Citations de Nicole Calfan (12)
Au port de l'horloge, la tempête s'essouffle sur La Rochelle. Le quartier de la chaîne en a pris un coup dès 5 heures du matin et les mareyeurs déchargent sur les étals les huîtres, les bigorneaux, les araignées, les fines de claire et tous les fruits d'une mer démontée.
Le poisson en marbre sculpté a repris son chant et ses murmures, il déverse sa mélancolie mélodieuse du côté du grand bain.
C'est toi ma mémoire ! lui a-t-il dit en refermant la lettre. Comment as-tu fais ? Tu m'as bouleversé
Tu leur donnes le vertige, toi l’indompté, toi l’insoumis, là-haut, sur ton fil de voltige.
Tu les toises.
Tu les attends.
Au-dessus du grand chapiteau de la vie, tu fais un écart. Et la foule fait « Oh!». Elle retient son souffle.
Qu’ils entrent en scène, les nouveaux metteurs en scène. Les inspirés, les talentueux. Les créateurs.
Tu n’es vraiment heureux qu’entre les mots « Moteur ! » et « Coupez!».
Tu te plais à la solitude, sans te forcer.
Tu le dis d’ailleurs: « Lorsque je me sens mal,lorsque je dors. Ou lorsque je travaille. Je suis devenue une joyeuse dépressive. Alors, je me dis que je suis peut-être devenue une artiste à part entière?
Mais Delon l’éclatant fait de l’ombre à Delon.
Et puis la vulgarité, la bêtise, la couardise lui font mal aux yeux. Aveugle, il ne saurait l’être. La médiocrité lui saute aux yeux. Le manque de parole lui donne mal à la tête. Il préfère porter un masque. Cela aide à créer la distance. À la tenir.
Zorro, il voit bien au travers de son loup noir.
Être Zorro au cinéma, pour plaire à son fils, Anthony. Tu en as gardé le masque. Au cas où…
Alain Delon le Magnifique est un unijambiste de génie, masqué, en équilibre sur un fil. Les jeunes metteurs en scène en ont peur. Tu leur donnes le vertige. Tes personnages les hantent. Depuis 1957, en fin stratège, tu nous enchantes.
Tout le monde est seul et tout le monde s’en fout.
Question de survie.
Si l’on prend la place de l’autre avec toute cette solitude, on se meurt. On s’écroule sous le poids de la souffrance.
Moi, j’irais bien chaque jour, au feu, sauver les gens que j’aime, mais comment en revenir?
« Les expériences de la vie sont incommunicables et c’est ce qui cause la solitude. » Virginia Woolf.
Sais-tu qu’un nouveau voisin vient de s’installer et que j’imagine sa vie? Il me tient compagnie sans le savoir, le nouveau monsieur d’en face.
Je calque mes programmes de télévision sur les siens, que j’aperçois à travers sa baie vitrée. Son écran plasma est gigantesque. C’est facile d’y jeter un œil, à la dérobée. Ce n’est pas du voyeurisme, juste un peu de partage.
Les hommes vieillissent toujours mal quand ils restent jeunes !
Avec Gilles, on se sent princesse, lorsqu’au bout du monde il nous entraîne, nous, ses amies les actrices, dans les tourbillons de ses festivals internationaux. Pour et grâce à Unifrance Films, on voyage à travers le monde. On prend des avions, on parcourt des kilomètres, on boit du champagne, on échange nos téléphones avec des metteurs en scène, des acteurs étrangers. On voit des films qu’on n’aurait jamais pu voir. On court les ambassades et les projections. Gilles a le goût de notre bonheur. Il nous exporte avec sa culture cinématographique. Nous sommes ses œuvres d’art! Il demeure notre ami, exquis et toujours fidèle, attentif à nos confidences.
La fiction se mélange à la réalité. Les mafieux sont là pour t’aider au bon déroulement du tournage.
J’éprouve davantage d’excitation que de trac, plus de bonheur que d’appréhension. C’est un sentiment unique, qu’il m’arrive d’éprouver certains soirs, lorsque je joue au théâtre.
Plus de bien que de mal. Plus de joie que de peur.
Allez savoir pourquoi. Le trac est tellement imprévisible… Porteur ou destructeur.
Delon me fait le cadeau d’une œillade outremer et Belmondo d’un sourire franchement ironique.
J’ai des ailes.
La curiosité peut provoquer du désir, une de ces libidos qui vous chatouille sur votre siège, devant une table dressée. Elle en gémirait presque, la pauvre.