10
Au cours d'une accalmie dans la poursuite, nous nous éveillâmes au moment précis où l'aurore brillante frappait la crête du mont Ida. Nous l'arpentions, dans la neige et la pluie, depuis deux jours; Les yeux fixés sur ce sommet étincelant de l'autre côté de la vallée, le général murmura pour lui-même:

Vides ut alta stet nive candidum

Soracte...

(une ode d'Horace)

C'était l'une de celles que je connaissais!Je poursuivis les vers où il s'était interrompu:

... nec jam sustineant onus

Silvae laborantes, geluque

Flumina constiterint acuto

(...)

Les yeux bleus du général s'étaient détournés du sommet de la montagne pour se poser sur les miens. (...) C'était très étrange; comme si, pour un long moment, la guerre avait cessé d'exister. Nous avions tous deux bu aux même sources longtemps auparavant; et tout fut différent entre nous pendant les heures et les jours qui nous restaient à passer ensemble."
Commenter  J’apprécie          10
Tout sentiment de durée s’était évanoui, et c’est seulement aujourd’hui, un demi-siècle trop tard que j’éprouve des remords soudains et rétrospectifs
Commenter  J’apprécie          10
la manière dont les hongrois entendaient l’hospitalité tenait du miracle à répétition
Commenter  J’apprécie          10
La barrière était peinte en noir, blanc et rouge, et je discernai bientôt le drapeau écarlate avec son disque blanc et sa croix gammée.
Commenter  J’apprécie          10
Il y a res peu de gens dans les environs,observa yorgo.elles sont sauvages timides et peu habitués à parler. Il montra le ciel du doigt .la gorge se refermant sur nous .
Elles ne voient personne d'autres que Dieu .
Commenter  J’apprécie          00
La mort est ici une réalité physique inévitable et brutale. On est loin des cercueils hermétiquement clos d'Europe occidentale, des morts embaumés et fardés d'Amérique du Nord. Chaque enfant grec a entendu à de nombreuses reprises, le râle angoissant du mourant et a vu les joues ratatinées, la mâchoire tombante et les paupières closes de ses aînés. On laisse le cercueil ouvert jusqu'au dernier moment et on ne le descend dans la fosse qu'après que chacun a embrassé le mort sur les joues, en signe d'adieu. L'odeur des morts, la sensation que l'on éprouve en les touchant sont connues de tous. Et nul n'ignore les effets de la décomposition puisque, trois années après l'enterrement, on déterre cérémonieusement les ossements pour les mêler à ceux de la famille. Par deux fois, en Crète et en Argolide, j'ai moi-même vu le crâne nu de deux vieux amis.
Commenter  J’apprécie          00
Ces bâtisses paraissaient trop décrépites pour être habitables. Cependant, à la tombée du jour, une vague lueur pointait aux minuscules fenêtres envahies par le lierre. Qui vivait dans ces pièces pavées où le soleil n’entrait jamais ? Emmuré dans ces parois épaisses de six pieds, submergées au-dehors par le lierre et à l’intérieur par des arbres généalogiques piqués d’humidité ? Je me représentais aussitôt des silhouettes solitaires… une veuve, descendant d’une dame de compagnie à la cour de Charlemagne, seule avec le Sacré-Cœur et un chapelet, ou une famille de barons au teint cireux, dégénérés par d’imprudents mariages consanguins ; des célibataires à moustache de phoque, pliés en deux par les rhumatismes, grelottant d’une pièce à l’autre et qui toussaient au milieu de leurs chiens ou se hélaient d’une voix blanche dans des couloirs noirs comme des fours.
Commenter  J’apprécie          00
Quand je remarquai qu’il devait parfois se trouver à l’étroit dans un décor aussi envahissant, il éclata de rire et s’assit sur son lit :
« Mensch! Tu aurais vu comment c’était l’année dernière ! Tu aurais bien ri ! C’étaient partout des drapeaux rouges, des étoiles, des faucilles et des marteaux, des photos de Lénine et de Staline ou des affiches “Travailleurs du monde, unissez-vous !”. À l’époque, je tombais à bras raccourcis sur quiconque chantait le Horst Wessel Lied ! Ce n’était que Drapeau rouge et Internationale, à ce moment-là ! Je n’étais pas seulement un Sozi mais un Kommi, ein echter Bolschewik ! (Il salua, bras tendu en fermant le poing.) Tu m’aurais vu ! Combats de rues ! Nous tabassions les nazis et ils nous en faisaient tout autant. Nous mourions de rire – Man hat sich totgelacht. Et tout à coup, quand Hitler est venu au pouvoir, j’ai compris que ce n’étaient que stupidités et mensonges. Je me suis rendu compte qu’Adolf était l’homme qu’il me fallait. D’un seul coup ! (Il claqua des doigts.) Et me voici ! »
Et quant à ses anciens copains ? m’enquis-je.
« Eux aussi ont changé ! Tous ces gars qu’on a vus au bar. Chacun d’eux ! Ils font tous partie des SA, à présent. »
Les gens avaient-ils été nombreux à les imiter ? Nombreux ? Ses yeux s’écarquillèrent.
« Des millions nous ont imités ! J’ai été sidéré de la vitesse à laquelle ils ont changé de bord ! »
Commenter  J’apprécie          00
Mes camarades issus de boîtes à bachotage étaient de jeunes chiots qui n’avaient qu’un an de plus que moi, au maximum ; leur départ prématuré de l’école avait été provoqué par de mauvais résultats plutôt que par la dissipation. C’étaient des garçons aux grands yeux, aux joues roses, tout innocents et bien peignés ; des chrysalides de cornette ou d’enseigne, révisant péniblement leurs examens et désireux de posséder sur le bout des doigts les coutumes de leurs futurs régiments. Aux pantalons de flanelle, ils préféraient de vrais costumes et des cravates qui étaient de véritables autobiographies nouées dans de hauts cols durs. Lock les fournissait en chapeaux melons jusqu’aux courses de Goodwood. Brigg ou Swaine and Adeney leur conféraient des parapluies en guise d’épées que nulle averse n’ouvrirait jamais et – comme je les enviais ! – Lobb, Peel and Maxwell, sur les comptes de leurs pères, les chaussaient de chaussures luisantes et polies au tibia de cerf. Fronçant les sourcils, ils prenaient grand soin de ne porter aucun paquet à Londres, de tirer sur des cigarettes turques ou égyptiennes au lieu de puantes cibiches – quand bien même ils n’avaient aucune envie de fumer – et d’éviter l’emploi de tout mot ou expression figurant sur la liste noire traditionnelle du régiment. Il leur arrivait de parler avec sincérité, mais seulement quand il s’agissait de faiseurs de culottes de cheval, d’armuriers, de selliers, de coiffeurs et de leurs produits cosmétiques, ou des avantages respectifs, dans la soirée, des œillets et des gardénias.
Commenter  J’apprécie          00
"Soudain, la femme du tenancier rompit le silence :
- Qu'est-ce que vous écrivez ? demanda-t-elle à Joan.
- Une lettre pour l'Angleterre.
- Alors dites-leur, à Londres, que vous êtes dans le Magne, un endroit très chaud où il n'y a rien d'autre que des pierres.
- C'est précisément ce que je suis en train d'écrire."
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Patrick Leigh Fermor (144)Voir plus

Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5329 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur cet auteur

{* *}