Denise Déjean 4
une table ronde animée par Aline Pailler journaliste à France-Culture au cours de laquelle Denise Déjean a présenté son nouveau roman aux côtés d?Olivier de Marliave et d?Alain Leygonie.
Lorsque l'agonie d'un mourant se révélait longue et difficile, la famille procédait sans aucune mauvaise conscience à des rites destinés à abréger et faciliter le passage vers l'Au-delà. ces rites se basaient à la fois sur la magie imitative et sur la certitude de la matérialité de l'âme. Pour laisser passer celle-ci hors de la maison, on ouvrait une porte ou une fenêtre en Ariège et dans le pays de Sault. En Euskadi et en Béarn, lorsque la mort tardait, les parents et les voisins estimaient que l'âme du mourant était trop chargée de péchés, alors le chef de famille enlevait une tuile du toit pour inciter celle-ci à prendre son envol!
Les ours étaient les fauves les plus nombreux et les plus facilement accessibles en France, encore au XVIème siècle, à côté du gibier des chasses à courre.
Quelle que fût l'époque, l'histoire des hommes et des ours s'est déroulée, durant des millénaires, en termes de conflits sur des territoires communs.
Une guerre de l'ours a bien eu lieu. Nous verrons que le mot n'est pas trop fort. Durant tout le XIXème siècle, de véritables troupes organisées se sont déployées en battues, alors que des chasseurs individuels commençaient à se montrer encore plus meurtriers et que se répandait partout la sournoise pratique de l'empoisonnement.
Un braconnier pouvait plus facilement tirer sur un ours anonyme, dans les années 1970 et 80, qu'abattre des animaux surnommés Camille, Chocolat, Canelle ou Pyren. Le choix de ces prénoms, par des écoliers de la vallée d'Aspe, devait permettre de lier la jeune génération à l'avenir des plantigrades.
L'homme a eu un allié de poids pour défendre ses troupeaux contre l'ours : le patou. Ce gros chien de protection, et non de garde, a veillé depuis longtemps sur plus d'un troupeau dans les Pyrénées, et bien au-delà.