Le 17 mars 2020, les premières restrictions gouvernementales tombaient sur le pays pour ralentir la propagation du coronavirus. Quatre ans après, l'heure est au bilan.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit :
Nicolas Mariot, historien, sociologue et directeur de recherche au Centre européen de sociologie et de science politique (CNRS, EHESS et université Paris 1-Panthéon Sorbonne).
Alexandra Delbot, productrice de l'émission "Avec sciences" sur France Culture.
Jean-Philippe Grivois, spécialiste en médecine interne, ancien chef de clinique en maladies infectieuses et praticien attaché au service de maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris).
Visuel de la vignette : Martin Bureau / AFP
#gouvernement #covid19 #confinement
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Là où la “violence physique légitime“ est la panacée des gouvernants, l'enfermement s'est naturellement imposé comme politique de santé publique.
Les formes locales de mesures prises, leur intensité, ont toujours tendance à refléter des styles d’engagement de l’État et des manières de faire propre aux traditions nationales. En France par exemple, penser l'état d'urgence sanitaire comme prolongement de l'état d'urgence antiterroriste en place de novembre 2015 à novembre 2017 (et des politiques de gestion de l'ordre public déployées dans ce cadre) n'est pas inutile pour comprendre les modalités, juridiques et pratiques, de mise en œuvre du confinement.
1. Mai 1995. Jacques Chirac est élu président : une foule enthousiaste s'approprie le bas des Champs-Elysées. Au peuple de gauche rassemblé place de la Bastille le 10 mai 1981, celui de droite peut enfin rendre la monnaie de sa pièce. La victorieuse célébration est organisée place de la Concorde, choisie pour susciter l'évocation, chez tous nos meilleurs spécialistes, des épisodes les plus emblématiques sinon de l'histoire de France récente, au moins de la trajectoire gaullienne (au premier rang desquels la descente d'août 1944 et la remontée du 30 juin 1968).
12 juillet 1998. La France gagne, «chez elle» et «en banlieue», sa première coupe du monde de football. La «plus belle avenue du monde» est de nouveau envahie : l'événement suscite une étonnante célébration médiatique et politique achevant de constituer «l'épopée des Bleus» en symbole d'une France «black-blanc-beur». La leçon est là : «l'intégration républicaine» que l'on disait si mal en point s'est pourtant offerte aux yeux de tous à l'occasion d'un triomphe élyséen aussi bon enfant que multiculturel. Le Nouvel Observateur titre : «Nous nous sommes tant aimés».
21 avril 2001. La France gagne toujours, dans l'emblématique Stade de France, contre l'Algérie. Las, la Marseillaise est cette fois sifflée et des drapeaux algériens envahissent le terrain. L'événement suscite un déploiement de prises de parole presque aussi spectaculaire que lors de la victoire de 1998 : questions à l'Assemblée, éditoriaux, reportages, dissertations sur le refoulé algérien, etc. Le Nouvel Observateur titre : «Où vont les Beurs ?».
5 mai 2002. Jacques Chirac est réélu. Plus de Concorde, toute la République. Pourtant la place ne ressemble en rien à ce qu'étaient les fontaines concordataires sept ans plus tôt : les images télévisées montrent une foule manifestement plus bellevilloise que Bon Marché, qui plus est piquée de drapeaux algériens, marocains ou palestiniens. En outre, depuis plusieurs semaines, on avait beaucoup parlé des crachats lancés sur le chef de l'Etat par des «jeunes de banlieues». Est-ce la raison pour laquelle les commentateurs de la soirée électorale restèrent longtemps silencieux avant de se résoudre, comme à regret, à émettre de bien timides exégèses des images qui leur parvenaient ?
Nicolas Mariot fait un excellent travail d'histoirien en s'interrogeant sur le mythe de l'union sacrée et surtout sur la façon dont le peuple français, au-delà de toutes considérations d'origines et de classes sociales, se serait retrouvé, reconnu dans les tranchées, prolongeant par cette levée en masse, l'union républicaine et nationale.
En fait les choses ont été plus difficiles, les intellectuels, dont l'historien analyse avec une méthode inattaquable les écrits du front, sont assez rapidement déçus par la fréquentation du peuple, et, à part quelques exceptions, n'auront de cesse de faire valoir leur creuset social et culturel pour monter en grade et revenir à l'arrière.
Au moment de la multiplication des commémorations, ce livre, érudit mais accessible, permet de mieux comprendre la complexité de ce qui s'est passé entre 1914 et 1918 et d'appréhender aussi les évolutions politiques du XXe siècle.
Si vous vous demandiez où passer la prochaine pandémie, n'hésitez pas un instant, allez au Danemark ou au Japon. N'allez pas au Pérou ou en Espagne, ne restez pas en France et évitez les maisons de retraite.