Sur une photographie datant du milieu des années trente, on reconnaît la duchesse participant à une soirée organisée par la NS-Frauenschaft à Primkenau. Or, il s'agit d'une organisation nazie, une sorte d'instrument de propagande qui apprend aux jeunes femmes à être "braves, allemandes et pures", c'est-à-dire à obéir à leur mari et à respecter la règle de vie des 3 K (Kinder, Küche, Kirche).
traduction : (Enfant, Cuisine, Église).
Lorsqu'il prend possession du Palais, Josias y découvre l'impressionnante collection d'ouvrages et d'objets pornographiques du prince Philippe. Très pieux, il fait tout détruire !
Losqu'il est au domaine, il séjourne au Schlosshotel. Lors d'une de ses visites, en 1931 ou 1932, Peterson découvre un véritable trésor dans une caisse conservée dans le grenier du château. Il s'agit d'une dizaine de lettres du conteur Hans Christian Andersen adressées à la duchesse Louise Sophie de Schleswig-Holstein, grand-mère de Günther, ainsi que de seize manuscrits de poèmes, de vers et d'épigrammes dont quelques-uns dédiés aux tantes de Günther. C'était lors d'un séjour chez la duchesse Louise Sophie, au château de Gravenstein, en novembre 1845, que Andersen avait rédigé le célèbre conte de la Petite fille aux allumettes.
En novembre 1929, le New York Times écrit alors : "La bataille juridique interminable menace de devenir un scandale international : aujourd'hui, l'avocat du prince Cyrille a exigé la mise sous séquestre des meubles, des tableaux et des objets d'art (...) se trouvant dans le palais de Budapest du Prince Josias, comme garantie de paiement.
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Toujours selon le quotidien américain, l'archiduc Joseph, cousin de Dora, qui réside dans la capitale hongroise, ferait office de médiateur pour un litige qui aurait coûté "une perte considérable de prestige à la famille, par ce lavage de linge sale devant les tribunaux.
Les ducs de Holstein possédaient un grande collection d'œuvres d'art et Dora en avait hérité : meubles anciens rares, tapisseries, objets orientaux et peintures. Ces œuvres ornent les pièces du château de Prinkenau, et des objets provenant des domaines d'Augustenburg, de Sonderburg et de Gravenstein s'y sont encore ajoutés. (...)
Tous ces objets vont disparaître les uns après les autres. Une parente des Holstein nous confie : « Il y avait de beaux objets qui disparurent au fil des années, dont une peinture de Rembrandt van Rijn. » Dora ne peut se résoudre à liquider son portrait et celui de Günther, œuvres réalisées au début du siècle par le peintre Otto von Krunhaar. Elle garde aussi des souvenirs personnels précieux, tel que le voile de dentelles de Bruxelles que portait sa mère lors de ses noces... A qui ont réellement profité toutes ce ventes ? La famille Holstein pointe encore ici du doigt le couple Hübner-von Sass : « Il semble que ce fut ce couple qui avait tout volé, car, après la guerre, Marie-Louise (la fille adoptive de Dora) apprit que des œuvres de Prinkenau furent vendues en Amérique du Sud où, apparemment, ce couple s'était établi à un moment donné. »
950 - [p. 191-192]
En plus de la gouvernante munichoise Wally Kolb, la princesse Féodora, (...) est là.... Personnalité originale, sensible et intellectuelle, cette femme de vingt-quatre ans un tempérament d'artiste. Influencée par l'impressionnisme, elle peint et trouve son inspiration dans les paysages nordiques allemands. Elle écrit des poèmes et côtoie quantité d'écrivains, notamment Adolf Bartels, un Allemand ultranationaliste originaire du Schleswig-Holstein, plus tard reconnu comme un inspirateur du national-socialisme antisémite. En outre, la princesse chante à ravir, et comme elle fait partie du cercle des intimes de la famille du compositeur Richard Wagner, elle se rend souvent à Bayreuth. Autant dire qu'elle n'a pas grand-chose en commun avec la jeune princesse de Saxe-Cobourg. Tous espèrent que Féo parviendra à faire sortir Dora de son ignorance.
905 - [p. 52]
A la fin de l'année 1912, on évoque déjà en Allemagne une possibilité de conflit général. Pour le Kaiser et des membres de son état-major, la guerre est devenue inévitable et le plus tôt sera le mieux. Guillaume II perçoit la France comme un véritable danger, qui contrecarre le Reich dans tous les domaines et qui rêve de venger la défaite cuisante de 1870. Il voudrait une guerre préventive. La crise de l'été 1914 lui en donne l'occasion. Le 28 juin, l'archiduc héritier Franz Ferdinand d'Autriche est assassiné avec son épouse dans la ville de Sarajevo en Bosnie, récemment annexée par l'Autriche. L'attentat a été commis par la Main Noire, un groupe nationaliste serbe. Après un ultimatum refusé, le vieil empereur François-Joseph décide avec son gouvernement de déclarer la guerre à la Serbie, voulant mettre un terme aux mouvements nationalistes dans la région. Etant leurs alliés, les dirigeants allemands promettent aux Viennois leur soutien total dans un conflit qui, ils le savent tous, aura bien du mal à demeurer localisé. Les militaires allemands poussent à la guerre, pensant que les alliés de la Serbie, la France et la Russie, ne sont pas capables de leur opposer des forces suffisantes.
911 - [p. 110-111]
De Dora et de ses idées en la matière (l'antisémitisme), nous ne pouvons dire que peu de choses. Elle avait quitté très jeune le monde viennois pour suivre son époux en Allemagne. Or, les sentiments antisémites qui régnaient à la Cour des Hohenzollern étaient bien plus virulents que chez les Habsbourg. Guillaume II n'a jamais caché sa haine des juifs. Ce sentiments était fondé sur le mythe de la race pure germanique et entretenu par ses relations avec Houston Stewart Chamberlain, adepte des théories raciales qu'il développe dans ses « Fondements du XXe siècle », édités en 1899. Cependant, il sera indigné des pogroms orchestrés par Hitler au cours de la sinistre Nuit de Cristal en novembre 1938, déclarant « Pour la première fois, j'ai honte d'être allemand ».
991 - [p. 221]
Bientôt, une vingtaine de prisonniers de guerre français rejoignent le domaine (Primkenau), détachés d'un camp tout proche. Hébergés dans les caves du Neues Schloss, dont les fenêtres sont grillagées, ils s'occupent de l'entretien des écuries et de travaux dans les vergers et les forêts. Gustav Heider leur accorde une certaine liberté. Ils préparent leurs repas eux-mêmes et reçoivent des bons de rationnement qu'ils peuvent échanger dans certains magasins contre des produits.
1074 - [p. 258-259]
... Dora a demandé l'assistance du parti nazi dans (un) litige qui l'oppose à son propre cousin. Que ce soit elle-même qui ait pris cette initiative ou que ce soit sur les conseils de ses hommes de confiance, Hübner et Anders, elle s'est compromise d'une manière incroyable avec le régime hitlérien. On est loin de l'image, décrite par ses proches, d'une femme qui se tenait en dehors de la politique et qui n'avait pas de contacts avec les autorités du Reich !
1021 - [p. 246]