[HISTOIRE] LA CHRONIQUE DE GERARD COLLARD - A LA DROITE D'HITLER
J'avais entendu dire aussi, lors de remarques occasionnelles parmi ses intimes, que depuis l'entrée en Autriche, le 12 mars, il était resté pendant quatre semaines sous l'impression des foules qui l'acclamaient. Cela le persuadait qu'il tenait son mandat du peuple et fit qu'il se sentit obligé de ne pas laisser faiblir son engagement pour le bien-être du peuple allemand et du Reich. Une autre conséquence fut désormais sa conviction qu'il n'y avait personne d'autre que lui en Allemagne, maintenant et dans un avenir immédiat pour résoudre les problèmes posés au pays. Il se laissa alors emporter par cette conviction d'une mission à accomplir et commença à perdre pied par rapport à la réalité.
Nous autres aviateurs étions en confiance avec Göring, qui était l'un des nôtres. Le Führer était lointain et inaccessible. C'était dans cet état d'esprit que j'avais pris mon service auprès de lui, mais à présent -six mois plus tard- la situation s'était inversée. Plus je connaissais Göring plus je prenais mes distances avec lui. A l'occasion de son anniversaire, sa propension au déploiement de faste contrastait avec la simplicité du Führer dont la réserve presque discrète détonnait particulièrement dans ce contexte. Cette modestie me convenait. La prétention pompeuse de Göring était laide et même inconvenante. Hitler faisait mine de ne rien remarquer mais il partageait pourtant cette opinion.
Il prévoyait que le Russe se battrait avec vigueur et opposerait une farouche résistance: "Nous devons compter sur de fortes attaques aériennes et nous en protéger par une habile défense. Notre aviation obtiendra assurément des succès rapides, facilitant ainsi l'avancée des unités du Reich. Les plus durs combats seront surmontés au bout d'environ six semaines. Mais il faut que chaque sache de quoi il s'agit. Ce n'est pas la terre que nous voulons annexer : c'est le bolchevisme qui doit être détruit."
p.347
Les derniers jours (et les dernières heures) avant un des discours les plus importants du Führer une ambiance particulière régnait dans sa résidence: tous les rendez-vous furent annulés; Hitler n'était présent qu'irrégulièrement aux repas, et restait presque exclusivement dans son cabinet de travail. Une machine à écrire y avait été installée et le Führer dictait directement le discours à deux secrétaires alternativement, puis commençait la correction après la dictée de quelques pages. Le brouillon était ensuite redactylographié dans le bureau et présenté à Hitler. Il arrivait que des parties d'un discours dussent être réécrites deux et même trois fois. Entre temps, un aide de camp devait être disponible en permanence pour fournir les documents ou le matériel statistique nécessaire.
Pour moi, il était hors de doute que le déclenchement de cette guerre avait pour cause primordiale la résolution prise par Hitler de combattre le bolchevisme.
p.251
Il s’enquit de ma santé et me serra cordialement la main.